Bénin – Congrès du parti USL: intégralité du discours de Sébastien Ajavon

Ce samedi 24 mars 2018 s’est tenu à Djeffa le congrès constitutif du parti USL. Sébastien Germain Ajavon élu Président d’honneur dudit parti s’est adressé aux militants, sympathisants et au peuple béninois. Découvrez l’intégralité de sa déclaration.

ALLOCUTION DU PRÉSIDENT AJAVON S. G.

Excellence, Monsieur le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO,
Excellence, Monsieur le Président Thomas Yayi BONI,
Mesdames, Messieurs les invités des différentes institutions de notre pays,
Mesdames, Messieurs, les Présidents et représentants des partis politiques invités et présents à ce Congrès,

Militantes et militants,
Chers compatriotes,
Chers amis,

Merci pour votre accueil.

Il est particulièrement chaleureux en ce moment où notre pays connaît des crises politiques, économiques et sociales sans précédent.

Je suis heureux de vivre ce moment unique de l’histoire politique et sociale de notre pays, le Bénin.

Oui, ce jour, samedi 24 mars 2018, 28 ans après notre Conférence Nationale des Forces Vives, nous entamons une nouvelle marche pour hisser ensemble notre Liberté au sommet de la montagne comme notre drapeau, l’essence même de notre humanité que rien ne saurait contrarier.

Béninoises et Béninois,
Chers amis,
Je suis fier.
Je suis fier que ce soit vous qui portiez ce projet avec moi.

Je suis fier de vous et admiratif de votre courage à accepter de vous tenir prêts en des moments aussi difficiles pour entamer cette croisade pour la Liberté;

Fier de vous, parce que malgré la pression fiscale et économique, sociale et politique que vous subissez, vous m’accordez votre foi pour inventer et construire tous ensemble, avec vous, une politique nouvelle.

Oui, je suis fier de vous, de votre courage, pour surmonter les difficultés du quotidien.

Car, il faut le dire : notre pays connaît un bond en arrière sans précédent.

Qui peut aujourd’hui facilement payer la scolarité de ses enfants ?
Qui peut aujourd’hui faire son commerce à Dantopka et dans les autres marchés du Bénin en toute quiétude?
Qui n’a pas des parents ou des enfants qui ont été licenciés au cours des 24 mois ?
Qui peut aujourd’hui obtenir une microfinance sans difficulté ?
Qui peut même soigner sa famille sans difficulté ?
Qui peut se réunir avec d’autres sans entrave comme la Constitution nous le permet ?
Surtout, qui peut s’exprimer sur la mauvaise gestion du pays sans risque d’aller en prison ?

Et pourtant, malgré les attaques et les pressions, malgré l’acharnement contre tous ceux qui ne sont pas du côté du pouvoir, avez-vous fui ? Non !

On nous explique que la situation actuelle est justifiée par des projets de développements futurs !

Mais il ne peut y avoir de développement sans le respect des libertés :
d’expression,
d’opinion,
de pensée,
de conscience,
de religion
d’association
de réunion,
de circulation
de manifestation
et même, je le dis, liberté de grève.

Notre pays va mal.

Et nous ne pouvons pas croiser les bras ou pire encore soutenir toutes les lois et tentatives d’instauration d’une législation liberticide.

Vous le savez, construire le développement dont notre pays a tant besoin, c’est conduire des hommes vers leur plein épanouissement en leur garantissant le cadre optimal pour se parfaire sur les plans spirituels, philosophiques et matériels.

Or, que fait le pouvoir ?
La confiscation des libertés et des ressources du pays.
Il ne propose que de l’inflation législative qui crée de l’instabilité juridique pour les citoyens comme pour tous nos partenaires désireux de contribuer à l’affermissement de notre système économique et démocratique.
En fait, il crée davantage de misère pour les Béninois.

Chers amis,

Malgré la liesse dans laquelle nous nous trouvons en ce jour singulier, il ne faut pas oublier les interrogations, les doutes et les peurs qui habitent en chacun de nous.

Aujourd’hui, je veux que vous repartiez de ces lieux avec une certitude : je suis là avec vous et pour vous.

Et tant que le Créateur m’en donnera la force, que la nature et les mânes de nos ancêtres béniront vos souhaits, moi, Sébastien Germain AJAVON, je serais présent partout, en tout temps, pour ce combat pour la Liberté et le Développement.

Je refuse la stratégie de la terreur qui impose le silence. Je n’en ai pas le droit, au regard de la situation dramatique du pays et des attentes que les Béninois ont à mon égard.

Oui, évidemment, les fossoyeurs de l’économie nationale résisteront, rivaliseront d’ardeur pour nous porter les coups les plus effroyables.

Chers militantes et militants,
Chers compatriotes,

Mon éducation, ma morale et mon parcours m’ont conduit à faire des choix assumés en toute liberté, lors de l’élection présidentielle de 2016.

