Bénin : le port de Cotonou abandonné par les opérateurs économiques !

Le port autonome de Cotonou est à l’agonie. C’est du moins ce qu’on est tenté de dire à la lecture des dernières statistiques de fréquentation dudit port, comparées à celles des ports de la sous-région ouest africaine notamment le port autonome de Lomé, son plus proche voisin.

Des statistiques publiées par Marine Net Trafic, sur la période du 29 janvier au 11 février 2018, (soit deux semaines), le port de Cotonou a accueilli 39 navires pendant que celui de Lomé, sur la même période, en a accueilli 131. Mieux, sur cette même période, le port de Cotonou n’a jamais pu dépasser la barre de 4 navires dans une même journée pendant que le port de Lomé a dépassé la barre des 12 navires par jour. Le 07 février 2018, le port de Lomé a accueilli 13 navires pendant que le port de Cotonou en a accueilli que 3.

Selon la note de conjoncture du troisième trimestre 2017 du ministère de l’Économie et des Finances du Togo, publiée le 08 février 2018, le trafic total au port de Lomé a progressé de 59,5 % en glissement annuel, au troisième trimestre 2017. « De juillet à septembre 2017, le trafic portuaire a atteint environ 5.751.600 tonnes, en hausse de 9,9 % par rapport au trimestre précédent… Au terme des neuf premiers mois de 2017, 1.022 navires ont accosté sur les côtes togolaises », précise la note de conjoncture.

Cette performance du port de Lomé qui reflète la hausse des importations des produits pétroliers, des produits alimentaires, des matériaux de construction, et des marchandises en transit vers d’autres destinations, notamment le Nigeria (+181 %), le Ghana (+44 %), le Mali (+37 %) et le Niger (+31 %), semble bien confirmer l’abandon du port de Cotonou par les opérateurs économiques de la sous-région.

Et pourtant… le PVI était de retour

Suspendu en 2013 par le gouvernement du président Boni Yayi, le Programme de vérification des importations (PVI) a été rétabli le 1er avril 2017 par le gouvernement du président Talon. 

Selon le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République, Pascal Irénée Koupaki, le retour du PVI au port de Cotonou vise non seulement à corriger une injustice commise par le régime Yayi, mais aussi et surtout de doper la performance dudit port en vue d’accroître les recettes douanières.

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Mais de l’avis de certains acteurs portuaires béninois, les raisons évoquées par le gouvernement Talon pour rétablir le PVI ne sont que des prétextes. Pour ces acteurs, les causes de la baisse de régime du port de Cotonou sont exogènes : libéralisation au Nigeria de l’importation de certains produits, invasion du marché béninois par des produits étrangers grâce à la contrebande, dévaluation du Naira, la persécution des opérateurs économiques aussi bien locaux qu’étrangers par le pouvoir Talon, etc.

Ils estiment donc que le port de Cotonou, à l’instar du port de Lomé et des ports performants de la sous-région, a besoin d’une dynamique managériale et d’une diplomatie agissante pour faire revenir les opérateurs économiques nigérians, nigériens, burkinabés, et maliens qui ont déserté Cotonou pour Lomé.

La société Port of Antwerp International à la rescousse…

Pour optimiser la rentabilité du port de Cotonou, le gouvernement béninois a décidé d’externaliser sa gestion. Lors du Conseil des ministres du 20 décembre 2017, le président Talon a autorisé la contractualisation de la gestion du Port autonome de Cotonou avec la société Port of Antwerp International (PAI), filiale de l’Autorité portuaire d’Anvers, une plateforme maritime, industrielle et logistique, spécialisée dans les activités de conseil et d’investissement. 

Selon le relevé du Conseil des ministres, le contrat de gestion du port de Cotonou s’étend sur une durée de trois (03) ans renouvelable, sur la base de l’atteinte des indicateurs de performances. Dans un communiqué de presse, Kristof Waterschoot, directeur général de Port of Antwerp International, a levé un coin de voile sur sa mission au port de Cotonou. 

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« Notre principale tâche consistera à moderniser l’administration portuaire sur le plan de l’organisation, de rénover les installations obsolètes, ainsi que de préparer et d’orienter l’extension du port… À court terme, PAI assumera certaines fonctions clés au sein de l’autorité portuaire dans le but d’étudier de l’intérieur les processus existants », a déclaré Kristof Waterschoot.

Une mission qui prévoit explicitement l’organisation de formations en gestion du personnel  de l’administration portuaire en vue de préparer les managers locaux à un transfert progressif de ces fonctions-clés. « Dans cette optique, PAI fera notamment appel à l’APEC, le centre de formations maritimes d’Anvers et de Flandre » précise le communiqué.

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