Bénin – défalcation sur salaires : le gouvernement Talon veut-il attiser le feu des syndicalistes ?

La question de la défalcation sur salaires des agents grévistes dans les différents secteurs surtout celui de l’enseignement défraie la chronique et agite les débats tant au sein des confédérations et centrales syndicales que dans l’opinion publique nationale.

Dans une note adressée par le ministre en charge de l’économie et des finances, l’argentier national demande à ce qu’un recensement des agents n’ayant pas répondu présent à leurs postes pour le travail pendant la période de janvier à février 2018 soit fait.

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Suivant cette circulaire, le ministre entend faire le point afin de procéder à la défalcation sur salaire de ces agents pour fait de grève.

L’acte, en lui-même est légal puisque les dispositions réglementaires régissant la République du Bénin le recommandent dans des cas où la grève est jugée illégale et inopportune.

Certes la grève est un « acquis constitutionnel » mais celle-ci doit être menée dans les formes définies par la loi.

Elle est une manifestation de colère accordée par cette constitution adoptée par le peuple béninois le 11 décembre 1990 à la suite de l’historique conférence des forces vives de la nation tenu en février de la même année.

De l’essence sur le feu ?

Fort de cette reconnaissance constitutionnelle et au regard de la non satisfaction de leur plateforme revendicative, les travailleurs des secteurs de la santé, de l’enseignement et de la justice étaient entrés en grève afin d’exiger du gouvernement Talon la satisfaction de leurs revendications.

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Si le mouvement de débrayage a été motivé, dès le début, par le vote de la loi modifiant et complétant le statut de la fonction publique et qui a vu l’introduction du retrait du droit de grève à ces travailleurs, ce mouvement a évolué avec à la clé, des dizaines de point revendicatifs après la décision de la Cour constitutionnelle la déclarant non conforme à la loi fondamentale du pays.

Pour le gouvernement Talon, il s’agit d’une grève « fantaisiste » puisque ne répondant pas aux normes fixées par la loi l’encadrant. Mais pour les travailleurs, la grève vaut tout son pesant d’or. Deux propositions antagonistes figées des deux côtés.

Ne jugeant donc pas de la pertinence de cette grève dans un contexte où les réformes sont engagées afin d’impulser un nouveau dynamisme de développement au pays, le gouvernement veut défalquer sur salaires des agents grévistes.

Ce serait peut-être une première sous le régime Talon mais les Béninois et les mêmes travailleurs l’avaient vécu sous la première mandature du Président Thomas Boni Yayi.

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En 2008, le régime Yayi avait procédé à la défalcation sur salaire des agents grévistes. Mais la suite, les archives sont là et témoignent de l’échec d’une telle initiative qui avait même obligé Thomas Boni Yayi et son gouvernement d’alors, de rétrocéder les fonds défalqués.

 » Pourquoi doit- on faire des défalcations sur les salaires des travailleurs alors que leurs revendications sont fondées et que la grève est légitime ?  » s’interrogent nombres de responsables syndicaux suite à la circulaire du ministre.

« Mais comme en 2008, nous irons au bout et nous allons durcir le ton en allant bientôt à cinq (5) jours de grève sur 5. Le dernier jour qu’est le vendredi que nous travaillons semble ne plus plaire au gouvernement et son Chef », a presque juré le secrétaire général de la CSTB, Kassa Mampo.

L’histoire du pays retient qu’à chaque annonce de défalcation, le ton monte toujours d’un clan et le mouvement passe à la vitesse supérieure. Le gouvernement Talon voudrait bien faire cette expérience ou voudrait-il procéder à une intimidation pour mieux contrôler ces travailleurs ? Ces questions restent posées.

Mais il est à signaler que les deux rounds de négociation avec les membres du conseil national du dialogue social n’ont accouché que d’une souris.

Même la rencontre avec le Chef de l’Etat, Patrice Talon n’a été qu’un fiasco selon les déclarations des secrétaires généraux à leur sortie de cette rencontre.

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Le Chef de l’Etat, Patrice Talon et son gouvernement iront-ils jusqu’au bout ? Seuls les prochains jours en témoigneront.

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