Au moment de démarrer notre marche résolue pour la sauvegarde de nos libertés et pour notre développement, il me paraît nécessaire de m’ouvrir à vous sur ces choix.

Notre pays avait besoin d’apaisement, de sérénité, de paix et d’un dynamisme économique nouveau pour permettre à l’Etat de faire face à ses obligations régaliennes.

J’avais nettement perçu très vite les dangers qui guettaient notre pays si rien n’était fait pour offrir une alternative crédible.
A cet appel intérieur du destin je n’ai pas tourné dos ; j’ai fait face et j’ai marché.

Vous avez guidé mes pas. J’ai pu trébucher.

Mais je suis là aujourd’hui, debout, devant vous pour entamer notre nouvelle marche commune.

2016 fut pour moi mon chemin politique de Damas.
Malgré les obstacles, malgré les embuches, malgré les artifices, grâce à votre travail qui a été nourri du sens du bien commun et de l’intérêt général, j’ai été déclaré troisième et non qualifié pour le second tour.

Quatre choix possibles s’offraient alors à moi :
Contester par les voies légales les résultats tels que proclamés par la Cour Constitutionnelle, ayant à l’appui des éléments de preuves solides et irréfutables et de sérieux espoirs d’avoir gain de cause.
Appeler à voter pour le candidat Patrice TALON conformément à l’accord conclu au sein de la Coalition de la Rupture.
Appeler à voter, au contraire, pour le candidat Lionel ZINSOU.

Ou enfin, tout simplement ne rien choisir et laisser agir les responsables de la situation ainsi créée.

Chers Congressistes,
Chers compatriotes,

J’ai choisi de ne pas contester.
Car des forces, aujourd’hui révélées aux yeux du monde, étaient disposées à profiter d’un tel contexte politique, que j’aurais initié, pour mettre le pays à feu et à sang.

Telle était leur attente.

Devenir Président de la République était une question de vie ou de mort pour ces forces. Au nom de l’intérêt national, j’ai renoncé à mes droits, à vos droits. Car la Paix doit primer sur tout.

Si je n’ai ni appelé à voter pour le candidat Lionel Zinsou ni choisi l’option de me taire, c’est principalement pour deux raisons.

La première, la plus importante, est que j’ai tout gagné dans ma vie en respectant toujours la parole donnée.

Oui, je reconnais que garder cette ligne directrice en faisant de la politique n’est pas aisée et même parfois suicidaire.

Mais en famille, en affaires comme en amitiés, j’ai toujours gagné en tenant mes engagements.

Auprès de mes partenaires, des banques et des investisseurs nationaux comme internationaux, ma parole vaut ma signature.

Je n’entendais pas faire la preuve au monde qu’à ma première incursion dans le monde politique, je pouvais en adopter tous les mauvais codes aussi rapidement.

C’était aussi votre aspiration majoritaire et celle de mes soutiens politiques du 1er tour de tourner la page de la gouvernance finissante pour explorer de nouveaux horizons. J’ai donc respecté cette parole donnée au sein de la Coalition de la Rupture.
Cela peut paraître une forme de naïveté pour certains.

Mais à moi, non !

Il s’agit au contraire, d’une question de morale, d’éducation sociale et religieuse, de la manifestation du degré d’intérêt que l’on porte aux autres et à la chose commune.

La deuxième raison: j’avais l’espoir que trois années d’exil pouvaient transformer un homme positivement; que la traversée de certains événements de la vie pendant cette période avait pu avoir des effets positifs sur sa victoire.

A l’évidence, certains êtres peuvent ressortir identiques de telles épreuves.

Il n’est plus de doute à ce jour que le pouvoir que nous avons fortement contribué à élire, a tourné dos aux attentes clairement énoncées par les populations, mis sous boisseau les priorités pour nos quartiers de ville et villages.

Selon les aveux des gouvernants eux-mêmes, « notre pauvreté évolue vers la misère », dans un Bénin où des millions de nos concitoyens sont fracassés, fragilisés, violentés, chassés, poursuivis et dépossédés de leurs activités.

Les populations comme les entreprises sont de plus en plus en difficulté. Les recettes de l’Etat fondent et beaucoup de chiffres annoncés par le pouvoir constituent en réalité une fantaisie de communication.

J’ai eu un engagement sincère et franc en faveur de la Rupture et de son candidat, sans condition, mais avec des principes forts.
Je constate que le contrat de gouvernement a été bafoué, froissé et rangé au placard.

Plus grave, les valeurs démocratiques qui fondent notre pays n’ont pas été respectées non plus. Le monde entier nous regarde et nous juge sévèrement.

Il n’est pas possible de rester silencieux.
Je refuse la stratégie de la terreur et du silence.
Je n’en ai pas le droit, au regard de la situation dramatique du pays et des attentes que les Béninois ont à mon égard.

