Bénin – Dans les méandres du pouvoir Yayi : la « Mémoire du chaudron » (épisode 15 à 17)

L’ancien Conseiller technique à la communication du président Boni Yayi, Tiburce Adagbè, rend public ses mémoires des faits vécus à la présidence de la République entre 2006 et 2011. Intitulés la « Mémoire du chaudron », les écrits croustillants de Tiburce Adagbè rentrent dans les méandres du pouvoir Yayi. 

Voici les épisodes 15, 16 et 17 de la « Mémoire du chaudron ».

Mémoire du chaudron épisode 15

Un soleil de plomb irradiait le petit village frontalier de Ouaké lorsque nos voitures franchirent le seuil du portail donnant accès à une vaste cour plantée d’arbres aux feuillages touffus. Une bâtisse à un ou deux niveaux à l’aspect savant trônait au fond, à droite de l’entrée. Le calme qui y régnait en ce 1er Novembre 2003 n’était perturbé que par les bruits de mortiers dont la cadence s’accélérait au fur et à mesure que la cour se remplissait de nos véhicules.

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« Bienvenus chez moi« , nous lança Kessilé Tchalla en nous embrassant chaleureusement aux pieds des marches d’escaliers donnant sur la petite véranda du rez-de- chaussée. Il mit un point d’honneur à nous faire individuellement l’accolade, avant de nous inviter à monter à l’étage où se trouvaient déjà Yayi qui devisait bruyamment au milieu d’une demi-dizaine d’autres personnes dont une ou deux m’étaient inconnues. Nous étions venus avec un temps de retard. Notre voyage ne fut pas facile en effet.

Partis de Cotonou aux environs de 8h, nous devrions rallier deux autres voitures à la hauteur de Bohicon pour faire la suite du trajet en convois. A Bohicon nous attendaient, alignées sur le bas-côté du goudron, un peu après le grand carrefour Mokas, les voitures de Tundé et de Gero Amoussouga. J »occupais, avec Issifou kogui Ndouro et Paulin Dossa, une Toyota Carina 3. Pour des raisons d’ordre pratique, la voiture de Tundé qui signalait quelques détresses mécaniques malgré son état neuf, prit la tête de ce modeste convoi.

Nous roulions donc à vitesse moyenne, nous arrêtant de temps en temps pour laisser redescendre l’aiguille de chauffage de la voiture de tête. Mais à la sortie de Savalou, un peu au milieu de nulle part, la voiture de Tundé donna les feux de détresse et eu juste le temps de quitter la chaussée avant de s’immobiliser. Un problème de courroie-alternateur, nous dit le chauffeur après avoir jeté un coup d’œil dans le capot.

C’est dire que notre arrivée à Ouaké après quinze heures alors que nous y étions attendus avant midi, fut pour nous un immense soulagement. Il m’arriva plusieurs fois par la suite, lors des dialogues de sourds qui m’opposaient à Tundé et en pensant à ce pénible voyage sur Ouaké, de me dire avec amusement : « ce type était un vrai boulet depuis le début« .
Aussitôt arrivés, nous passâmes directement à table. « L’igname pilée n’attend pas« , répétait Tchalla en mettant du mieux qu’il pouvait, l’ambiance dans la salle.

Le déjeuner à peine terminé, nous entrâmes directement dans le vif du sujet. Nous étions au total 13 dans la petite salle. Ce fut encore le docteur Kessilé Tchalla qui se mit debout pour introduire la séance. C’était un homme au verbe facile et succulent. Sa silhouette sèche et ingrate cachait une nature pourtant vive. C’était un homme cérébrale, avec une vaste culture. Je m’en étais aperçu lors des interminables débats que j’avais déjà eu avec lui sur différents sujets. Il trouvait toujours le moyen de lancer un sujet de réflexion et de supputation là où on s’y attendait le moins.

