Bénin – OIF : discours de Michaëlle Jean à l’Assemblée Nationale

Discours de la Secrétaire générale de la Francophonie, S.E. Madame Michaëlle Jean à l’Assemblée nationale

Porto Novo, le 14 décembre 2017

Excellences, 
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs,
C’est avec émotion et fierté que je reçois l’honneur que vous me faites en m’accueillant aujourd’hui au sein de votre Assemblée.

L’émotion, c’est celle de la fille d’Haïti que je suis. Revenir en terre du Royaume du Dahomey, c’est pour moi revenir aux sources.

Revenir sur une terre de mémoire, de culture, de traditions séculaires qui ont ensemencé d’autres terres, d’autres continents, au prix de tant de vies sacrifiées. C’est vouloir honorer la mémoire de ces mil- lions d’hommes, de femmes, d’enfants, déracinés par la violence et la force, dépossédés de tout et d’eux-mêmes, décimés par la traite infâme qui fit d’eux des esclaves.

C’est se souvenir aussi du combat du peuple dont je suis, le peuple d’Haïti, qui a su s’affranchir par lui-même, par la bravoure d’hommes comme Toussaint Louverture, fils du Bénin, et toujours maintenir, dans la pire des épreuves et des déchéances, cette part inaliénable des origines, la cultiver des siècles durant, génération après génération, sous d’autres cieux, d’autres horizons. Depuis la porte du non-retour à Ouidah, au temps où, des siècles durant, le commerce triangulaire imposait ses marques dans la déshumanisation, sont partis plusieurs milliers de nos ancêtres.

Et depuis, Haïti et le Bénin ne sont pas seulement liés par ces racines ancestrales. Haïti et le Bénin restent pour toujours liés par le sang de la souffrance, de la résistance et de la renaissance.

Pour nous, de descendance africaine, nous de l’africanité globale, la réussite de ce continent devient la nôtre également. Plus l’Afrique s’élève vers le haut, plus nous aussi, où que nous soyons, d’où que nous soyons, nous redressons fièrement l’échine. Nous voulons croire aussi que nos forces, notre apport et nos luttes peuvent irriguer les vôtres.

La fierté, c’est celle de la Secrétaire générale de la Francophonie, venue saluer un pays, indissociable, dans notre mémoire collective, du retour au pluralisme, de la réaffirmation de l’Etat de droit, du renouveau démocratique qui se sont exprimés dans nombre de nos États membres, tant en Afrique qu’en Europe centrale et orientale, à la fin des années 80. Le Bénin a été un pionnier du mouvement de démocratisation en Afrique francophone.

Je pense, bien sûr, à la Conférence des forces vives de la nation en 1990 : symbole de la détermination et de la créativité des filles et des fils du Bénin, symbole de votre attachement indéfectible aux vertus du dia- logue, un dialogue qui vous a permis de nourrir et de sceller le Pacte politique et social qui a été au fondement d’une Constitution, aux principes innovants, et d’institutions originales. 

Une conférence historique grâce à la- quelle, comme l’a déclaré le Président de la République, S.E.M. Patrice Talon, le peuple béninois continue « d’hériter d’un pays paisible où la priorité a toujours été donnée au dialogue et à l’unité nationale et ceci dans l’intérêt de la nation. » Pour nous de la Francophonie, le Bénin reste en effet, depuis lors, un laboratoire de l’enracinement de la démocratie et de l’Etat de droit sur le continent africain. J’en veux pour preuve l’alternance démocratique que connaît votre pays, comme en témoigne d’ailleurs le scrutin très ouvert de la dernière élection présidentielle de mars 2016 qui a connu un fort taux de participation.

J’en veux aussi pour preuve, le rôle et la mobilisation des acteurs et des institutions du Bénin au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de ses réseaux, basés pour certains à Cotonou et à Porto Novo. Qu’il s’agisse de l’Association africaine des hautes juridictions francophones ou du Centre international en Afrique de formation des avocats francophones, ou encore de l’Ecole régionale supérieure de la magistrature de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires, qui font du Bénin un pôle régional francophone de référence dans les domaines de la justice et du renforcement de l’Etat de droit. Le Bénin, c’est aussi un engagement constant en faveur des droits et des liber- tés fondamentales.

