Bénin : les responsables syndicaux du port dénoncent les écrits de certains journaux

Suite à la livraison du mardi 28 Novembre 2017 de plusieurs journaux généralement qualifiés par certains de quotidiens au service du pouvoir, les syndicats du port autonome de Cotonou ont animé hier une conférence de presse dans les locaux du port pour éclairer l’opinion nationale sur leur position par rapport à la volonté du chef de l’État  de privatiser la plateforme portuaire (la faire gérer par un privé – ndlr).

Selon le porte-parole du collectif des syndicats du port autonome de Cotonou, il n’a jamais été convenu avec le chef de l’État de la nomination d’un mandataire ou d’un délégataire pour gérer le port, comme plusieurs journaux se sont amusés à le publier hier.

À l’en croire, l’option du chef de l’État de privatiser le port de Cotonou est techniquement mauvaise et contre-productive. Et les syndicats du port n’ont jamais donné leur accord comme plusieurs journaux l’ont affirmé certainement sous la directive de la direction de la communication de la présidence de la République. « …Nous rappelons que nous ne sommes pas d’accord » a martelé Urbain Kanlinsou, porte parole du collectif.

Pour le syndicaliste, l’atelier de réflexion qu’ils ont tenu du 10 au 12 Août 2017 à Bohicon a déjà définitivement réglé le problème de la nomination d’un mandataire. La position des cinq centrales syndicales à savoir; Syntrapac, Syntra-Ttp, Synatramap, Syntra-Cobenam, Syntra-Cncb est bien claire et n’a pas varié: pas de privatisation du port.

Au cours de leur conférence de presse, Urbain Kanlinsou a insisté sur l’atelier de Bohicon au cours duquel ils ont fait venir des experts maritimes pour les éclairer  davantage sur le projet du gouvernement et sur les différentes approches de gestion portuaire.

Selon les  experts, le modèle en Afrique francophone est celui des Ports autonomes qui sont des sociétés publiques. Des explications qui ont conforté les syndicalistes dans leur position. Urbain Kanlinsou d’en conclure que « le recours à un mandataire ou un délégataire pour la gestion du port de Cotonou serait inédit, dangereux et pas recommandable…Techniquement, nous allons lui démontrer (au président Patrice Talon – ndlr) que là où il va n’est pas bon ». a conclu le syndicaliste. Lire ci-dessous un extrait de la conférence de presse.

Conférence de presse du collectif des syndicats du port:

« …Il est à retenir de cette communication que le modèle dominant en Afrique Francophone est celui des Ports Autonomes qui sont des sociétés Publique: Société d’Etat avec un capital entièrement détenu par l’état doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

Ces entités accordent des concessions d’activités de manutention et de gestion des terminaux: Dans sa présentation le communicateur a également relevé les problèmes soulevés par le recours à un mandataire ou un délégataire pour la gestion du Port. Il  s’agit notamment de :

– des problèmes sémantiques et conceptuels

– des problèmes juridiques (textes nationaux et OHADA)

– le risque de bicéphalisme dans la gouvernance du Port de Autonome de Cotonou

– Le Problème de souveraineté pour un état

– Le rapport coût et efficacité pour un tel recours

– La dévalorisation de l’expertise nationale en matière de gestion d’un port

Au regard de ce qui précède et selon le communicateur le recours à un mandataire ou délégataire pour la gestion du port de Cotonou serait inédit, dangereux et n’est point recommandable.

Le recours à l’affermage n’est pas aussi recommandable selon le communicateur et n’est pas adapté à l’activité portuaire.

Suite à cet atelier de réflexion, les travailleurs du port ont senti que le gouvernement a compris les inconvénients de l’option envisagée. Grande a été notre surprise le vendredi 24 Novembre 2017 lors de la rencontre avec le chef de l’état de revenir sur un dossier déjà clôturé.

Selon le chef de l’Etat, il n’a jamais été informé des mouvements de grèves des travailleurs ni de la signature d’un protocole d’accord encore moins du séminaire de Bohicon.

Toutes les explications apportées par les travailleurs n’ont pas été du goût du chef de l’Etat qui tient coûte que coûte à introduire le privé dans la gestion du Port Autonome de Cotonou.

Néanmoins la haute Autorité a laissé entendre que la seule chose qui pourrait lui faire changer d’avis est de lui démontrer les inconvénients et la dangerosité liés à cette réforme. (le travail que nous sommes en train de faire)

A cet effet, nous tenons à informer l’opinion publique que cette décision du Chef de l’Etat viole les dispositions de l’article 485 de l’Acte uniforme du Traité de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) relatif au droit des sociétés commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique qui stipule que « le Conseil d’Administration nomme parmi ses membres ou en dehors d’eux, un Directeur Général qui doit être une personne physique …. ».

Aussi, les statuts du Port Autonome de Cotonou étant harmonisés par décret avec les textes supra cités, il serait impossible voire illicite de nommer une personne morale comme délégataire de gestion du Port Autonome de Cotonou.

Malheureusement, la cellule de communication de la présidence de la république fait croire à l’opinion publique que les travailleurs du Port Autonome de Cotonou sont acquis à ce projet de reforme dangereux pour la nation béninoise.

Les travailleurs du Port Autonome de Cotonou mobilisés au sein de leur Syndicat désapprouvent la manière dont le dossier est en train d’être géré et se tiennent prêt à réagir le moment opportun.

En tout état de cause, les travailleurs du port Autonome de Cotonou. Prennent le peuple béninois à témoin des déconvenues qu’engendreraient de telles réformes dans le secteur Portuaire. »

Urbain  KANLINSOU

Porte parole du collectif

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