Bénin : lettre ouverte d’un béninois de la diaspora à Soglo après sa sortie médiatique

La sortie critique du président Nicéphore Soglo sur la gestion de celui qu’il a contribué à amener au pouvoir continue  de faire des vagues. Si sur le plan interne les commentaires continuent à fuser de toutes parts, les compatriotes de l’extérieur ne semblent pas non plus être indifférents aux déclarations du président Soglo.

C’est le cas par exemple de ce compatriote résident en France qui n’a pu contenir sa déception face au regret du patriarche qui estime aujourd’hui « Lionel Zinsou était le meilleur choix pour ce pays ». Lire plutôt ci-dessous la lettre ouverte qu’il a adressé au président Soglo.

Lettre ouverte au Président SOGLO;

Monsieur Le Président SOGLO, votre déclaration : “Je baisse ma coupe et m’excuse car Lionel Zinsou était le meilleur choix pour ce pays “, je l’ai ressentie comme un violent coup de pied dans le ventre. Je continue, au moment où je vous écris ces mots, d’en souffrir. Et cette douleur aiguë qui traverse mon corps qui m’a poussé à m’adresser à vous Monsieur Le Président. Je suis toujours coi et groggy !

“Non, Lionel ZINSOU n’était pas le meilleur choix pour notre pays”. Pour diriger un pays, il faut le connaître, connaître les hommes qui y vivent, connaître la psycho-sociologie du pays, connaître les forces et les faiblesses du pays pour mieux préparer les décisions à prendre pour le pays. Les premiers pas de cet homme, éminemment respectable, en politique ont montré sa méconnaissance totale du Bénin et des Béninois. On ne peut donc confier notre pays à un novice. Il ne suffit pas d’avoir tous les diplômes du monde et un carnet d’adresses fourni pour prétendre diriger un pays.

Monsieur Le Président SOGLO, vous ne pouvez pas, honnêtement, dire aujourd’hui que tout l’argumentaire que vous aviez développé contre la candidature de cet homme, était une erreur d’appréciation. Non je pense que vous étiez sincère, vous avez fait un diagnostic que je continue de qualifier de juste.

Oui, Lionel ZINSOU était bel et bien un candidat de la France-Afrique. Il ne le cache d’ailleurs pas. Ses propos sur Arte, la semaine dernière, par rapport aux entreprises françaises en Afrique, le démontrent à merveille. Lionel ZINSOU était l’ours que nous avions réussi à chasser de notre bergerie. Boni YAYI le colportait parce qu’il avait une autre préoccupation majeure “ partir pour mieux rester” et donc se protéger après dix années calamiteuses pour notre pays. Dix ans de scandales de toutes sortes : ICC , la disparition non élucidée de Dangnivo, Maria-Gléta, l’affaire des machines agricoles, le détournement des milliards destinés au forage d’eau dans les coins reculés de notre pays, le scandale du chantier du siège de l’assemblée nationale et beaucoup d’autres.

Monsieur Le Président SOGLO, vous ne pouvez pas dire maintenant que vous avez oublié tout ce réquisitoire extraordinaire que vous aviez fait. Non Monsieur Le Président, je pense au plus profond de moi que vous avez perdu votre sérénité pour d’autres raisons. Et c’est là où je suis très en colère contre vous. Vous ne pouvez pas, pour des intérêts, que je crois, personnels, hypothéquer l’avenir de tout un peuple par cette déclaration qui jette le trouble dans l’opinion publique. Créer une sorte de zizanie dans l’esprit des Béninois déjà terriblement éprouvés par une gouvernance qui n’est pas encore à la hauteur de leur espérance.

Monsieur Le Président SOGLO, je ne vous ferai pas l’affront pour m’attarder sur une seule phrase de votre sortie. Votre appel à l’union est plus que jamais nécessaire. Le pouvoir en place se trompe quand il pense qu’il peut gouverner sans les autres. Notre pays a besoin de tous ses fils pour être bâti. Mais de ses fils épris de paix et de développement. Par conséquent toutes entraves, comme la corruption, la mauvaise gouvernance, le détournement des fonds publics, les faux diplômés et autres manquements, doivent être combattues de façon implacable et sans pitié dans les règles établies par notre Loi fondamentale.

Vous avez raison quand vous dites qu’on ne doit pas se servir de la lutte contre la corruption pour intimider les opposants. Mais tout opposant, quel qu’il soit, doit être poursuivi, s’il est impliqué dans une affaire de détournement de fonds publics. Nul ne doit se cacher sous quelque abri même celui du pouvoir en place.

Pour finir, Monsieur Le Président SOGLO, je pense que vous vous êtes laissé gagner par une sorte de douleur personnelle que vous n’avez pas réussi à contenir. Non Monsieur Le Président, reprenez-vous et redevenez l’homme du peuple que vous avez toujours été. Pour moi, vous resterez l’homme qui a rétabli les grands équilibres macro-économiques de notre pays après l’historique conférence des forces vives de la nation . Vous nous avez montré que quand on retrousse les manches et les pantalons, le développement est possible. Vous êtes donc un personnage important de l’histoire politique de notre pays à qui je dois déférence et respect même si je ne partage pas toujours toutes vos prises de position.

Ulrich Serge Elisé HOUNGUE, France.

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