Je pense au travail que votre Assemblée a conduit, avec l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, l’APF, et avec l’OIF, il y a quelques mois, et qui s’est traduit par l’organisation d’un séminaire parlementaire sur votre rôle en matière de défense et de pro- motion des droits humains, séminaire, que vous avez ouvert, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, cher Adrien HOUNGBEDJI.

Je pense également à cet autre séminaire que l’OIF a organisé, à la demande des autorités béninoises, pour préparer la rédaction du rapport national pour l’Examen périodique universel. Et lors de la présentation de ce rapport, le 10 novembre dernier, devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève, le Ministre de la Justice et de la Législation du Bénin, S.E.M. Joseph Fifamin DJOGBENOU a fait la promesse ferme d’installer, en 2018, la Commission béninoise des droits de l’Homme.

Je veux saluer cette déclaration engageante et vous redire toute la disponibilité de l’OIF à apporter son soutien technique à la nouvelle Commission. Je salue l’annonce faite aussi à Genève par la délégation béninoise selon laquelle le pro- jet de Code pénal, supprimant toute référence à la peine capitale, serait soumis à votre vote, Mesdames et Messieurs les députés, avant la fin du premier trimestre 2018, dans le droit fil de la ratification, le 5 octobre 2012, du deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort.

Il s’agit là d’une décision majeure et d’un engagement essentiel pour le Bénin et plus largement encore, puisque votre pays est chef de file des États africains en faveur du projet de protocole africain sur l’abolition de la peine de mort, et membre du groupe informel de soutien à la mobilisation politique des Congrès mondiaux contre la peine de mort.

Le Bénin, c’est aussi un engagement constant au service des valeurs portées par notre Organisation, qui a trouvé à s’illustrer, dernièrement encore, lors de la 34ème Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) des 25 et 26 novembre à Paris, conférence au cours de laquelle a été adoptée, à l’initiative du Bénin, une Résolution sur « la paix par un autre chemin » à travers l’éducation et le dialogue interreligieux et interculturel.

Et j’ai, en cet instant, une pensée toute particulière pour le Professeur Albert TEVOEDJRE, ancien médiateur de la République du Bénin, promoteur de cette initiative d’éducation à la paix et au développe- ment par le dialogue inter religieux et inter culturel.

« A défaut, déclare-t-il, de placer un soldat derrière chaque citoyen pour garantir sa protection, la seule option crédible et durable reste celle incontournable de renforcer tous les mécanismes du VIVRE EN- SEMBLE, malgré toutes les différences. » Le Bénin joint la parole aux actes, et fait, une fois encore, figure de précurseur, puisque j’ai eu l’honneur, ce matin, de procéder avec le ministre des Affaires étrangères, en présence du Président de la République, à la signature d’un accord-cadre pour la mise en œuvre de l’initiative « Libres ensemble ».

Le gouvernement béninois approprie ainsi avec détermination cette initiative, « Libres ensemble » construite avec les jeunes de tout l’espace francophone, pour réaffirmer, sans cesse, dans l’action et le dialogue, qu’ils ont la force du nombre, qu’ils sont des centaines de millions à vouloir que la vie triomphe, face à tous ceux qui propagent la violence et incitent à la haine de l’autre dans sa différence.

« Libres ensemble », lancé en mars 2016, est vite devenu un vaste mouvement inter- national, qui crée entre des jeunes de tous les horizons et des cinq continents des liens, des projets, des activités citoyennes, des maillages motivés par un grand désir d’entreprendre, d’innover, d’agir ensemble et d’être des passeurs de changement. Tout le contraire de l’embrigadement pour détruire et mourir. Je sais que la jeunesse béninoise portera haut et fort le flambeau de cet humanisme intégral qui fonde la Francophonie.

