Bénin: les députés s’imprègnent des enjeux et objectifs de la reforme du système partisan

Le président de l’Assemblée Nationale a procédé dans la matinée de ce jeudi 15 février 2018 à l’ouverture d’un séminaire sur la reforme du système partisan.

Dans son discours d’ouverture , le président Adrien Houngbédji est revenu sur les objectifs du séminaire. *

[su_heading size= »17″]A (re) lire aussi : « On ne crée pas un parti politique simplement pour rester dans l’opposition », Adrien Houngbédji [/su_heading]

Il a également rappelé aux députés que la réforme du système partisan voulue par le Chef de l’Etat coïncide avec le projet phare de la 7ème législature. C’est pourquoi il les a invité à participer activement à ce séminaire pour en sortir des résolutions unanimes pour la réussite de la réforme.

Intégralité du discours

DISCOURS DE MAÎTRE ADRIEN HOUNGBEDJI, PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
A
L’OUVERTUREDU SEMINAIRE PARLEMENTAIRE SUR LA REFORME DU SYSTEME PARTISAN

Cotonou Azalai Hôtel de la Plage
Le15février 2017

Mesdames et Messieurs les membres du Bureau de l’Assemblée nationale
Mesdames et Messieurs les membres de la Conférence des Présidents
Honorables députés à l’Assemblée nationale
Madame et Messieurs les Membres du gouvernement
Madame et Messieurs les représentants des Institutions de la République
Monsieur le Représentant du PNUD, Coordonnateur Résident des Activités Opérationnelles du Système des Nations Unies au Bénin
Madame la Coordinatrice régionale de Hanns Seidel
Excellence Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique et consulaire,
Excellence Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations non gouvernementales,
Dignitaires, chefs religieux et Traditionnels
Mesdames et Messieurs les experts
Mesdames et Messieurs les Directeurs
Honorables invités
Mesdames et Messieurs,
Au nom de l’Assemblée nationale, de son Bureau, de la Conférence des Présidents et en mon nom personnel, je salue tous les participants à cet atelier parlementaire sur la réforme du système partisan au Bénin.
J’adresse mes sincères remerciements aux partenaires techniques et financiers de l’Assemblée nationale, qui nous accompagnent dans la mise en œuvre de nos projets.
Je salue la présence parmi nous de nos invités de la classe politique comme de la société civile.
Je salue les experts et les spécialistes de la science politique qui sont venus partager leurs expériences à ce rendez-vous du donner et du recevoir.
À toutes et à tous, je souhaite la bienvenue en ces lieux et me réjouis déjà à l’idée que les objectifs du présent séminaire seront largement atteints, rien qu’à considérer la qualité et la diversité de profils des participants.

