Bénin – fronde sociale: le Comité Confédéral invite les travailleurs à poursuivre les grèves

A l’issue de sa première session ordinaire tenue ce jeudi 15 Février 2018; session au cours de laquelle il a passé en revue la situation socio économique du pays et le niveau d’avancement des négociations  centrales syndicales et gouvernement, le comité confédéral national (ccn) invite les travailleurs à maintenir le cap en poursuivant les mouvements de grève jusqu’à la satisfaction des revendications. Lire ci-dessous le contenu du point de presse rendu public par le secrétaire général confédéral.

– Mesdames et Messieurs les amis de la presse,
– Camarades travailleurs,
Je vous souhaite la bienvenue à la bourse du travail.
Comme annoncé par la Secrétaire Générale Adjointe, nous vous avons invité ce matin pour partager avec vous les conclusions de la première session ordinaire du Comité Confédéral National (CCN) de la CSTB qui s’est réuni le jeudi 08 février 2018.
A cette rencontre les membres du Comité Confédéral National ont procédé à l’analyse de la situation socio-politique nationale et ont fait le point du déroulement de la grève générale en cours et des différentes rencontres que les confédérations ont eues avec le gouvernement.
L’analyse de la situation nationale a montré que dans tout le pays les gens crient “Nous avons faim. Nous n’en pouvons plus. L’argent ne circule plus“. Plusieurs opérateurs économiques ont fermé renvoyant des milliers de travailleurs au chômage. Pendant ce temps, les gouvernants se partagent allègrement les ressources du pays par des salaires politiques hors normes et des marchés distribués à des proches au gré-à-gré.
C’est certainement cette crise qui a motivé que la grève générale ait paralysé presque tout le pays au niveau des services publics depuis plusieurs semaines.
La grève a été un succès.
Cette grève bénéficie particulièrement du soutient des travailleurs non salariés qui crient partout : trop c’est trop, ce gouvernement exagère.
Pour ce qui est des négociations avec le gouvernement, les trois jours d’échange, comme vous le savez, n’ont rien donné de concret. Même au niveau des statuts particuliers des enseignants du primaire et du secondaire, aucun engagement sérieux et concret n’est pris par le gouvernement. Une nouvelle commission est installée pour réévaluer le coût de l’application des projets d’arrêtés et proposer des scénaris que le gouvernement va apprécier. Et là encore, nous apprenons que les projets d’arrêtés concernant l’indexation des salaires des enseignants des deux ordres n’ont pas été pris. Les projets d’arrêtés pris ne concernent que des primes, qui ne suivent pas le travailleur à la retraite.
Au palais de la marina, le Président de la République, lui-même, a confirmé, le mardi 06 février 2018, que le gouvernement n’entend prendre aucun engagement pour la satisfaction de nos revendications sous prétexte que les travailleurs salariés de la fonction publique sont minoritaires par rapport aux autres contribuables du budget national qui ont aussi des besoins à satisfaire.
Le Président, au cours de la rencontre qu’il a eu avec les Secrétaires Généraux des Confédérations syndicale, a mis un accent particulier sur la nécessité de comprendre sa politique afin d’accepter les reformes qu’il propose.
Il a insisté sur la nécessité pour les citoyens d’un pays de laisser tout Président élu, terminer son mandat même si on n’est pas d’accord avec sa gouvernance. De même il estime que les travailleurs ne doivent pas contester les lois votées par le parlement ou les décisions prises par la cour constitutionnelle même si celles sont scélérates. A cet effet il a affirmé que c’est sur son initiative que les députés ont retiré le droit de grève aux travailleurs de la santé et à ceux de la justice y compris les magistrats. Il dit qu’il a échoué, mais qu’il reviendra sur le projet. Certainement qu’il attendra quand l’actuel cour constitutionnelle aura fini son mandat en juin prochain et qu’il aura nommé des gens acquis à sa cause, pour réintroduire le projet et retirer facilement aux travailleurs, secteur par secteur, le droit de grève en commençant par la santé et les magistrats.
Alors, nous sommes avertis. Une dictature féroce est en train de s’installer dans notre pays pour nous arracher tous nos acquis au profit de Patrice TALON et de son clan qui veulent s’accaparer de tous les biens du Bénin et vendre le reste aux étrangers. Les travailleurs doivent poursuivre la grève autour de leurs revendications qui sont de deux ordres :