Alors, oui, le Bénin constitue un véritable laboratoire de l’enracinement de la démocratie, de l’Etat de droit, des droits et des libertés, des valeurs universelles qui nous rassemblent. Cela étant, vous le savez mieux que qui- conque, Mesdames et Messieurs les députés: parvenir à instaurer durablement et dans les faits la démocratie et l’Etat de droit est une œuvre exigeante et de longue haleine. Je ne pense pas seulement aux transitions démocratiques puis aux reculs ou aux ruptures toujours possibles dont nous sommes malheureusement encore témoins dans l’es- pace francophone.

Je pense, aussi, aux défis inédits que doivent relever les démocraties nationales, contraintes dans leurs frontières géographiques et de compétences, face à la mondialisation de l’économie et de la finance, la mondialisation de la communication et de l’information, la mondialisation des crises, des problèmes et de leurs solutions. Nous nous rendons compte, comme jamais, que la démocratie doit être pensée comme un processus en perpétuelle évolution et non comme un acquis irréversible.

Tocqueville disait à juste titre que « dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau. » Oui, à chaque génération, ses défis! Le premier de ces défis : c’est de passer d’une démocratie formelle à une démocratie substantielle, comme l’ont rappelé à juste titre les participants au Dialogue régional, sur les 30 ans de transition démocratique en Afrique, organisé à Cotonou le mois dernier par l’OIF, International IDEA et l’Association béninoise de droit constitutionnel.

L’enjeu de la construction démocratique ne se trouve plus tant dans les procédures, l’adoption des textes ou les habillages institutionnels de tous ordres, mais plutôt dans les « bénéfices » concrets qu’en tire le citoyen, notamment en ce qui concerne ses droits économiques et sociaux.

Or, pour atteindre cet objectif d’une démocratie dans les faits, et au bénéfice de toutes et de tous : il est essentiel d’entretenir et de développer la culture du dialogue entre les institutions, mais aussi avec les forces vives de nos pays, avec la société ci- vile, et en particulier avec les jeunes qui n’ont jamais été aussi nombreux de toute l’histoire de l’humanité. Nous devons entendre l’aspiration stimulante de ces jeunes à une gouvernance démocratique, à un dialogue public inclusif.

Nous devons entendre leur volonté de vivre pleinement leur citoyenneté. Nous prendrions un grand risque en ne répondant pas à ces exigences légitimes. Le risque d’un rejet durable du monde politique. Le risque d’une érosion de la confiance. Le risque d’un désintérêt croissant pour les formes traditionnelles d’organisation politique et sociale. Le risque de voir se répandre l’idée que la solution à leur sentiment de ne pas être inclus, de ne pas être compris et d’être dépossédés de toute décision, se trouve dans le recours à d’autres voies et à d’autres canaux d’expression, au premier rang desquels les réseaux sociaux.

Or, cette forme d’expression ne saurait constituer une alternative exclusive à la démocratie représentative, mais elle peut constituer un complément, un enrichisse- ment voire un renouvellement des pratiques démocratiques. Nous avons donc la responsabilité, particulièrement vous, parlementaires, au Sud comme au Nord, à l’Est comme à l’Ouest : de repenser le dialogue politique à la lumière des nouveaux modes de communication et d’information.

Et je le dis, ici, dans cette assemblée, avec le sentiment d’être comprise parce que je sais Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, combien le numérique est au cœur de vos préoccupations. Nous devons, sans tarder, mettre ces technologies nouvelles au service de la démocratie, si nous ne nous voulons pas qu’elles dénaturent la démocratie. Nous devons utiliser au mieux ces moyens de communication et d’information.

Pour revivifier la participation des citoyennes et des citoyens, et de cette génération de l’Internet. Pour créer des opportunités inédites d’inter- action avec vous, leurs représentantes et représentants. Pour faciliter l’accès aux documents et aux débats parlementaires.

