Bénin : contexte de la grève dans le secteur de la justice (communiqué)

Depuis la matinée de ce 02 janvier 2018 au Bénin, le secteur de la justice est de nouveau paralysée par un mouvement de grève. Dans un communiqué de presse, le Secrétaire général du Bureau directeur national (BDN) du Syndicat des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin (SYNTRAJAB), Appolinaire K. Afféwé a apporté des clarifications sur le contexte de ce mouvement de grève qui intervient quelques jours après le vote de la loi qui interdit la grève aux agents de la justice et de la santé en république du Bénin. Lire le communiqué.

COMMUNIQUE DU BDN/SYNTRAJAB

Chers camarades, le BDN/SYNTRAJAB vous réitère ses vœux les meilleurs de bonne et heureuse année 2018. Santé, Paix, Longévité, Promotion et réalisation de vos projets.
Comme vous le savez, une fois encore, le devoir nous appelle et il est de notre devoir de mettre chacun face à sa responsabilité à travers une information juste et honnête.

LE CONTEXTE DE LA GREVE QUI DEMARRE LE 02 JANVIER 2018

En suspendant le 06 novembre 2017 la motion de grève entamée le 20 octobre, le collège des secrétaires généraux et présidents des organisations syndicales signataires ladite motion avait accordé un moratoire de deux mois expirant le 31 décembre 2017 au Chef de l’État et au gouvernement. Dans cette motion de suspension que nous publierons à la suite de ce message pour rafraîchir la mémoire aux uns et aux autres, il est clairement mentionné que la grève reprend le 02 janvier 2018 en cas de non satisfaction des revendications.

Après la suspension, vous êtes tous témoins de ce qu’aucune avancée notable n’a été remarquée dans la satisfaction de nos revendications. En dehors de la création de la commission de relecture du statut des greffiers dans les conditions et formes que vous connaissez et de la signature d’un pseudo arrêté octroyant la prime de vacation qu’on a dénaturé pour exclure les administratifs en service dans les juridictions, aucune autre revendication n’a été étudiée.

Nos revendications à incidence financière qui nous sont très chères (ristournes sur les frais de justice, heures supplémentaires, avantages des GEC et assistants, prime de permanence, prime de fidélisation, textes d’application de nos statuts etc…) sont restées sans suite.Nos écrits pour provoquer un dialogue avec l’autorité sur ces points sont restées sans suite. Même la demande d’autorisation d’absence pour nos syndiqués dans le but d’organiser une AG a été bloquée.

Dans ces conditions, aucun syndicat responsable ne saurait garder le silence à l’expiration d’un moratoire qu’il a lui-même accordé. Il n’y a donc aucune précipitation dans la grève qui a été lancée. Cette grève s’inscrit dans la suite logique du mouvement que nous avions suspendu le 06 novembre 2017. S’abstenir de reprendre la grève serait synonyme d’une complicité coupable avec l’autorité et d’une renonciation à nos revendications.

SUR LA NON SIGNATURE DE LA MOTION PAR CERTAINS SYNDICATS

Comme nous l’avions annoncé, le SYNAPE JUSTICE vit une guerre de leadership poussée qui a entraîné des actes d’indiscipline tout au long du mouvement de grève d’octobre. Le comble a été la rencontre avec le chef de l’Etat où les trois qui se discutent la place de leader de ce syndicat se sont présentés à la présidence de la République alors que seuls les premiers responsables des syndicats étaient invités. La conséquence a été leur renvoi de la présidence. Après cette rencontre, les deux autres ont organisé une suspension du SG de ce syndicat.

En réaction, le SG a saisi la justice estimant que les autres n’ont aucun pouvoir de le suspendre. Ne pouvant se mêler à la gestion interne de ce syndicat, le collège a été obligé de suspendre leur participation à ses réunions en attendant qu’ils ne règlent leur dissensions internes. C’est ce qui justifie qu’ils ne sont plus associés aux activités du collège car rien de bon et de durable ne peut se construire dans le désordre et l’anarchie.

Pour ce qui concerne SYNAGOJUB, ce syndicat s’est volontairement éloigné du collège depuis le jeudi 16 novembre 2017 lorsque le collège s’est réuni à Bohicon et a décidé d’écrire au Garde des sceaux pour demander la création d’une grande commission avec des sous commissions pour traiter des revendications à incidence financière. Souvenez-vous que ce syndicat avait refusé, en son temps, de signer la lettre. Depuis lors, il ne s’intéresse plus aux activités du groupe.

Cependant, malgré la non signature de la motion par ces syndicats, nous voudrons faire comprendre aux uns et autres que la lutte que nous engageons va au-delà de la querelle des chapelles syndicales. C’est une question de survie du mouvement syndical à la justice car l’une des fonctions phares du syndicalisme qu’est la fonction revendicative est dépourvue de tout sens lorsque l’arme redoutable qu’est la grève est perdue.