I- les revendications d’ordre général (qui concernent tous les travailleurs et les peuples);
II- les revendications à caractère sectoriel (qui sont aussi très importantes)
I- les revendications d’ordre général :
1- les libertés et sanctions des violateurs (violation des libertés syndicales : Exemple : Arrestations des grévistes travailleurs, élèves et étudiants, réquisitions illégales des grévistes ; répression des responsables syndicaux comme Patrice TREKPO, Laurent METONGNON, Edouard ADEGOKE et leurs coaccusés ; interdiction des manifestations publiques à Cotonou par TOBOULA, etc. il faut sanctionner les violateurs des libertés pour garantir la jouissance des droits);
2- l’augmentation des salaires des travailleurs en rapport avec les salaires politiques pour résoudre le problème de la faim (Augmentation du SMIG, de la valeur du point indiciaire, la hiérarchisation des salaires : cette revendication est très importante pour lutter contre la faim et la misère et elle concerne tous les travailleurs du publiques et du privé y compris les retraités) ;
3- mettre fin aux privatisations des services publics et ramener les services et sociétés privatisés dans le giron de l’Etat (non à la privatisation du port, de l’aéroport, des télécommunications, de la SBEE, de la SONEB, des hôpitaux publics, etc. ; ramener les sociétés privatisées telles que la SONAPRA, l’ONASA, l’ONS, etc. dans le patrimoine de l’Etat et régler le problème des agents licenciés) ;
4- mettre fin à la ruine de l’école et de la santé : pour l’école : régler les problèmes des statuts particuliers des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire ; régler les problèmes des vacataires ; des contractuels reversés depuis 2008 et menacés de licenciement ; des reclassements, des enseignants sans salaires ; régler les divers problèmes des élèves, des étudiants, des administratifs et des professeurs d’universités, etc.
A la santé : régler les problèmes de plateau technique, de disparités catégorielles, de paiement d’arriérés de primes et indemnités, régler le problème d’augmentation de la prime de logement, respecter le protocole d’accord que le gouvernement a signé avec les représentants du syndicat de la santé, etc.
II- Revendications à caractère sectoriel.
Les différentes revendications sectorielles des travailleurs de différents ministères et secteurs sont à prendre absolument en compte :
ministère du développement rural (statuts particuliers et divers problèmes) ; – ministère des transports et des travaux publics (régler les divers problèmes des travailleurs) ; – ministère de la justice (régler les divers problèmes des travailleurs dont celui des statuts particuliers du personnel administratif); – ministère de la jeunesse et des sports (régler les divers problèmes des travailleurs) ; – ministère de la décentralisation (régler les divers problèmes des travailleurs); – ministère de l’Intérieur (régler les divers problèmes des policiers et des gendarmes qui se compliquent avec la diffusion des deux (02) corps ; (régler les problèmes des travailleurs civils) ;  – ministère du développement et du plan (régler les divers problèmes des travailleurs); – ministère des affaires étrangères (régler les divers problèmes des travailleurs); – ministère de l’industrie et de la culture (régler les divers problèmes des travailleurs) ; – prendre en compte les problèmes des travailleurs des autres ministères y compris les militaires ; – port autonome de Cotonou (dockers, etc…) (régler les divers problèmes des travailleurs); – le secteur privé écrasé par la nouvelle loi sur l’embauche et résiliation de contrat (régler les divers problèmes des travailleurs).
C’est en prenant des engagements sur les différentes revendications à caractère général et spécifique que le gouvernement pourra calmer la tension qui est très vive actuellement.
Conclusion
Le CCN donne raison aux travailleurs qui entendent poursuivre la grève jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Camarades, vous avez raison. Poursuivez la grève et organisez partout des Assemblées Générales, des sit-in et marches comme vous le faite déjà avec le soutien des populations en vue d’amener le gouvernement à entendre raison. Continuez de mettre en garde vos responsables à tous les niveaux contre d’éventuels actes de trahison.
Seule la lutte paie !
Je vous remercie !
Cotonou, le 15 février 2018.
Le Secrétaire Général Confédéral

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