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Comme ce matin là où je le rencontrai à un petit déjeuner à trois au domicile de Yayi à Cadjèhoun. Sans que ne comprenne très bien ses motivations, Tchalla passa une grande partie du temps que dura le petit-déjeuner, à expliquer les méfaits de la consommation de l’œuf. Le problème, c’est qu’à la fin, il ne restait pas une miette de la vaste omelette qu’il avait dans son plat. J’appréciais surtout son optimisme qu’il savait rendre contagieuse.

Il faisait partie de ce que nous appelions « le groupe de Paris » et qui était composé de lui-même, de Issifou Kogui Ndouro, de Patrick Benon, de Antony Zinsou et de Max Awêkê. Un groupe que je trouvais surcôté. Le tribun conclut donc son introduction en invitant par un geste impeccable que nous faillîmes applaudir, « notre champion » à prendre la parole.
Yayi prit la parole puis, dans une effusion d’humilité, salua notre présence à cette rencontre qui, dit-il, devrait trancher définitivement la question de sa participation ou non à l’élection présidentielle de 2006.

Cette façon de présenter la chose me surprit. Je savais en effet qu’il ne pensait qu’à celà. Derrière la large fenêtre dans son dos, mon esprit voltigeait dans le magnifique paysage de vallons qui s’étalait au loin. Au fil de son développement, je compris avec stupéfaction que Yayi passait un message à Kerekou. Moi, disait-il, je ne serai jamais candidat contre mon papa. Il a été tout pour moi. Et si c’était sa volonté de se maintenir au pouvoir, je serai le premier à m’engager dans sa campagne.

Ce discours de Yayi, pour moi, signifiait une seule chose : il y avait au moins une personne dans la salle dont la présence ne le rassurait pas. Était-ce dans le même esprit qu’à la fin de la séance, il attira opportunément notre attention sur le nombre que nous faisions autour de lui ? 12…comme dans les évangiles ! Et dans ce cas, il y avait alors très certainement de la trahison dans l’air.

En observant les sièges vides ce soir au domicile de Francis da Silva, je repensai à ce jeu d’esprit de Yayi à Ouaké. Mais je me disait aussi qu’il ne pensait sans doute ni à son ami de jeu et de classe, Ishola, ni à son camarade d’amphi et des 400 coups, Fulbert Gero Amoussouga.

Mais la réalité était là. Ishola était passé à l’adversaire avec arme et bagages, en faisant circuler une réflexion bien sentie : « Yayi se satisfait de voir les autres à sa table tous les week-end. J’ai l’âge d’avoir ma propre table« . Quant à Amoussouga, il avait joué plus soft. Il nous fit parvenir plus tard le message sur la difficile conciliation entre sa position à l’Université et tout engagement politique ouvert…

Mémoire du chaudron épisode 16

Quand je vins à Bar Tito cet après-midi, l’ambiance était animée dans la deux-pièces qu’occupait la cellule de communication. Nous devrions faire avancer un projet cher à Charles Toko : la mobilisation des artistes autour de la campagne de Yayi Boni. Dans cette phase d’activité, je retrouvais de plus en plus Richmir Totah, un amoureux de la chose culturelle, amateur de son et de spectacles qui me fut présenté quelques semaines plus tôt.

Notre contact fut d’autant plus facile que je découvris son parcours qui était des plus atypiques. Richmir avait beau avoir âprement étudié l’agronomie, il ne s’en était remis qu’à la guitare-bass et à sa passion de l’organisation des spectacles pour le restant de sa vie. Il était agréable de compagnie et je je m’étais très vite lié d’amitié avec lui. Il espérait tout de la victoire de Yayi et sa motivation était une source supplémentaire d’énergie pour moi.

Je voyais également venir de plus en plus au siège de campagne, un jeune homme clair, court sur pieds, dont la vivacité du regard contrastait avec sa forme qui annonçait des rondeurs futures. Un certain Sidikou que Charles prenait au téléphone un nombre incalculable de fois par jour, au point parfois d’appeler n’importe qui Sidikou par lapsus, dans ses moments de grande fatigue. C’était un de ses handballeurs, m’avait-on expliqué. J’avais fini par cerner un aspect du fonctionnement de Charles. Il avait constamment besoin d’un homme de main.