Nous devons utiliser au mieux ces moyens de communication et d’information pour rendre les parlements plus performants dans l’accomplissement de leur mission législative et de contrôle des dérives. Nous devons utiliser au mieux ces moyens de communication et d’information. Pour mettre toujours mieux en réseau les parlements et les institutions parlementaires au sein de l’espace francophone et de par le monde, parce que les défis de chacun sont devenus les défis de tous et qu’il est devenu incontournable de pouvoir se concerter, échanger, partager les solutions.

Atteindre l’objectif d’une démocratie dans les faits, au bénéfice de la réalisation des droits économiques et sociaux de toutes et de tous, c’est aussi, pour nos Etats et gouvernements, l’urgente et impérieuse nécessité de mettre en œuvre des politiques et des stratégies inclusives de développement hu- main et économique, responsable et durable. Dans tous les pays de l’espace francophone où je me rends, je ne manque pas une occasion d’aller à la rencontre des femmes et des jeunes, de les écouter, de découvrir, valider et reconnaître leurs réalisations, de prendre partout la mesure de leur engagement au service de leur communauté, de leur pays. Et c’est ce que je ferai, ici aussi, au Bénin, dès demain.

Partout, je peux témoigner du génie du terrain, d’actions remarquables portées par les femmes et les jeunes dans des filières innovantes : économie verte, bleue, économie numérique, économie sociale et solidaire, économie créative et culturelle. Mais pour avoir déjà vu les prouesses de jeunes béninoises et béninois lors de l’innovathon, concours de création d’applications numériques, organisé pendant le Forum mondial de la langue française à Liège en juillet 2015, pour avoir rencontré de vos jeunes entrepreneurs talentueuses et talentueux comme celui qui a reçu, voilà quelques jours à Paris le « Prix jeune entrepreneur francophone », pour avoir entendu les témoignages de femmes entrepreneuses de chez vous lors de la Conférence des femmes de la Francophonie à Bucarest, les 1er et et 2 novembre dernier, pour avoir vu aussi combien les jeunes répondent avec enthousiasme à tous les programmes, à tous les événements culturel, économique, numérique, politique proposés par la Francophonie, je sais déjà que les forces vives du Bénin, à l’instar de tant d’autres pays de l’espace francophone, débordent de dynamisme, d’imagination, d’ingéniosité, de créativité, d’audace et de ce désir ardent de s’engager socialement, de penser au bien commun, de contribuer solidairement au bien de l’ensemble. Mais malheureusement, je peux témoigner aussi d’un immense gâchis.

Je pense à tous ces pays où plus de la moitié de la population a moins de 30 ans et qui devraient puiser tellement de force dans ce capital humain, mais le scandale c’est que, parfois, 60% de ces jeunes filles et de ces jeunes garçons, voire plus, ne connaissent que le chômage chronique, la précarité. Imaginons leur sentiment d’impasse, d’avenir bouché. Imaginons leur détresse, leur colère, leur révolte.

Nous voyons, chaque jour, les effets dévastateurs de cette mise au ban de la société qui les fragilise, jusqu’à les jeter dans les filets d’organisations criminelles de tous les trafics, ou les pousse à succomber aux chants des sirènes de l’extrémisme et de la radicalisation violente. Nous voyons, chaque jour, les situations tragiques et révoltantes dans lesquelles se retrouvent des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants, qui, en désespoir de cause prennent le chemin de l’exil.

Nous avons tous en tête l’horreur des scènes filmées en Libye où l’on voit des migrants africains vendus aux enchères et ré- duits à l’esclavage. Combien ces réalités parlent à nos cœurs et à notre mémoire, n’est-ce pas? Plus encore, ici, sur cette terre de grande déportation. Ces agissements criminels, d’une époque que l’on pensait révolue, indignent la communauté internationale, choquent la conscience humaine. Mais s’indigner ne suffit plus !

