Bénin « révélé » : les chantiers à risque entamés par le Président Talon

Le gouvernement de « la rupture » a fait l’option d’engager plusieurs réformes visant à sortir notre pays de sa «fragilisation, sa fragmentation, sa banalisation… ». Mais ce sont-là des actions qui appellent des résistances qui ne sont pas favorables pour permettre une réalisation aisée.

Pourquoi avoir choisi de commencer par ces chantiers d’audaces ? Est-on tenté de se demander pour enfin comprendre les raisons qui sous-tendent ce dangereux choix.

En effet, à son investiture, Patrice Talon sacrifiant à la tradition constitutionnelle de prestation de serment, avait annoncé en 2016, qu’il entreprendrait une série de réformes nécessaires pour enclencher le développement réel du Bénin.

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Sans dévoiler le contenu de ces réformes annoncées, il s’était limité simplement à identifier les domaines où elles devraient intervenir. Le peuple l’ayant suivi, surtout la classe politique et intellectuelle, a apprécié l’opportunité de la question sans trop chercher à comprendre de quoi cela retournait effectivement.

Et le chef de l’Etat avait cru avoir pion sur rue, en engageant le pays dans cette série de réformes dites « indispensables ». Mais c’était sans compter avec d’autres paramètres parfois à dimension sociologique voire politique.

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La toute première des réformes fut la révision de notre loi fondamentale, qui échoua sur le bouclier des députés de la minorité parlementaire, qui y lisaient la ruse profonde d’un chef qui serait en train de poser allègrement ses balises pour mieux se donner les moyens constitutionnels de gérer à son cru.

Outre cette réforme d’un arrière-goût amer, d’autres actions suivirent qui accentuèrent la misère du peuple, ce peuple dont le diagnostic à la Houngbédji montrera plus tard fragilisé.

On cite pêle-mêle, la libération des espaces publics qui a tué la dynamique économique primaire, et livré ces espaces ainsi libérés à la nature sauvage, sans aménagement annoncé, sans le moindre signe de mise en œuvre de projet quelconque.

La promesse de vie meilleure attendue des gouvernants ne commença effectivement que par eux-mêmes ; des traitements mensuels faramineux voire astronomiques pour une catégorie de responsables au moment où le peuple continue de serrer la ceinture.

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La construction de l’aéroport de Glo-Djigbé rencontra, depuis la sous-estimation des dédommagements ou indemnisations, une farouche résistance qui risque de triompher d’un pouvoir tout aussi déterminé. D’autres projets qui chatouillent nos rêves trainent dans l’agenda du chef de l’Etat qui, malheureusement, manque cruellement de moyens, surtout financiers pour leur réalisation.

On cite par exemple la construction d’un marché de gros pour dit-on, désengorger le marché Dantokpa ; la construction de la voie de contournement de Cotonou sur le lac Nokoué et bien d’autres qui ont fait le lit sur le grand espace des rêves.

Le choix budgétaire fait cette année comporte autant la forte pression fiscale que le risque de ne jamais parvenir à atteindre les 60% prévus au titre de la contribution nationale contre 40% pour les apports extérieurs est constatable. .

L’échec inavoué d’une politique extérieure efficace et la crise économique avec la raréfaction de gros contributeurs fiscaux de l’Etat constituent un sérieux handicap à la mobilisation de toutes les ressources envisagées au titre de ce budget, exercice 2018.

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Les difficultés apparaîtront dès que l’Etat ne se retrouvera plus en mesure de couvrir les recettes prévues par la loi de finances et aussi, l’amenuisement certain de l’aide au développement des pays au sud du Sahara.

La noble vision de Patrice Talon pour son pays, qui l’amène à envisager des réformes osées rencontre et rencontrera, s’il n’y a pas de changement de politique, des obstacles surtout qu’elle porte sur des domaines éminemment sensibles.

A moins de déchanter pour faire une autre option. Attention pour ne pas donner dans ce que les gens considèrent comme la marque de celui qui ne veut rien faire et qui s’aventure sur des chantiers à risques.

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