Et tous ceux que j’avais vu se succéder autour de lui venaient exclusivement du milieu du handball dans lequel il s’investissait beaucoup, même si les grosses bulles de fumée de cigarette derrière lesquelles il disparaîssait souvent, me faisaient douter de ses réelles aptitudes physiques à tenir la durée d’un set. Avant Sidikou, il avait eu comme homme de main, un jeune et talentueux handballeur du nom de Ousmane Labo qui lui resta si fidèle que chaque fois qu’il apparaissait à notre rédaction au journal Le Progrès, on pouvait deviner sans erreur une commission de la part de Charles Toko.

Après Labo, il y a eu, de façon transitoire, un autre handballeur, Tchobo Yacinthe dont il fit le responsable de l’imprimerie du journal Le Matinal. Que devenaient ensuite toutes ces fidélités derrière lui ? Question. Toujours est-il que ce soir, nous avions à faire un premier point sur l’avancée des contacts avec les artistes et sur les passages en studio de ceux qui étaient prêts. La bonne nouvelle, c’est que quelques sons étaient déjà disponibles, dont notamment ceux de Gbessi Zolawadji et de Gbèzé.

Ah oui Gbèzé ! c’était ce trentenaire noir, à l’allure quelconque et aux cheveux coupés en « Karl Lewis », que je rencontrai un jour dans le modeste bureau qu’occupait Benoît Degla à Bar Tito en tant que Secrétaire général du siège de campagne. Ils étaient en effet tous les deux de Ouessè et j’avais vite compris que ce n’était pas la seule raison pour laquelle l’artiste lui donnait du « fofo » à profusion. Ces génies de nos localités étaient habiles, en effet, pour savoir rendre les honneurs à ceux de leurs corégionnaires qu’ils savaient capables de régulières générosités.

Dans le bureau de Degla, les discussions avec Gbèzé, bien que très détendues et très fraternelles, semblaient néanmoins bloquer sur un point. L’artiste avait déjà pris un engagement avec Edmond Agoua pour le compte de la cérémonie de déclaration de candidature de Bruno Amoussou prévue pour début 2006. A défaut donc de l’exclusivité que Benoît Degla négocia vainement, il nous proposa une semaine plus tard un titre à la gloire de notre candidat, qui nous mit immédiatement tous d’accord, tant par le lyrisme que par la rythmique.

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Des propositions spontanées, venant d’artistes plus ou moins sérieux, atterrissaient chaque jour à notre bureau. Un jour, pendant que j’étais seul, sans doute occupé à parcourir les journaux, un jeune homme mince, de teint clair, aux cils et sourcils noircis à l’antimoine, me fut introduit. Il tenait un CD et demandait à voir un responsable. Il venait, disait-il, de la part de Paulin Dossa. Mais ses airs efféminés et ce petit foulard blanc dont il s’était ceint la tête, ne me le rendaient pas particulièrement agréable.

D’un geste négligeant, je tendis la main pour prendre le CD qu’il tenait. Mais son refus fut net et ferme. Il voulait, disait-il, faire écouter sa composition et repartir avec son CD. Je l’abandonnai à son sort puis replongeai dans ma lecture. Je rencontrerai cet artiste plus tard en une circonstance plus étincelante. Son nom : GG Lapino. Le morceau qu’il eu du mal à me faire écouter deviendra l’hymne de notre campagne dans toute la partie méridionale du pays et révolutionnera durablement la communication politique en période électorale au Bénin.

Une rencontre atypique était à notre agenda dans ce soir. Mon ami Hervé Djossou avait réussi à obtenir un rendez-vous pour nous avec Alekpehanhou, le virtuose du zinli. Charles et moi avions décidé de jouer le tout pour le tout pour avoir cet immense talent sur notre album, même si , à priori, les choses ne se présentaient pas très bien pour nous de ce côte là.

