Après kadhafi, Nana Akufo-Addo pourrait bien être le prochain héraut d’une Afrique prospère

C’est un message qu’il martèle en boucle et qui a fait de lui une star sur les réseaux sociaux: les pays africains ne devraient plus s’appuyer sur l’aide internationale pour financer leur développement.

Comme pour démontrer qu’il n’est pas qu’un homme de parole, le Président ghanéen Nana Akufo-Addo a annoncé que son pays renonçait au soutien du Fond monétaire international à compter de 2018.

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C’est devenu un mantra. Il l’a encore répété lors de la visite de la souveraine des Belges, la reine Mathilde. «Nous ne pouvons pas sortir de la pauvreté et atteindre les ODD (Objectifs de développement durable) grâce à la charité et à la bienveillance des autres. Si nous voulons réussir à faire bouger l’Afrique eu égard à l’aide, cela ne peut se résumer à un simple slogan», a déclaré le 9 février 2018 le président ghanéen Nana Akufo-Addo.

Joignant le geste à la parole, Nana Akufo-Addo avait confirmé la veille à des parlementaires ghanéens en joie que son pays allait se passer de l’assistance du Fonds monétaire international (FMI), au terme du programme de financement dont il jouissait depuis 2015.

Accra bénéficie de la Facilité élargie de crédit (FEC). Selon le site du FMI, la FEC apporte «un soutien à moyen terme aux pays à faible revenu».

Pour ses 61 ans d’indépendance, qui seront célébrés le 6 mars 2018, le Ghana s’offre un petit cadeau qui illustre le leitmotiv de son président, que beaucoup découvrent à la faveur de la visite du président français Emmanuel Macron en novembre 2017. Jusqu’ici, Nana Akufo-Addo s’était plutôt fait remarquer pour l’effectif pléthorique de son gouvernement ou pour avoir plagié deux présidents américains pour son discours inaugural.

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Se développer en faisant appel à ses ressources

«Nous ne pouvons pas continuer à élaborer des politiques pour nous-mêmes, notre pays, notre région et notre continent en nous appuyant sur l’aide que les Occidentaux, la France, l’Union européenne, peuvent nous apporter», déclarait-il en novembre 2017 lors d’une conférence de presse avec son homologue français Emmanuel Macron.

Le ton était ferme mais empreint de diplomatie pour ne pas heurter les bailleurs de fonds qui continuent (encore) de soutenir le Ghana et les pays africains, analyse Géopolis.

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Le propos a été réitéré, toujours face à Emmanuel Macron à Dakar, au Sénégal. Lors d’un sommet sur le financement de l’éducation, le président ghanéen a souligné que le continent avait suffisamment de ressources pour éduquer sa jeunesse, notamment si elle parvenait à lutter contre la corruption et la fuite des capitaux.

Selon Nana Akufo-Addo, citant un rapport de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki sur les flux financiers illicites publié en 2015, le continent africain perd ainsi chaque année, en moyenne, 50 milliards de dollars.  Ses interventions qui soulignent la nécessité pour les pays africains de ne plus s’appuyer sur l’aide internationale pour financer leur politique de développement, ont été plébiscitées par les internautes.

Cependant, au-delà de la posture, le président ghanéen énonce une évidence liée à la prévisibilité des ressources, surtout pour un Etat. «Si nos politiques dépendent d’autres acteurs, soulignait Nana Akufo-Addo à Dakar, si ces dernières changent, nous en souffriront.»

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Continuant son analyse pertinente, Géopolis Afrique rapporte que le dernier rapport de l’ONG One sur le financement du développement, publié en 2017, constate que «si l’aide publique au développement (APD) augmente au niveau mondial, la part allouée aux pays les moins avancés (PMA) et à l’Afrique diminue». Plus globalement, poursuit le document, «les ressources pour soutenir le développement des pays africains – l’APD, les revenus domestiques et les IDE (Investissements directs à l’étranger) combinés – ont chuté de 22% depuis 2012. Entre temps, la population en Afrique a augmenté de 14%.»

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Financer son propre développement pour «rester au contrôle de (sa) destinée», prône Nana Akufo-Addo, mais peut-être aussi parce que pour de nombreux experts, l’aide publique est inefficace. Parmi eux, la Zambienne Dambisa Moyo. Elle défend sa thèse dans L’Aide fatale (Jean-Claude Lattès) paru en 2009. Non content de ne pas parvenir à sortir les pays africains de la pauvreté, elle favoriserait, entre autres, la corruption.

Embellie économique au Ghana

En attendant, le dirigeant ghanéen a confié les finances de son pays à son cousin, Ken Ofori-Atta. Le banquier a fait ses études à Yale et à Columbia. Après une brillante carrière internationale, il est rentré chez lui pour créer le groupe financier Databank qu’il a dirigé pendant plus d’une vingtaine d’années. Faisant fi des critiques sur ses liens familiaux avec le ministre des Finances, Nana Akufo-Addo estime qu’il est un «atout national».

Les indicateurs macro-économiques du Ghana qui connaissent une embellie viennent étayer les déclarations du président ghanéen. L’inflation, de 10,3% en janvier 2018, a atteint son niveau le plus bas depuis 2013, selon l’agence Ecofin. Par ailleurs, «la croissance du PIB (était) de 9,3% au troisième trimestre de 2017, contre 3,5% lors de la même période en 2016».

«Nous avons réduit les impôts, nous réduisons l’inflation et les taux d’intérêt, la croissance économique augmente (…) et les signes indiquent qu’elle sera encore meilleure cette année», résumait le chef de l’Etat ghanéen le 8 février 2018.

 «Nous avons augmenté nos réserves internationales, maintenu la stabilité relative du taux de change, réduit le ratio dette/PIB et le taux d’accumulation de la dette, nous avons payé près de la moitié des arriérés hérités, et surtout, nous avons des obligations envers les fonds statutaires.»

Le Ghana semble sur la bonne voie, mais la Banque mondiale lui a encore conseillé de réduire ses importations de produits agricoles en misant sur sa propre agriculture. Histoire de consommer ghanéen dans tous les domaines. Le discours de Nana Akufo-Addo n’est donc pas novateur.

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Le Burkinabè Thomas Sankara ou même le père de l’indépendance ghanéenne Kwame Nkrumah, qui l’envisageait d’un point de vue panafricaniste, n’en pensait pas moins. Mais la répétition est pédagogique, reconnait à la fin de son analyse, Géopolis Afrique.

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