Bénin – Marche du FSP : Modeste Toboula s’énerve et la toile s’enflamme

Le mardi 23 janvier, le front pour le sursaut patriotique a organisé une marche de protestation contre les actions du gouvernement en place au Bénin. La veille, Modeste Toboula, le préfet du littorale, département de la ville où la manifestation a été prévue, était intervenu sur les médias locaux pour notifier aux marcheurs un itinéraire à suivre, délimitant une ligne rouge à ne pas franchir.

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Le jour « J », les marcheurs, qui étaient des milliers selon les organisateurs, ne se sont pas conformés aux injonctions préfectorales et ont suivi leur propre itinéraire. La police, qui encadrait la marche n’a rien pu faire pour les dissuader de franchir la fameuse ligne rouge. Elle a plutôt fait preuve de « tolérance stratégique » pour éviter probablement des heurts qui pourraient conduire à une éventuelle catastrophe comme celle de Kinshasa en République démocratique du Congo.

Une colère hors du commun

La police ayant joué son rôle de « police républicaine », le préfet ne l’a surement pas vu de cet œil car, immédiatement après avoir été informé de cette situation, ce dernier a probablement vu son autorité bafouée et, blessé dans sa peau, il a envoyé une demande d’explication au commissaire central de Cotonou pour s’enquérir des raisons qui ont motivé ce dernier à tolérer ce laisser-aller de ses agents.

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La polémique est donc venue du contenu de la lettre de demande d’explication que l’autorité a adressé au patron des flics de la ville de Cotonou. Dans ladite lettre, elle dénonce un manquement grave à son autorité et qualifie le commissaire central de la ville de Cotonou d’incompétent.

[bs-quote quote= »Cette attitude qui dénote d’une incompétence et d’une inconscience professionnelle dans l’accomplissement de votre mission d’agent de sécurité publique, est une faute grave. En conséquence je vous enjoins de fournir les raisons qui motivent cette désinvolture remarquable de votre part. » style= »style-8″ align= »center » author_name= »Modeste Toboula » author_job= »Préfet du département du Littoral »][/bs-quote]

Des propos d’une sévérité sans précédent et qui ont déclenchée depuis sa diffusion sur les réseaux, une explosion de réaction et de commentaire. Pour Yves Dakoudi, « le laisser-aller dont à fait preuve hier les éléments des forces de sécurité est un dangereux précédent. Cela veut dire qu’on peut se permettre de ne pas respecter les instructions données. De quel pays rêvons nous à la fin chers jeunes? Le cordon de sécurité établi hier devant l’église St Michel devrait l’être au niveau de l’Église Sacré coeur et obliger les marcheurs à suivre l’itinéraire tracé ». Pour ce activiste proche du pouvoir, Il y a une marche qui a été autorisée mais avec un itinéraire autre que celui tracé par les manifestants. « Et si le Préfet est passé sur les chaînes de télévision pour parler du nouvel itinéraire, c’est pour que chacun le sache ».

Des propos non partagés par plusieurs internautes qui voient en la réaction du préfet, une démonstration de ses limites et de ses faiblesses. « Je me pose de plus en plus la question si Modeste est vraiment un produit de L’ENAM (Ecole nationale d’administration et de magistrature ndlr) car il persévère dans l’incompétence en mélangeant les pédales. Les normes administratives au Bénin ne placent pas le Commissaire Central d’une ville sous l’autorité d’aucun préfet bien au contraire il rend compte à son supérieur hiérarchique direct » fait observer Estache Avode  qui sera rejoint par Quentin Agoligan  qui trouve que Modeste Toboula est certes le Préfet « mais cela ne lui donne pas le droit de manipuler et de manquer de respect à nos gardes de sécurité…. »

 

Toutes analyses faites

Le commissaire a surement voulu éviter un affrontement direct avec ses concitoyens que la « police républicaine » est censée protéger même si parfois, elle est dans l’obligation d’agir pour éviter l’anarchie. Les policiers doivent obéir aux ordres des supérieurs sans broncher car étant des paras militaires et donc des hommes en arme. Cependant, il faut parfois se rendre à l’évidence que ces derniers, sur le terrain, sont confrontés à de nouvelles données qui ne leur facilitent pas l’exercice de leur mission d’où leur célèbre slogan, « c’est le terrain qui commande».

Modeste Toboula n’a surement pas encore vu cet aspect de la chose étant donné qu’il n’y était pas. Les flics ont trouvé le moyen pacifique d’encadrer des marcheurs déterminés sans aucune violence enregistrée. Certes l »’itinéraire Toboula » n’a pas été respecté mais dans les deux cas il était question d’aboutir à une manifestation sans violence et ce fut le cas.

Le commissaire à certes fait preuve de conciliation et de diplomatie pour contenir des manifestants très remontés, mais il est aussi normal qu’il réponde de cela devant l’autorité. Cependant, devrait-on en arriver à traiter un agent des forces de sécurité du Bénin et de surcroit, un commissaire de police que l’Etat lui-même a formé et nommé, d’ »incompétent et d’inconscient » dans l’exercice de ses fonctions ? Question.

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