Bénin : Patrice Talon à l’épreuve de la fronde sociale

La gouvernance Talon est désormais face à une épreuve sociale qui pourrait plomber sa politique durant son mandat présidentiel. Les mises en exécution tous azimuts des grèves dans les secteurs d’activités ne sont pas de nature à garantir une gouvernance apaisée et une bonne politique de développement tant souhaitée par le peuple béninois.

D’aucuns diront que le Président de la République Patrice Talon est également victime de la machine sociale qu’il avait érigée pour rendre le pays socialement ingouvernable pour l’ancien Chef de l’Etat, Thomas Boni Yayi. A tort donc ou à raison, ces observateurs soutiendront que cette machine formée, nourrie et entretenue depuis sa terre d’exile s’est enfin retournée contre lui afin de lui prouver à quoi rime une gouvernance politique sans des mesures socialement correctes.

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Mais tout ça, ce ne sont que des spéculations car aucun acte formel n’a attesté son implication dans les différentes frondes sociales observées sous le régime Yayi. Néanmoins, il est à signaler que la trace du politiquement correct que ne cesse de suivre le Président de la République, Patrice Talon, n’est malheureusement pas le socialement correct dont rêve tout citoyen béninois depuis l’avènement au pouvoir du chantre de la rupture qui a pourtant prôné un nouveau départ.

Tous les secteurs presque sont sur pied de « guerre » contre la gouvernance de l’homme et surtout contre certaines décisions qui ne garantissent aucunement les libertés et droits chèrement acquis après des luttes acharnées et qui ont conduit à l’historique conférence des forces vives de la nation de février 1990.

Retrait de grève pour tout clore

Le 28 juillet 2017, le secteur de la santé avait déclenché un mouvement de débrayage dans les hôpitaux du pays pour revendiquer la satisfaction de certains points qui ont trait à leur corporation. Pour les agents hospitaliers, ils exigent leur implication dans les réformes annoncées dans le secteur de la santé, la dotation des centres de zones de matériels adéquats et de bonne qualité, la suspension et l’abandon de la procédure de mise sous gestion déléguées du Centre hospitalier universitaire Hubert Maga de Cotonou et surtout de l’abandon des affermages annoncés par le régime Talon. Mais pendant deux (2) mois, les négociations n’ont nullement portées et les usagers, les patients ont payé le lourd tribut. Au cours donc de la rencontre présidée par le Chef de l’Etat avec l’inter syndicat de la santé, un moratoire a été obtenu et devrait prendre fin le 31 décembre 2017. Le gouvernement Talon et son Chef ont donc pris l’engagement de satisfaire aux doléances de ces syndicalistes.

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Dans le secteur de la justice, la rencontre des syndicalistes avec le Chef de l’Etat, Patrice Talon, a permis à l’exécutif d’obtenir également un moratoire qui devrait aussi arriver à échéance le 31 décembre 2017.  Ces acteurs de la justice réclament, eux, la relecture du statut du personnel de la justice, la reprise de l’arrêté de nomination des greffiers et leurs assistants et bien d’autres points qui permettront l’amélioration de leur condition de vie et surtout de travail en République du Bénin.

Mais depuis la fameuse rencontre avec le Chef de l’Etat assortie du moratoire, aucune avancée n’a été observée dans les négociations depuis lors selon les responsables syndicaux de ces deux secteurs.

Mais curieusement, avant la fin du moratoire le 31 décembre 2017, les parlementaires ont donné le « coup fatal ». Ils ont, dans la journée de ce jeudi 28 décembre 2017, à trois (3) jours de la fin du moratoire, adopté une loi interdisant désormais le droit de grève aux acteurs de la santé, au personnel de la justice, aux personnels de la police devenue désormais républicaine et également aux magistrats du Bénin.

L’arrêt de travail dans les administrations publiques

Un acte, en attendant sa conformité avec la constitution du 11 décembre 1990 toujours en vigueur, que semblent ne pas respecter les différents acteurs des secteurs. Aussitôt cette loi votée, les agents du secteur de la justice ont enclenché automatiquement un mouvement de débrayage de soixante-douze (72) heures renouvelables par tacite reconduction chaque semaine et ceci à compter du 2 janvier 2018.

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Furieux également du vote de cette loi et ayant constaté l’état stagnant des négociations, les agents hospitaliers ont aussi amorcé à compter de ce mardi 16 janvier 2018 une grève pour non seulement revenir sur leurs points revendicatifs d’antan mais également fustiger le vote de cette loi qu’ils considèrent de scélérate.

[bs-quote quote= »Pour également riposter à ce qu’ils qualifient d’affront fait du retrait du droit de grève aux magistrats, l’assemblée nationale générale de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), en sa séance du jeudi 4 janvier 2018, a décidé d’observer un mouvement de grève de cinq (5) jours sur cinq (5) à compter du lundi 8 janvier 2018 tacitement reconductible. » style= »style-7″ align= »center » color= »#c4c4c4″ author_name= »UNAMAB » author_job= »Assemblée générale »][/bs-quote]

De ces nombreux mouvements de grève dans ces secteurs, vient s’ajouter celui des travailleurs de l’enseignement et autres syndicats affiliés aux confédérations et centrales syndicales des travailleurs du Bénin. Aussi, menacent-ils, de protester contre les mesures antisociales souvent prises par le gouvernement Talon.

Une paralysie générale de tous ces secteurs qui ne présage aucunement le développement tant souhaité par le Béninois et pour lequel il a jeté son dévolu sur Patrice Talon qui prônait le changement lors du scrutin présidentiel de mars 2016.

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