En effet, Alekpehanhou dont la voix planait sans partage sur le milieu ethnique et culturel fon, depuis le milieu des années 80, venait de jeter, coup sur coup, deux gros pavés dans la marre boueuse des préjugés transe ethniques, sur deux albums consécutifs. Prenant prétexte sur un banal conflit de voisinage qui n’en méritait pas plus, l’artiste avait lancé un tonitruant et audacieux appel à l’union des fons qui, selon lui, seraient alors les mal-aimés de la communauté nationale.

Puis, face à l’absence générale de réaction d’indignation, il en remit une autre couche plus lourde et plus visqueuses, sur son album suivant, avec un morceau plus structuré, mieux enroulé et dangereusement plus incitatif. J’en alertai Charles qui, sans forcément en faire toute une montagne, rappela néanmoins très sèchement à l’ordre, l’animateur en langue fongbe sur Océan FM, un des nombreux dah autoproclamés qui sévissaient alors sur les radios urbaines. Celui-ci avait pratiquement érigé en hymne, un des ces deux tubes incendiaires qui ouvrait systématiquement sa tenue d’antenne à onze.

Mais la verité, en ce mois de décembre 2005, c’est que je faisais déjà violence sur moi- même pour ne pas soigner mes débuts de frustration, en jouant en boucle ces morceaux perfides de Alekpehanhou chaque fois que je me retrouvais seul. Yayi avait beaucoup cacher son jeu, j’avais déjà capté des indices révélateurs du profond complexe que lui inspiraient les fons. Mais tout ça n’était pas important, me disais-je, on gagne et on verra le reste. D’ailleurs l’artiste controversé venait de marquer son accord pour nous recevoir à son domicile. Charles et moi étions attendus à 17h à Zogbohouè…

Mémoire du chaudron épisode 17

Vingt minutes de traversée d’une des artères les plus encombrées de Cotonou, et quelques entrelacs de ruelles sablonneuses plus tard, nous étions devant le domicile de Alekpehanhou dans un dédale de Zogbohouè. Dix huit heures n’étaient plus loin. A l’accueil que nous fit la jeune femme à l’entrée de la maison, nous comprîmes que le rendez-vous avait vraiment été pris et que le maître de maison nous attendait. Nous longeâmes une véranda qui donnait accès au bâtiment central de la maison.

Dans la petite cour, une camionnette garée et portant écrit sur ses portières, « Alekpehanhou » rendait la maison exiguë. En parcourant cette véranda, mon regard explora furtivement la construction la plus visible au-delà de la clôture. « Serait-ce le voisin dont la difficile cohabitation avec l’artiste, inspira cet appel à l’unité ethnique des fons ?« , me demandai-je silencieusement. Je n’en saurai hélas pas grand-chose. La jeune dame que je semble avoir déjà aperçue dans un clip audiovisuel nous introduisit avec beaucoup de bonnes manières dans le séjour qui, curieusement, était vide.

Charles Toko, Hervé Djossou et moi, prîmes silencieusement siège. Dans cette attente qui commençait à durer, je ne pus m’empêcher de repenser à la première fois où je savourai un morceau de l’artiste. 1987 ? 1988 ? 1989 ? Je ne me souvenais plus exactement. Ce dont j’avais un souvenir assez précis, c’était l’unanimité qui s’était faite autour du morceau « mi gni gbessou », dans toute la communauté fon de Parakou. Le jeune collégien que j’étais, développait déjà un sens poussé de l’analyse des oeuvres de l’esprit.

Cet artiste qui semblait surgir de nulle part et qui chutait audacieusement tous ses morceaux par un défiant « mi so gbe ha » excitait déjà énormément ma curiosité et envoyait dare dare dare les cordes toute une génération de vénérables maîtres du Zinli dont mon père avait les cassettes : Djèmin Pierre, Houlovo Hoonon, Émile Aligbè, Wolo, Tokannou Agbehounkpan, pour ne citer que ceux-là. Puis les titres à succès s’enchaînèrent de façon ininterrompue.

