Port de Cotonou : le rapport qui conforte la position du gouvernement Talon

La gestion financière au Port autonome de Cotonou (Pac) n’est pas à son beau fixe pour raison d’irrégularités relevées par les commissaires dans leur rapport d’audit. Un dossier qui interpelle le Chef de l’Etat et qui le met d’ailleurs face à une nouvelle  épreuve de conscience.

Sera-t-il capable de traiter le dossier du port comme les autres de la République gérés avec tant de détermination et de propagande de moindres détails les concernant ? Grosse interrogation qui met dangereusement le Président de la République, Patrice Talon, face à une dure épreuve dans sa volonté de lutte contre la corruption et l’impunité dans le pays. Selon les conclusions du rapport d’audit rendu public par les commissaires commis pour la tâche, il y un écart financier de plus de cinq cent (500) millions de francs CFA dans la gestion du Port autonome de Cotonou (Pac) sur la période du 1er semestre  au 31 décembre 2016.

Au vu donc de ce rapport, le gouvernement, comme on l’a bien vu dans certains dossiers qui défrayent la chronique depuis peu, devrait se saisir du dossier en conseil des ministres pour des mesures idoines à prendre pour situer davantage les responsabilités dans un tel dossier. A l’analyse de la situation actuelle dans ce secteur, il y deux faits qu’il ne faut aucunement occulter.

Position confortée pour une gestion déléguée

Le gouvernement Talon a décidé, pour plus de performance au Port autonome de Cotonou, de passer à une gestion déléguée de cette société d’Etat. Les négociations avec le délégataire, suivant les déclarations du Chef de l’Etat ce vendredi 25 novembre 2017, ont  beaucoup évolué et il ne reste que l’avis final des acteurs de ce secteur pour que cela soit « une affaire conclue ».

Et sur ce plan, le Président de la République et tout son gouvernement ne comptent pas baisser la garde quant à la finalité et surtout la signature dudit contrat avec le délégataire qui serait déjà identifié et choisi.

En attendant de revenir sur les conditions et la procédure qui ont conduit à la sélection et la désignation de ce délégataire, il convient de rappeler que les acteurs du port s’opposent toujours à cette forme de privatisation de la structure qui est pourtant pointée comme « le poumon de l’économie béninoise ».

En se fiant donc aux conclusions du rapport des commissaires concernant l’écart financier constaté au Port autonome de Cotonou (Pac), le gouvernement pourrait le brandir comme étant un trophée de la victoire qui pourra le conforté dans sa position de confier la gestion de ce port à un privé qui saura mieux gérer les finances de cette société pour plus de recettes afin de « mieux renflouer les caisses de l’Etat béninois ». Sans aucun doute, la publication, en ce moment de ce rapport, ne serait pas un hasard  étant donné que tous les pions sont à déplacer pour parvenir à la liquidation presque de ce port au profit d’un privé identifié et qui serait, selon les indiscrétions, un proche du régime en place. Une stratégie de mieux clouer le bec des travailleurs et de déguerpir l’actuelle directrice générale du port pour confier ce dernier au privé ?

La réponse à cette interrogation semble être affirmative quand on se réfère à  la ruse qu’utilise aujourd’hui le régime en place pour parvenir à ses fins. Le cas de la sécurité à l’aéroport international Bernardin Gantin avec Morpho-Dys, le processus d’affermage des hôpitaux, le dossier Bell Bénin communication et bien d’autres sont des cas illustratifs sous l’ère de la rupture.

Huguette Amoussou, une « protégée de la République »

Le gouvernement Talon a certes entamé la lutte contre la corruption et la malversation dans les administrations publiques depuis son avènement au pouvoir mais accentue cette lutte depuis quelques semaines avec l’interpellation des présumés fautifs dans des dossiers divers dans lesquels des malversations, mal gouvernance et corruption ont été constatés par les commissaires lors de leur contrôle financier. Si cette démarche d’assainir cette administration et de la débarrasser des agents « nocifs » est saluée dans l’opinion publique, elle est tout de même décriée compte tenu de son caractère, jusque-là, sélectif observé dans le traitement de ces dossiers.

[bs-quote quote= »Depuis la phase active de cette lutte, les gens qui sont inquiétés ne sont que des adversaires politiques et d’autres syndicalistes qui tentent de faire entendre raison aux gouvernants pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de l’Etat en particulier et du peuple béninois en général » style= »style-6″ align= »center » author_name= »Romuald Agossou » author_job= »Doctorant en communication politique »][/bs-quote]

Se basant sur cette lutte qui n’est dirigée que vers ces adversaires politiques, on est aussi en passe de se demander si le gouvernement Talon n’agit pas en protégeant les siens des interpellations et de poursuites judiciaires. Le cas de la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) avec un rapport accablant est bien illustratif. Et le directeur de cette société ne s’inquiète nullement parce que bénéficiant apparemment de l’aura du Chef de l’Etat qui, il faut le révéler, est un ami personnel.

Voici encore un rapport qui accable un des proches du régime en place. Fera-t-elle objet de poursuite judiciaire avec en appendice la dose communicationnelle dans les médias ? Une question qui mérite d’être posée étant donné que la proximité amicale de l’actuelle directrice du port, Huguette Amoussou, et le Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, n’est plus à prouver.

La lutte contre la corruption et les infractions connexes, telle exigée par la loi N° 2011-20 du 12 OCTOBRE 2011 portant lutte contre la corruption et les infractions connexes en République du Bénin, devrait être équitable et ne devrait épargner personne puisque tous les  Béninois sont égaux devant la loi et aucune considération amicale, ethnique ou d’obédience religieuse et politique ne devrait être observée dans le traitement des dossiers de malversation et de corruption dans le pays.

« Le Président Talon dispose de toutes les cartes et surtout des clés pouvant lui permettre d’entrer soit dans l’histoire par la grande porte ou par celle étroite », se console Romuald espérant l’élargissement de cette lutte à tout citoyen béninois ayant fauté dans l’exercice de leur fonction administrative.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus