Bénin : les probables éléphants blancs du PAG « Bénin Révélé »

Le président de la République du Bénin, Patrice Talon a annoncé plusieurs réformes pour redonner aux populations l’espoir à partir d’un développement prodigieux. Mais à l’épreuve du pouvoir, il s’engage sur des chantiers où sa chance de réussite est très limitée.

Réformes politique, économique, institutionnelle, partisane, administrative… sont les plus grands chantiers annoncés par le pouvoir de la « rupture ». Ces réformes, pense l’homme du « nouveau départ », sont nécessaires qui pourraient au finish, inscrire le Bénin au rang des nations en développement ; de sorte que lui-même, au soir de son règne, il soit porté au triomphe.

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Mais depuis environ deux ans qu’il est aux affaires, rien ne semble traduire cette volonté qui a suscité admiration et grand espoir. Plusieurs actions qui devraient corroborer cette annonce quasi endormante mettent plutôt à rude épreuve, la cohésion sociale, fragilisent le dialogue social et rendent difficile la vie en société. Elles sèment partout l’inégalité sociale, aggravent la misère du peuple et le chômage des jeunes.

Les créateurs de la richesse nationale traqués de partout, ont dû mettre pour les uns, la clé sous le paillasson et pour les autres, ils se sont exilés pour trouver mieux ailleurs où leurs affaires sont plus sécurisées.

Le libéralisme économique consacré par la constitution béninoise est foulé aux pieds, avec une forte tendance à la monopolisation. A preuve, la filière du coton semble contrôlée par une seule structure, depuis le produit brut à semi fini. D’autres secteurs d’activité sont passés sous gérance déléguée, malgré l’existence de potentiel pour les redynamiser.

La chaîne des éléphants blancs

Plusieurs chantiers ouverts risquent de connaitre soit une fin tragique, soit ne jamais finir. La vision affichée au sommet de l’Etat, soutenue par un Programme d’action du gouvernement (PAG) en pointillés, comporte le germe d’un fiasco sonore. C’est le cas des espaces publics libérés sous opération commando, mais qui resteront indéfiniment sans la moindre action de revalorisation.

De même, la construction de l’aéroport de Glo-Djigbé, ne sera pas des plus aisés en ce sens que déjà, l’opération de dédommagement pour cause d’utilité publique a du plomb dans l’aile ; les présumés propriétaires se fâchent avec le gouvernement, qui a visiblement sous-estimé la valeur de leurs biens. Et que dire de la construction des logements sociaux?  De même, la construction de la voie de contournement de Cotonou par la construction d’un pont sur le lac Nokoué restera un vœu pieux. Par ailleurs, la création d’une police républicaine qui met ensemble gendarmerie et police, a un goût d’inachevé. Le retrait du droit de grève à certaines catégories d’agents publics connait un désaveu cinglant d’un parlement résiduel et appendice du gouvernement.

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Pendant ce temps, on continue de maintenir le peuple sous la misère, lui promettant un lendemain mielleux pour très bientôt. Là, le chef de l’Etat s’est lui-même fixé un délai de deux ans au bout duquel « les gens vont respirer ». Mais en attendant, pas d’indice qui démontre cela, que très prochainement, les choses s’amélioreront. Même sur des chantiers qui rencontrent l’adhésion de la majorité, non pas parlementaire mécanique, il y a à dire. Il y manque la méthode pour introduire ces réformes.

En somme, le gouvernement du « nouveau départ » marque toujours le pas du départ, sans pouvoir engager réellement le second pas qui traduirait une certaine avancée. On constate en dernière analyse que ce gouvernement, bien qu’audacieux, semble faire des choix dangereux, qui ne favoriseront guère la transformation envisagée. Peut-être qu’une réforme intellectuelle nous y aiderait comme il l’avait si bien souhaité lors de la cérémonie de présentation de vœux du nouvel an des institutions de la République.

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