Nous devons donc transcender nos querelles de chapelle syndicale et nous lever comme un seul homme pour faire face à l’adversaire. Dans tous les cas, le collège reste ouvert à tous mouvement syndical préoccupé par le bien être du personnel de la justice.

SUR LA LOI DE RETRAIT DU DROIT DE GRÈVE À LA JUSTICE

Le vote de la loi qui arrache le droit de grève entre autres à la justice est la preuve que l’autorité ne veut pas satisfaire nos légitimes revendications. En effet, comme vous le savez, le vote de cette loi est intervenu à trois jours de l’expiration du moratoire comme pour nous empêcher de reprendre la grève. Si l’autorité avait la volonté de satisfaire nos revendications, elle aurait pu inviter les syndicats et négocier la prolongation du délai du moratoire en attendant de démontrer sa bonne fois. Évidemment, comme depuis la suspension elle n’a rien fait dans le sens de la satisfaction des revendications et qu’elle n’entend rien faire, elle a choisi de nous réduire au silence pour toujours.

L’histoire récente de la maison justice prouve que tout ce que nous avons aujourd’hui, nous l’avons eu après de longues et fastidieuses grèves. Nous n’avons rien aujourd’hui qui nous ait été donné par la volonté délibérée des gouvernants. Que personne ne nous trompe aujourd’hui en nous faisant miroiter une quelconque bonne volonté ou relation pour nous faire décrocher quoi que ce soit. Aucune relation n’a permis de nous obtenir quoi que ce soit depuis l’avènement de ce régime. Bien au contraire, nous sommes tous les jours brimés dans nos droits. Si nous refusons de lutter aujourd’hui, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer demain.

La responsabilité de nous, leaders syndicaux serait dégagée. Même si certains ont des relations avec les autorités actuelles, qu’ils sachent que ces autorités ne sont pas éternelles et que si nous perdons le droit de grève aujourd’hui, nous l’aurions perdu pour toujours car ce serait un bon débarras à tout régime qui viendra.

Mieux, même à supposer qu’au cas extrême, la lutte ne nous permette de faire revenir le pouvoir sur sa décision, la lutte permettra de mettre la pression sur lui pour nous permettre de négocier des conditions meilleures de compensation à travers nos statuts et avantages à nous accorder. L’absence de réaction de notre part est l’option la plus suicidaire car l’autorité s’arrêtera au retrait du droit de grève et ne se souciera plus de quoi que ce soit.

LA LUTTE C’EST MAINTENANT ET TOUT DE SUITE

Comme vous le savez, lorsqu’une loi est votée, elle doit faire certaines étapes avant d’entrer en vigueur. Il faut notamment la vérification de la conformité à la constitution, la promulgation en cas de conformité à la constitution et la publication. Dès lors que la loi passe ces étapes et entre en vigueur, elle s’impose à tous. C’est donc maintenant que la loi qui a été votée le jeudi n’a pas encore passé ces étapes que nous pouvons lutter. Dès qu’elle passera ces étapes, nous ne pourrons plus rien faire. Nous deviendrons des esclaves sans moyens de défense.

Mieux la réaction sera une forme de pression sur la cour constitutionnelle pour qu’elle puisse bien analyser la décision à prendre. C’est donc maintenant et jamais après. Si nous ne réagissons pas maintenant et tout de suite, le gouvernement s’organisera pour que la loi passe vite les étapes et nous ne pourrons plus rien faire. Seul le gouvernement et ses émissaires ont intérêt à ce que nous ne réagissions pas tout de suite.

D’ailleurs, je ne trahis aucun secret en vous informant que nous sommes en concertation avec l’ensemble des sept centrales syndicales et que dans les tous prochains jours, la probabilité qu’il y ait une paralysie générale de l’administration béninoise est très forte. Si les autres décident de voler à notre secours, ce n’est pas nous qui sommes concernés par le problème qui allons traîner les pas où nous illustrer par des querelles de division qui profite à l’autorité.

C’est au regard de toutes ces informations et clarifications que nous lançons un vibrant appel à tous les travailleurs de la justice, toute chapelle syndicale confondue, de suivre scrupuleusement le mot d’ordre de grève qui entre en vigueur dès demain. Restez chez vous et prolongez la fête.

Dans tous les cas, notre détermination est sans faille. Nous avons joué notre partition. La responsabilité de tout un chacun est maintenant engagée. Comme le disait Thomas Sankara, « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. »

Vive le droit de grève à la Justice ;
Vive le mouvement syndical à la justice ;
En avant pour la satisfaction de nos revendications.
Seule la lutte paie !!!
Pour le BDN/SYNTRAJAB,
LE SG
Appolinaire K. AFFEWE

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