Mali : la vidéo d’un viol collectif bouleverse le pays

Le Mali est sous le choc après la diffusion ce week-end, sur les réseaux sociaux de la vidéo d’un viol collectif. Samedi après-midi, une vidéo montrant quatre jeunes en train d’abuser d’une fille a fait le tour des réseaux sociaux. Les internautes sont écœurés. Un psychologue évoque des conséquences démesurées  sur la victime. Une association s’engage à porter plainte contre les bourreaux.

Selon, l’indicateur du Rénouveau, la vidéo serait tournée à Bamako. Dans une chambre, les murs sont peints en bleu, un matelas à terre. Quatre jeunes hommes, dans une vidéo de 2 minutes 34 secondes, violent à tour de rôle, au rythme d’un single de l’artiste Soumaïla Kanouté alias Soumissi, une fille.

Les mains et les pieds écartelés par deux violeurs, un en action et l’autre à la camera (téléphone portable), la victime obtempère malgré elle-même.

Visiblement âgée de moins de 18 ans, l’adolescente pleure et supplie ses bourreaux tout au long du viol. Chaque invocation suffit sa peine. Elle est giflée et les injures grossières sont proférées contre sa mère.

La fille et ses violeurs sont tous indentifiables dans la vidéo car celui qui assurait la caméra au début est passé aussi à l’acte. La communication se fait en bambara. Postée sur les réseaux le 3 février, l’acte écœure les internautes maliens.

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Dès ce week-end, Les Amazones ont envoyé la vidéo du viol à la brigade des moeurs de Bamako. Les policiers ont alors ouvert une enquête. Pour l’heure, la victime n’a pas porté plainte et le parquet, qui en a la possibilité, ne s’est pas saisi de l’affaire. Plusieurs organisations de la société civile envisagent donc de se porter partie civile afin que le dossier ne soit pas oublié.

Car le viol reste un sujet tabou. « Il suffit que l’on découvre que les violeurs sont des proches de la fille et là, on règle le tout à la mosquée, à travers les imams et plus personne n’en parle. A chaque fois que ce genre de problèmr surgit, c’est tout le monde qui s’en mêle, les chefs de quartiers, et on trouve la solution pour étouffer l’affaire, en se focalisant toujours sur le fait que ce n’est pas bon pour la fille, ce n’est pas bon pour la famille », rappelle maître Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’homme.

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Selon le docteur en psychologie, Guida Waïgalo, la victime pourrait encourir des conséquences démesurées  si elle ne sera pas prise rapidement en charge.

« Nous refusons les affirmations. On peut prédire que la victime pourrait vivre le stress post-traumatique. Si ce n’est pas pris en charge, ça va développer et créer d’autres troubles secondaires comme la dépression et par la suite la paranoïa. A long terme, ça peut créer la frigidité (manque de désir sexuel). Naturellement, le viol peut conduire à l’isolement et à la honte de soi », souligne Dr. Waïgalo.

Pour le spécialiste, l’audience du viol pourrait aussi aggraver le traumatisme et l’étendre au-delà de la victime. « Si ça restait dans un cadre plus fermé, on pouvait se dire que tout le monde n’était pas au courant. Mais dès que c’est devenu une image versée au regard collectif, ça provoque ce qu’on appelle le traumatisme direct et indirect. En plus de la victime, Des proches seront aussi atteints par le traumatisme », ajoute-t-il.

La victime pourrait, selon le psychologue, développer une incapacité de résilience sans un soutien psychologique et social.

Jusqu’à présent Aucune réaction n’est venue ni du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, ni du ministère des droits de l’Homme et de la reforme de l’Etat, ni du ministère de la Sécurité intérieure dont les services peuvent s’autosaisir d’un tel dossier afin de mettre le grappin sur les voyous.

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