Zimbabwe : services publics et écoles fermés pour les 94 ans de Robert Mugabe

Fêté chaque année en grande pompe et publiquement par le parti au pouvoir, l’anniversaire de Robert Mugabe est déclaré jour férié, depuis 2017.

Habituellement, chaque année, lors de ses anniversaires, une semaine de festivités et d’extravagances est organisée à la gloire de celui qui a dirigé sans partage l’ex-colonie britannique depuis son indépendance en 1987.

D’un coût régulièrement estimé à plus d’un million de dollars, ces ripailles gargantuesques suscitaient la colère d’une population dont la quasi-totalité est privée d’emploi formel et souffre de pénuries alimentaires. 80 % de la population vivrait sous le seuil de pauvreté.

En 2016, pour son 92e anniversaire, Robert Mugabe avait servi à ses invités de la viande d’éléphant et de buffle à foison. Ainsi qu’un énorme gâteau pesant 92 kilos, un poids équivalent… à son âge.

En 2017, ces frasques se doublent d’une polémique historique. La fête se tient dans le parc national de Matobo (sud), près d’un site où reposent les victimes d’une des vagues de répression les plus meurtrières ordonnées par Robert Mugabe. Début 1983, sa tristement célèbre 5e brigade, entraînée en Corée du Nord, avait fait dans cette région du Matabeleland plus de 20.000 morts parmi les partisans de son compagnon de lutte devenu rival, Joshua Nkomo. Un massacre, connu sous le nom de «massacres de Gukurahundi»«Cela ne devrait pas être un lieu de célébration», a déclaré un porte-parole du «groupe de pression» local Ibhetshu Likazulu, cité par l’AFP. «Toute la région est une scène de crime où les os des victimes des massacres de Gukurahundi sont enterrés». Emmerson Mnangagwa, l’actuel président du Zimbabwe figure au premier rang des exécuteurs de cette sanglante répression ordonnée par Robert Mugabe. Une fête que n’a pas manqué de rappeler Morgan Tsvangirai (décédé le mort le 14 février dernier à Johannesbourg), le leader du parti d’opposition MDC, qui avait qualifié cette célébration « de honteuse et d’insulte aux victimes ».

Mais, cette année, l’ancien président zimbabwéen a fêté ses 94 ans loin de la grandeur et le faste habituellement connus. Changement d’ambiance, les zimbabwéens ont marqué mercredi le 94e anniversaire de l’ancien président Robert Mugabe en observant un jour férié, mais sans les gâteaux extravagants et discours flagorneurs typiques des 37 ans de son régime autoritaire.

Le journal officiel The Herald a bien consacré mercredi son éditorial à l’ancien chef de l’Etat en appelant à « Boire à la santé de Mugabe ». Mais aucun des ministères qui d’habitude faisaient cas de cet anniversaire ne l’a évoqué publiquement. Ambassadeurs et chefs d’Etat sont également restés silencieux.

C’est la première année que les Zimbabwéens observent un jour férié à l’occasion de l’anniversaire de leur ancien président. L’instauration de ce nouveau jour férié avait été annoncée en août par le gouvernement Mugabe, mais elle n’avait été officialisée que quelques jours après la prestation de serment du nouveau chef de l’Etat, Emmerson Mnangagwa, fin novembre.

Mercredi, les services publics et les écoles  sont restés fermés à l’occasion de cette « Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe ». Les commerces, eux, étaient ouverts. « C’est un jour que nous chérissons et nous vénérons l’ancien président », a affirmé à la presse Simon Khaya Moyo, porte-parole du parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, la Zanu-PF, a rapporté AFP.

« Le parti va envoyer ses meilleurs voeux et un gâteau », a-t-il ajouté.

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