Quand je descendis à Abomey au début des années 90 pour y poursuivre mes études secondaires, je pus constater la domination outrancière qu’exerçait alors Alekpehanhou sur la culture fon. Et c’est très peu exagéré que d’affirmer que l’artiste avait imposé une façon de penser dans la capitale historique. Il était pratiquement impossible, de jour comme de nuit, de ne pas entendre au loin, un refrain connu de l’artiste. Abomey était en effet une ville ou ne manquait jamais une ou des cérémonies d’enterrement.

Je garde de mes deux années académiques passées au Lycée Houffon d’Abomey, ces moments où nos silences studieux étaient systématiquement virussés par l’écho lointain des roulements de tambour de Alekpehanhou, roulements de tambour qui ondulaient jusqu’à nous par intermittence. C’était ça, le Abomey que je découvris en 1991 sous l’emprise de celui qui s’autoproclama « roi du zinli rénové » et dont le talent et le génie ne souffraient d’aucune contestation.

Je ne pus rester insensible à cette fièvre culturelle qui secouait alors la ville. Et à chaque nouvelle sortie d’album, l’artiste savait renforcer sa réputation d’excellent pamphlétaire, de brillant chanteur et d’observateur averti de la société fon dont il peignait les tares avec une justesse rare.

Loucou Michel à l’état civil, cet ancien instituteur originaire de la ferme de Lèlè à une quinzaine de kilomètres d’Abomey, profita, dit-on, du programme de départ volontaire à la retraite encouragé par le Programme d’ajustement structurel imposé au milieu des années 80 par le fonds monétaire international, pour échapper à une affectation administrative derrière laquelle il voyait la main d’adversaires jaloux de sa personne et de son groupe folklorique naissant. Cette liberté acquise lui permettra de s’adonner entièrement à sa passion première qu’est le rythme « zinli ».

Son niveau d’instruction fut sans doute un atout qui le rendit apte à explorer un champ thématique plus vaste que la plupart de ses prédécesseurs. Il n’éprouvait d’ailleurs quelques fois aucun complexe à chanter avec brio des fables entières de Jean de la Fontaine. Mais ce qui le fera passer à la postérité, c’est ce sens acéré de la satyre, de la caricature et de l’allusion qui laissa de biens mauvais souvenirs à ceux qui eurent le malheur de faire partie de ses sujets d’inspiration.

La matérialisation la plus sensible de cet art fut son morceau « Cakpo sin han » qui fut pendant longtemps source de controverse. Cependant, l’influence de l’artiste ne se limitait pas qu’à la seule ville d’Abomey. Elle couvrait toutes les aires géographiques d’expression de la langue fongbe. Il n’était d’ailleurs pas rare de voir des attroupements de conducteurs de taxis-motos et de badauds devant ses kiosques à chacune de ses sorties d’album. C’était donc en connaissance de cause que je plaidai pour qu’il figurât sur notre album de campagne. Il nous le fallait à n’importe quel prix…!

Bientôt un quart d’heure que nous étions là, assis dans le silence de ce séjour dont le propriétaire se faisait désirer. Nous gérions notre anxiété du mieux que nous pouvions en devisant à voix basse tantôt sur la meilleure façon de lui présenter notre offre, tantôt sur l’une des photos accrochées au mur et qui, pensions-nous, ne pouvait être que son père. Soudain la porte en face de nous et que l’encombrement du mur ne m’avait pas permis de bien repérer, s’ouvrit dans un léger crissement.

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Alekpehanhou apparut, majestueux, drapé d’un grand pagne qu’il jeta par dessus l’épaule gauche, et qui étouffait passablement l’éclat d’un habit « bomba » en tissus « lessi » de couleur blanche. Sous l’effet de la surprise, nous nous levâmes mécaniquement. Ce qui, me sembla-t-il, ne devrait pas lui avoir déplu, puisqu’il n’insista pas outre mesure pour que nous nous asseyions. Il nous serra la main puis arrivé au niveau de Hervé Djossou, fit un geste de familiarité. Il prit siège en face de nous en maintenant une telle dignité dans le port que je commençai à y percevoir un message à l’endroit de quelqu’un d’entre nous trois. Charles Toko sans doute…

 

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