Lutte contre l’impunité et la corruption au Bénin : une bataille à double vitesse ?

Le Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon a entamé, depuis quelques temps, une lutte contre ceux qui, de par le passé, ont commis des malversations dans leur gestion à la tête des sociétés étatiques. Mais le paradoxe est que  cette lutte semble être orientée uniquement vers ceux ne partageant pas les mêmes points de vue politiques et la stratégie de gouvernance du Président Talon.

La Brigade économique et financière (Bef) désormais pointée sur les anciens responsables des sociétés comme une épée. Point besoin aujourd’hui de le démontrer autrement vu les derniers développements de l’actualité concernant la poursuite ou la chasse de ces anciens directeurs généraux, directeurs généraux adjoints et responsables à divers niveau dans des sociétés où des malversations ont été constatées par les auditeurs.

On se rappelle qu’au début de la mandature Talon, son ministre de la justice, Joseph Djogbénou, au sujet de la publication des rapports d’audits, affirmait « Que le gouvernement ne se vexera pas dans une telle démarche compte tenu de la présomption d’innocence des mis en cause ».

[su_quote cite= »avait-il soutenu »]« Après les audits, le gouvernement transmettra les rapports à la justice qui saura interpeller les concerné pour les procédures judiciaires y afférentes »,[/su_quote]

Mais malheureusement, les actions de ce même gouvernement depuis un temps ne reflètent aucunement cette volonté clairement affichée ou cette vision dans laquelle devrait agir le régime en place.

Des rencontres hebdomadaires des mercredis sont devenues des tribunaux où parfois même la sentence est prononcée contre un présumé fautif dans un dossier dit de malversation. Alors qu’on avait déjà juré ne pas publier les noms des mis en cause, le conseil des ministres, vu la position politique de la personne, sort le rapport « l’accablant », étale quelques irrégularités constatées par l’audit et dévoile leurs noms dans le relevé de ce conseil des ministres.

Le cas de Laurent Mètongnon, ancien président du conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est bien illustratif. Pour ce cas, le conseil des ministres avait même prononcé presque sa culpabilité bafouant son droit à la présomption d’innocence.

Sa mise sous mandat de dépôt n’est donc que la suite logique de ce qui était ressorti de ce conseil des ministres.

Courant la même semaine, des anciens responsables de l’Onasa, directeur général, directeur général adjoint, directeur des affaires financières, le magasinier et une ancienne ministre de l’agriculture ont été devant la Bef pour leur audition.

De cette subite lutte contre l’impunité et la corruption, on n’enregistre, pour l’instant, que des responsables ne soutenant pas le pouvoir en place. Au même moment, ceux qui encensent le gouvernement Talon, qui ne font que le louanger et ne se versent que dans des actions propagandistes de ce régime sont, jusque-là, épargnés alors même qu’ils trimballeraient aussi des casseroles, voire des cadavres dans leur valise. Ils sont, selon le constat actuel, systématiquement mis de côté.

Serait-ce le prix que devrait payer le régime pour leur soutien ? Devrait-on toujours faire cette lutte sélective afin d’en découdre avec les opposants au régime Talon ? Des interrogations qui suscitent réflexions car à l’allure où vont les choses, certains de la même République seraient privilégiés alors que d’autres sont condamnés à répondre de leur forfait. Une action de salubrité pour l’assainissement  des finances publiques certes, mais que cette lutte prenne en compte tous les différents responsables peu importe leur bord politique.

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