Quelques jours avant les décisions annoncées au 5e Sommet Union africaine-Union européenne, les ministres de la Francophonie ont adopté, lors de la CMF du 26 novembre, une Déclaration sur la protection des droits des migrants et la lutte contre la traite des êtres humains : L’urgence d’agir pour retrouver et libérer ces pauvres parmi les pauvres. L’urgence de rendre à ces hommes, à ces femmes, leur humanité, leur dignité, leur intégrité physique, leur existence et leur identité. L’urgence de remonter ces filières, démanteler les réseaux de trafiquants, identifier les auteurs de ces crimes et encourager les instances judiciaires nationales et internationales à les poursuivre et les traduire en justice.

Cet appel à mobilisation a fait aussi écho aux condamnations fermes de Chefs d’État et de citoyens, demandant à la communauté internationale, au Conseil de sécurité des Nations unies, d’engager une action immédiate, concertée et coordonnée, pour que cessent les violences contre les migrants en Libye, ces crimes contre l’humanité. Notre responsabilité commune de protéger est aussi celle de prévenir, d’agir sur les causes profondes qui poussent des milliers de désespérés à l’exode forcé, les jettent sur les chemins terrestres et maritimes de tous les périls, les exposent aux organisations criminelles et trop souvent à la mort.

L’urgence pour nous, tous ensemble, est de déployer solidairement une coopération plus robuste, de dégager les moyens afférents pour une croissance partagée, un développement humain et économique, inclusif, responsable et durable.

Il nous faut au plus vite donner des raisons d’espérer à ces milliers de jeunes.

Le mot clé c’est investir, investir massivement dans ce capital humain pour ne pas laisser perdre ces forces de création, de production et d’innovation. Les ministres ont aussi tenu à souligner, lors des débats, que ces pratiques révoltantes n’avaient pas cours en Libye seulement. L’espace francophone n’est pas épargné, nous le savons, par l’exploitation éhontée d’êtres humains, l’asservissement total.

Et ce serait aller contre nos valeurs et nos principes que de passer sous silence ces réalités intolérables. Pour ma part, je continuerai à porter le plaidoyer en faveur d’actions concrètes, de partenariats robustes et stratégiques pour réaliser le dividende démographique, chargé de tant de promesses. Investir massivement dans une éducation pour toutes et pour tous et dans une formation professionnelle, technique, technologique tournées vers l’insertion sociale et professionnelle.

C’est dans cet esprit que nous avons récemment créé l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation, basé à Dakar qui met au service de tous nos pays ce qui se fait de mieux. Et vous pouvez compter sur l’OIF, qui déploie déjà de nombreux programmes au Bénin, mais aussi sur l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), et l’université Senghor d’Alexandrie pour accompagner votre pays dans cette grande ambition. Investir massivement, aussi, dans les initiatives économiques portées par les jeunes et les femmes.

C’est vers cet objectif que convergent les stratégies numérique et économique pour la Francophonie adoptées par les chefs et de gouvernement, en 2012 et 2014.

Notre volonté est d’accompagner l’innovation numérique pour l’intégration des pays francophones en développement dans l’économie numérique mondiale, notamment à travers l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes auxquels nous avons dédié un programme spécifique articulé autour de trois volets complémentaires : la création, la consolidation ou la pérennisation d’incubateurs d’entreprises, la sécurisation de l’environnement entrepreneurial et la promotion d’échanges d’expériences et des meilleures pratiques dans l’espace francophone.

Il était légitime que le Bénin figure parmi les 13 pays pilotes de l’Afrique subsaharienne et de l’Océan indien ciblés par ce programme. Parce que c’est au Sommet de Cotonou de 1995 qu’a été adoptée, pour la première fois une résolution sur la société de l’information, qui a donné l’élan et l’impulsion nécessaires à l’OIF pour inclure les TIC dans sa programmation et travailler à l’adoption d’une stratégie numérique. Parce que le Bénin, c’est aussi l’ambition de passer du statut de « quartier latin de l’Afrique » à celui de « quartier numérique de l’Afrique ».