Le népotisme ne cesse de prendre de l’ampleur dans les rouages de l’Etat et freine durement notre économie.
Chaque jour, l’actualité apporte son lot d’affaires où l’on apprend des scandales dont les auteurs sont le pouvoir et ses proches.
Nous sommes bien loin de l’Etat de droit qui nous avait été promis.

La gabegie économique connaît une ampleur inégalée.

Cette politique entraine notamment une gestion catastrophique des finances publiques et une politique budgétaire non maitrisée.

Quand je vois comment sont gérées la construction des infrastructures routières ou les privatisations, pour ne prendre que ces deux exemples, je suis effaré et en colère.

Que d’incompétences, au mieux.
Au pire ? Je préfère que cela soit à la Justice et au temps de nous le dire.

Notre pays mérite mieux.

Il faut développer la croissance, j’ai des idées sur la question ; il faut miser sur la jeunesse, il faut lutter contre le chômage de masse et revoir la formation professionnelle ; il faut électrifier tout le pays, cela devient urgent ; il faut rattraper notre retard en matière de santé ; il faut faire de notre pays une nation numérique.

Le plus grand atout de notre Nation est notre jeunesse qui est de plus en plus qualifiée, ouverte sur le monde et sur les nouvelles technologies; favorable à l’économie du marché et à l’initiative privée; désireuse d’une compétition saine et franche. Mais elle est abandonnée, cette jeunesse, oubliée, victime d’un chômage de masse ; réprimée dans ses aspirations associatives et contrainte à une transhumance précoce. Elle mérite notre respect et le respect de nos devoirs d’aîné.

Autre symbole saisissant de la déstructuration de notre corps social : la Femme béninoise perçue comme une cible et une proie électorales, une main d’œuvre corvéable à loisir.

A notre population singulièrement jeune et majoritairement féminine, je voudrais exprimer mon attachement et mon admiration. Vous êtes un des leviers principaux de notre développement que nous ne saurions construire sans vous en place de choix.

Militantes et militants,
Chers compatriotes,

J’aime mon pays.
J’aime le BENIN.
J’y suis attaché et je lui dois tout.
Notre pays dispose de beaucoup d’atouts si, tous ensemble, nous nous engageons dans son développement.
Cela commence par chacun d’entre nous, évidemment, mais l’Etat a son rôle positif à jouer. Or, aujourd’hui, il est le principal acteur d’un pays bloqué de toute part, l’instigateur d’un mécontentement généralisé.

Notre pays mérite mieux.
Je suis un homme d’action et ne peux concevoir de rester les bras croisés face à l’ampleur des tâches qui défient notre pays. Et comme le disait le roi Béhanzin dans son discours d’Adieu à sa terre natale : « A mon destin, je ne tournerai plus le dos, je ferai face et je marcherai ».
Alors, oui, mon engagement est irréversible et ma détermination totale.

Je crois suffisamment en mon pays, en son potentiel et en les capacités des enfants du Bénin pour ne pas prendre mes responsabilités et poursuivre mon engagement.
La situation actuelle est trop grave pour penser à soi, à son seul petit confort.

Aussi, c’est avec humilité que j’ai accepté d’assumer la Présidence d’Honneur de notre Parti, l’UNION SOCIALE LIBERIALE!

Mon ambition est grande : unir toutes les bonnes volontés autour d’un projet de développement économique, qui réunisse tous les enfants de notre beau pays.

Militantes et militants,

Tendez les bras à toutes nos sœurs et à tous nos frères dans chacun de nos quartiers de ville et villages et invitez-les à nous rejoindre au sein de ce parti politique que nous souhaitons, fort, national et influent, ouvert à tous.

Notre challenge immédiat est de réussir le rassemblement des forces de l’opposition dans la clarté, pour un travail dans la précision et affronter ensuite les rendez-vous électoraux dans la plus parfaite transparence.

Excellence, Monsieur le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO,
Excellence, Monsieur le Président Thomas Yayi BONI,
Mesdames, Messieurs les membres des différentes institutions de notre pays,
Mesdames, Messieurs, les Présidents et représentants de partis politiques invités et présents à ce Congrès,

Qu’allons-nous faire du rassemblement dans la clarté ?

Il nous permettra d’abord d’être, d’exister comme force politique face au rouleau compresseur que le pouvoir déploie sur les populations les plus fragiles.
Exister en tant que structure pour aller à la conquête de nouveaux militants, chaque fois plus nombreux mais aussi aller à l’assaut des différentes échéances électorales, mettre en mouvement une animation politique qui réponde aux besoins quotidiens des populations, mettre en déroute les prédateurs de l’économie nationale.

L’heure est grave pour notre pays.
Les béninois souffrent, nos libertés sont menacées.

Mobilisons-nous, dès maintenant, pour refuser l’arbitraire et l’injustice ; rassemblons-nous pour créer une alternative de progrès démocratique, en faveur de la liberté et du développement.

Vive la démocratie !
Vive le Bénin !

Je vous remercie. a démocratie !
Vive le Bénin !

Je vous remercie.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus