Sylvain Akindes : « l’organisation du Ravip est particulièrement brouillonne… »

L’opération initiée et lancée par le Gouvernement, le Recensement Administratif à Vocation d’Identification de la Population est l’objet de discussions et de contestations.
Cela se limite évidemment à ceux qui sont en mesure de lire les textes, de les analyser et de devancer les intentions réelles ou supposées. Qu’il en soit ainsi est en lui-même significatif du désamour croissant qui s’est installé entre nos autorités et une bonne frange des citoyens.

Le fossé ne cesse de s’élargir à vous inquiéter, à faire craindre une fracture profonde dans notre société. C’est incontestablement le résultat du mode de gouvernance qui a cours aujourd’hui, fait de décisions et de mesures dont les motivations demeurent floues à bien de Béninois sincères. L’aveuglement peut conduire à croire et à affirmer le contraire, avec entêtement. L’aveuglement dans la défense de ses intérêts produit en effet un émoussement de la raison et de la réflexion. Contre ce mal, c’est toujours la catastrophe qui ramène à la raison.

S’agissant de l’opération RAVIP, il n’y a aucune raison pour un citoyen de refuser de se faire recenser. Ce sont en effet les autorités qui sont habilitées à décider en la matière. La désobéissance civique n’a pas de raison d’être conseillée aux Béninois dans la circonstance. Elle comporte sans nul doute des côtés positifs.

Mais entre nous, l’organisation de l’opération est particulièrement brouillonne et indigne des cadres qui en sont responsables. Lisez les affiches qui ont été placardées partout dans le pays : vous n’y trouverez aucune indication sur ce que le citoyen est appelé à faire :

  • Aucune information sur la durée du recensement ;
  • Aucune indication sur les documents dont il faut se munir ;
  • Aucune indication sur les lieux de recensement.

C’est pourtant le minimum qui devait être transmis aux populations comme informations.
A la place, rien que la propagande à la « Y-a bon banania » qui rappelle étrangement la boite de chocolat flanquée d’un Nègre avec le sourire niais, émerveillé par ce qui lui est présenté. Il n’est pas exclu que ces affiches proviennent de spécialistes à l’esprit moulé par un sentiment de domination. Les informations, nous le savons, circulent surtout lorsqu’elles sont relayées par les crieurs publics commis par les chefs de quartiers de ville et de villages.

Dans notre environnement immédiat, nous n’avons vu rien de tel. En citoyen conscient, nous avons cru indiqué de nous présenter à l’endroit où les autres recensements avaient été organisés. Rien, la porte de l’école était même fermée bien qu’on entendait les élèves piailler à l’intérieur.

La Chef de quartier appelée à la rescousse donnent les informations qui auraient dû être à la portée de la rue : l’opération commencera plus tard pour le quartier ; impossible d’avoir plus de précisions. Venons-en au débat qui s’est déroulé sur la Chaîne nationale avec le responsable technique de l’opération.

C’était malheureux de constater qu’on était incapable de nous présenter l’état des lieux qui a justifié une nouvelle forme de recensement : Bilan de la LEPI ? du RAVEC ? Rien que de se vanter d’associer les anciennes structures chargées de ces opérations. On n’avait donc visiblement pas la synthèse de leurs bilans.

Les observations de Vincent Folly étaient d’une telle pertinence que l’on avait l’impression que se trouvaient en face des contradicteurs anesthésiés. Il est à se demander si la loi n’avait pas été de ces propositions de textes confiées à des élus « bassès » pour qu’ils les présentent au Parlement. Nos souvenirs ne sont pas assez frais pour rappeler les circonstances de ce vote, les explications de l’exposé des motifs et les interventions lors des débats.

Ce qui a été clair, c’est les personnes chargées de piloter l’opération étaient de loin moins compétentes que les cadres de l’INSAE. On a fait de ces derniers des « gbègonous », des supplétifs ornementaux, des « faire-valoir ». Etait-il nécessaire et utile de faire économie d’information et de confiance aux techniciens rompus à la tâche ?

C’est normal que dans ces conditions des doutes soient exprimés à propos des objectifs de ce recensement. Et pour compliquer le dossier, il est fait appel par gré-à-gré à une société qui a fait la une dans des scandales de listes électorales. Décidément, pourquoi le gouvernement tient-il à se compliquer la vie et à s’arque bouter sur des dossiers mal ficelés et cousus de fils blancs ? Comme s’il y avait un esprit tordu qui pilotait le tout à l’insu des hommes considérés jadis comme droits.

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