« Il faut lutter contre les faux médicaments, mais non ils ne sont pas qu’au marché »

Qu’est-ce qu’un faux médicament ? Depuis fort longtemps, l’OMS définissait les faux médicaments ainsi : « un produit médical est contrefait lorsqu’il y a une fausse représentation de son identité et/ou de sa source. Cela s’applique au produit, à son conditionnement ou à toute autre information concernant l’emballage ou l’étiquetage. La contrefaçon peut s’appliquer à des spécialités ou à des produits génériques. Les produits contrefaits peuvent être des produits contenant les bons ingrédients/composants, pas de principe actif ou un principe actif en quantité insuffisante ou encore des produits dont le conditionnement a été falsifié ».

Mais puisque le terme « contrefait », n’a rapport qu’à la propriété industrielle, récemment en mai 2017, l’OMS a définitivement abandonné le terme contrefait pour le terme médicament falsifié et désormais est considéré comme médicament falsifié, les « produits médicaux dont l’identité, la composition ou la source est représentée de façon trompeuse, que ce soit délibérément ou de manière frauduleuse ». Rappelons que la falsification peut autant concerner un médicament de spécialité qu’un médicament générique.

Pour revenir à la réalité, tout le monde sait que le business du médicament est très juteux, s’agissant de médicaments falsifiés comme de médicaments légaux. Au plan mondial aujourd’hui, les médicaments rapportent plus que la drogue. Sans être hypocrite, pour ceux qui ont eu à tester certains produits de la même spécialité, achetés ici et ceux achetés à l’étranger, très rapidement on remarque l’efficacité n’est pas la même (s’agissant surtout des antalgiques).

La majorité des médicaments sont produits aujourd’hui en Asie, notamment en Inde, bons comme mauvais médicaments. Ensuite le circuit du médicament jusqu’à ce qu’il atterrisse dans nos pharmacies, c’est encore tout un chapitre.

Tout çà, juste pour dire que si on se colle de façon parfaite à la définition de l’OMS, on retrouvera dans nos pharmacies conventionnelles, de faux médicaments. (…)Les pharmaciens qui vont s’approvisionner au marché ont juste remarqué qu’ils jouaient tous dans la même cour, ceci est bien sûr à décourager. Les médicaments falsifiés, c’est malheureusement bien au-delà des médicaments vendus au marché.

Petite anecdote : lors de ma formation en économie de la santé, un patron d’une CAME africaine, nous a narré l’histoire d’un autre pays africain, qui avait reçu plus d’un conteneur de médicaments ARV, qui n’a pas pu être récupéré à temps pour des raisons administratives.

Au moment où ce conteneur a été récupéré, il avait déjà siégé des mois au soleil et pour tout clore, la date de péremption était pratiquement atteinte. Ces ARV ont quand même été distribués. Étaient-ils des médicaments falsifiés ? Au moment où ils ont été distribués, sûrement oui. Pour conclure, oui il faut lutter contre les médicaments falsifiés, mais non ils ne sont pas qu’au marché.

Astrid Zohoun

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