À cet égard, je souhaite saluer la volonté du Président Patrice TALON de faire de l’économie numérique l’un des axes prioritaires de son action à la tête de l’État béninois.
Une volonté que votre Assemblée appuie à travers un travail remarquable de production de cyber législations. Et je veux vous redire, ici, Monsieur le Président, cher Adrien HOUNGBEDJI que vous pouvez compter sur l’OIF pour continuer à vous accompagner dans ce processus de formulation et d’élaboration du cadre législatif et réglementaire sur l’économie numérique au Bénin.

Ce matin l’occasion m’a été donnée de faire le point sur l’étendue et l’impact de la coopé- ration entre la Francophonie et le Bénin, des projections également. D’abord lors d’une séance de travail avec le Président de la République, puis à la Cité internationale de l’innovation et du savoir avec 9 ministres dans les domaines clés d’intervention : Affaires étrangères et Coopération, Commerce, Industrie et Artisanat, Économie Numérique et de la Communication, Petites et Moyennes Entreprises et Promotion de l’Emploi, Tourisme, Culture et Sports, Enseigne- ment maternel, primaire et Secondaire, Formation Technique et Professionnelle, Enseignement supérieur et Recherche scientifique. 

Dans tous ces domaines et champs d’action, sur toutes les projections, tous les objectifs poursuivis, toutes les stratégies engagées nous sommes en phase, nous allons intensifier la coopération, rassembler les moyens et les partenaires, mobiliser les expertises dont l’espace francophone foisonne. La vision est claire. Je vois un pays révélé, un pays qui a conscience de sa valeur multi- pliée, de ses atouts, de son formidable patrimoine matériel et immatériel, de la richesse de son territoire, de ses forces vives et créatives. Il est un dernier défi sur lequel je souhaiterais insister : c’est celui de l’état civil. 

Nous savons combien cette question est fondamentale, au regard de ces millions d’individus, enfants et adultes, sans existence légale parce que sans identité, exposés d’emblée au pire parce que privés de leurs droits fondamentaux. Au regard, aussi, de la difficulté pour tous les pays où l’état civil est défaillant, d’anticiper sur l’avenir dans la mise en œuvre de leurs Plans de développement ou d’émergence, de leurs politiques publiques en matière par exemple d’éducation, de santé, ou de sécurité, faute de données démographiques fiables.

Au regard enfin de l’enjeu que cela représente pour la démocratie.

Depuis plusieurs années, l’OIF et ses ré- seaux mettent en commun leurs expertises pour offrir des outils à nos Etats et gouvernements soucieux de remédier à ce terrible handicap. Je sais les efforts déjà consentis par les autorités béninoises dans ce domaine, mais je voudrais encourager les acteurs nationaux impliqués à aller encore plus loin dans le processus de modernisation du système d’état civil en cours, en rappelant la disponibilité de notre Organisation pour soutenir ces efforts. 

Excellences, Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les députés,

J’aurais eu tant de choses à vous dire encore au nom des liens si particuliers que le Benin, État membre fondateur de l’Agence de coopération culturelle et technique, entretient avec la Francophonie depuis 47 ans maintenant.

Le Bénin n’est pas seulement ce laboratoire de l’enracinement de la démocratie et de l’Etat de droit sur le continent africain que j’évoquais en commençant, il est un laboratoire de la diversité de la coopération francophone à travers la richesse de tous ses acteurs : l’APF, l’AUF, l’université Senghor, mais aussi l’AIMF, l’Association internationale des maires francophones, TV5 Monde, les Conférences des ministres francophones de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, et tous nos réseaux institutionnels. Ce sont ces partenariats exemplaires, sans cesse réadaptés à l’aune des défis nouveaux qu’il nous faut relever, que je souhaitais aussi célébrer avec vous, aujourd’hui, et qui me font dire pour conclure: vive le Bénin, Vive la Francophonie.

Je vous remercie.

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