Honorables Députés
Mesdames et Messieurs
L’émergence d’un modèle de démocratie libérale en Afrique noire a connu une phase d’accélération au tournant des années 90, avec l’épisode des conférences nationales. Notre pays a été le précurseur de cette accélération qui a ouvert une période d’éclosion du pluralisme démocratique.
Cette accélération s’est produite dans une région caractérisée par une forte explosion démographique avec un rajeunissement significatif. La population actuellement supérieure à 370 millions d’habitants, dans la sous-région Ouest-africaine atteindra 450 millions d’ici à 2025. Les moins de 15 ans y atteignent la proportion de 45%, ce qui représente un défi pour les responsables politiques à tous les niveaux.
Cette sous région est également caractérisée par un taux de pauvreté élevé qui affecte près de 50% de la population, malgré de grandes potentialités humaines, culturelles et naturelles.
En l’absence de politiques concertées, les peuples se battent comme ils le peuvent pour faire face à de multiples défis : alimentaire, sanitaire, éducationnel, infrastructurel… etc. Avec beaucoup de dynamisme, et de créativité.
Comment alors, dans cette perspective, les partis politiques doivent-ils s’organiser et agir pour mieux représenter ces peuples en demande de paix, de liberté, de démocratie, de bien être et de progrès économique et social ?
La politique dans nos pays n’est pas seulement soumise à des contraintes sociales économiques et démographiques. Elle bute aussi sur des obstacles qui font de la démocratisation un processus discontinu et inachevé. L’option du multipartisme intégral a en effet induit une prolifération des partis politiques légalement constitués qui varient de 50 à plus de 200 dans des pays n’atteignant pas 15 millions d’habitants. Dans beaucoup de cas, leur existence de droit, ne s’accompagne pas d’une réalité dans la vie publique, par une éducation des citoyens et au moins une participation aux élections et aux débats sur les grands enjeux.
Pour ce qui concerne notre pays, il est presque unaniment reconnu que l’atomisation de la classe politique en une multitude de partis a eu pour conséquences, entre autres :
Un déficit fréquent de projet de société et de programme précis pouvant favoriser la saine compétition et l’émulation dans le jeu politique ;
Un fort déficit de citoyenneté et de culture démocratique, facteurs d’intolérance et de défiance ;
Une absence fréquente d’autonomie financière qui hypothèque la liberté et la solidité des partis, et une clientélisation des militants ;
Mes chers collègues,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Je suis intimement convaincu que chacun de nous a, à sa manière, revisité notre système politique et établi, comme il le peut, le bilan de l’usage que nous en avons fait.
Je suis convaincu que chacun de nous s’est conforté dans l’idée que le temps est venu de relire notre charte des partis politiques, d’en élaborer une nouvelle plus favorable à une animation réelle et permanente de la vie publique, et à un financement public de la vie politique.
L’objectif est de consolider la démocratie pluraliste, tout en conjurant l’extrême fragmentation politique qui affecte l’espace public. Cette nouvelle permettra, sans nul doute, de juguler la crise de gouvernance qui aggrave le mal-développement et la perte de légitimité des partis politiques, soumis à de rudes épreuves de remise en question.
Sans tomber dans une logique de limitation a priori, du nombre de partis politiques, nous devons trouver les dispositifs ou les dispositions démocratiques à introduire dans notre Charte pour rationaliser le multipartisme intégral, le moraliser autant que faire se peut, et éviter les risques d’atteinte à sa crédibilité et à sa fonctionnalité.
Dans un objectif de paix durable, et de développement durable.
La responsabilité et le rôle des partis politiques, dans cette perspective, sont connus de tous. Nous devons constamment convaincre du caractère essentiellement pacifique de la politique en démocratie et faire de ses normes des valeurs effectivement partagées par tous les partis, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition. La démocratie doit être conçue par les acteurs politiques comme un cadre de régulation et d’expression pacifique des contradictions et des différences.
Dans les dispositions à introduire dans notre chartre des partis politiques, il me parait utile de rechercher, dans toute la mesure du possible, la manière de conjurer toute manipulation de l’ethnicité et son impact sur la paix civile et l’unité nationale.
Nécessaire aussi de rechercher la mise en pratique d’une politique d’inclusion, de non-discrimination, et assumer ainsi un devoir de respect de la diversité culturelle, sans préjudice pour les dynamiques positives de brassage porteuses d’une nouvelle citoyenneté. Nécessaire enfin de pouvoir assumer une prise en compte de la diversité culturelle et confessionnelle, en impliquant les communautés dans la démocratie tout en prévenant et conjurant les dérives identitaires.
Il me plaît de réaffirmer ici que la réforme du système partisan constitue l’un des projets phares de la 7ème législature, comme en témoignent sa récurrence dans mes discours, en commençant par celui de mon investiture le 15 juin 2015, son inscription comme axe stratégique n°1 du plan stratégique de développement et de modernisation de l’Assemblée nationale et, enfin, les réflexions conduites au sein du Parlement sur ce sujet dont la substance constitue le support théorique et conceptuel du présent séminaire.
Comme vous pouvez le constater, l’organisation du présent atelier sur la réforme du système partisan au Bénin s’inscrit dans une suite logique, et vient parachever une préparation méthodique. Il convient cependant de souligner, qu’il s’agit d’une réforme que l’institution parlementaire a en partage avec le candidat Patrice Talon, qui a eu le mérite, une fois devenu président de la République, d’en faire l’une de ses propositions phares.
Je me réjouis donc que les deux institutions de la République, l’Assemblée nationale et le gouvernement soient à l’unisson pour conduire à bon port cette importante réforme, qui apportera un souffle nouveau à la démocratie dans notre pays.
Mes collègues députés et moi même avons compris qu’il convient de se donner le temps d’un vrai débat dans la société avant de légiférer. Je suis le garant de cette volonté commune, et j’ai à cœur que notre société puisse s’adapter aux réalités vécues, que la loi puisse refléter ces réalités dans le cadre de ce qui est son esprit constant et que nous puissions aussi donner à ces réalités un cadre éthique indispensable.
C’est tout le sens du séminaire atelier de ce jour.
Les objectifs assignés au présent séminaire ont été clairement définis dans les termes de référence qu’il me plait de vous rappeler ici. Il s’agira entre autres :
De sensibiliser la classe politique en général et les députés de la 7ème législature en particulier sur les enjeux d’une réforme pertinente du système partisan ;
De procéder à un examen critique de la mise en œuvre de la loi n°2001-21 du 21 février 2003 portant charte des partis politiques, ses forces et ses faiblesses ;
D’échanger sur les voies et moyens de rénover cette charte à travers un avant-projet de proposition de loi dans le sens d’une clarification du paysage politique national, d’une plus grande efficacité de l’activité des partis, d’un financement public adéquat et de l’exercice de la démocratie interne au sein des partis.
Enfin de déterminer les étapes pour sa mise en œuvre effective dans un délai qui tienne compte de l’imminence de l’organisation des élections législatives en 2019.

Honorables députés
Mesdames et Messieurs
Avec cette réforme, la démocratie béninoise fera un bond qualitatif décisif dans la voie de son approfondissement. J’attends donc de vos travaux des résultats palpables, concrets, faisant l’objet d’un consensus qui pourra servir de base à l’adoption d’un cadre législatif rénové, plus adapté aux exigences de la pratique démocratique dans notre pays.
C’est l’occasion pour moi de renouveler ma gratitude à Monsieur le Représentant Résident du PNUD, Coordonnateur Résident des Activités Opérationnelles du Système des Nations Unies au Bénin et à Madame la Coordonnatrice régionale de Hanns Seidel, qui en 2015 dès le prononcé de mon discours d’investiture ont, spontanément manifesté leur intérêt à soutenir le projet et ont concrétisé cet intérêt par leur précieuse assistance à la tenue des assises de ce jour.
Pour terminer, je renouvelle mes remerciements aux partenaires techniques et financiers de l’Assemblée Nationale et aux invités qui ont honoré de leur présence la présente rencontre.
Je remercie le gouvernement pour l’intérêt soutenu qu’il porte à nos travaux.
Je remercie tous les formateurs politiques disponibles qui se sont montrés ouverts au débats, et j’exhorte les autres à un effort d’écoute et de dialogue.
Je félicite les députés et les cadres qui ont assuré la préparation intellectuelle du séminaire sans oublier les membres du comité d’organisation ainsi que les hommes des médias qui sont venus assurer la couverture médiatique du présent atelier parlementaire.
En souhaitant plein succès à nos travaux, je déclare ouvert ce jour jeudi 15 février 2018, le séminaire parlementaire sur la réforme du système partisan au Bénin.

Vive la démocratie
Vive le Benin
Je vous remercie.

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