Bénin : le gouvernement Talon serait-il vraiment en difficulté financière ?

Les différents agents de l’Etat béninois sont sans leur salaire du mois de mars 2018. Aucun corps, aucun secteur ne pourrait aujourd’hui brandir sa fiche de paie du mois de mars 2018, y compris les forces de défense et de sécurité, les privilégiées dans le paiement salarial.

« En ce lundi 26 mars 2018, je n’ai toujours pas mon salaire du mois. Une chose rarissime et qui ne pourrait s’expliquer que par difficultés financières au niveau de la caisse de l’Etat ». Ainsi s’est exprimé un agent de l’armée de terre dans la matinée de ce lundi qu’une équipe de la rédaction a croisé à la sortie d’une structure bancaire. Comme cet agent en uniforme, aucun fonctionnaire de l’Etat ne pourra confirmer le virement de son salaire dans la structure bancaire où il a domicilié son salaire et ceci pour le compte du mois de mars 2018.

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Une situation pareille observée pour le salaire du mois de février 2018. Mais en ce moment, le gouvernement Talon avait lié ce retard aux opérations de défalcation qu’il devrait opérer sur salaire pour fait de grève. Un retard qui a duré jusqu’au 10 mars 2018 avant que ces derniers ne retrouvent leur salaire dans leurs comptes. Même si la grève se poursuit et que le gouvernement entend toujours procéder à la défalcation des fonds sur salaire pour fait de grève, comment peut-on alors expliquer ce retard au niveau même du paiement des salaires des forces de sécurité et de défense qui ont toujours été les premiers, dans la République, à percevoir ?

Selon le calendrier mensuel, les fonctionnaires de l’Etat perçoivent leur salaire les 20 de chaque mois ou tout au moins, ces salaires sont positionnés. Mais à la date d’aujourd’hui, que ce fonctionnaire soit gréviste ou non, il est sans salaire. Un retard qui, ajouté à d’autres traitements que n’approuvent pas ces agents en uniforme, met en colère les forces de l’ordre et de défense. Face à cette situation, des inquiétudes surgissent de toute part.

Le gouvernement Talon serait-il dans un embarras financier avec une caisse de l’Etat qui se retrouverait vide ? Le Bénin se dirigerait-il dans le gouffre de 1989 et qui l’a conduit à l’historique conférence des forces vives de la nation de février 1990 ? Des questions que devrait clarifier le gouvernement béninois afin de faire taire à jamais les rumeurs qui prennent déjà siège dans l’opinion publique à petit coup.

Il est à rappeler, pour toute fin utile, que le Bénin a émis des bons du trésor de 91 jours en urgence sur le marché financier d’Umoa-titres ( le documente fichier). Est-ce pour éviter la cessation des salaires que le gouvernement béninois a lancé ces bons de vingt (20) milliards de francs CFA aux taux d’intérêt multiples ? Grosse interrogation.

Serait-il vraiment en défaut de paiement ? Voici d’ailleurs ce qu’il en est de cette expression dans les finances.

Explication de ce qu’est un défaut de paiement

En termes bien claires, c’est que l’Etat, pour financer sa dette publique, emprunte des fonds sur les marchés financiers. On parlera alors de défaut de paiement si ce dernier n’arrive pas à rembourser ses emprunts. Et dans ce cas, il se doit de négocier des arrangements de sa dette avec ses créanciers. C’est d’ailleurs la méthode de tout Etat qui a besoin des sources de financement pour payer le fonctionnaire de son administration et surtout pour sa politique économique.

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Et comme on pouvait s’en douter, les premières sources de revenu d’un Etat sont les impôts et les taxes. Mais naturellement, ces revenus sont insuffisants pour financer l’ensemble des dépenses d’un Etat. Si donc, en une année, les ressources sont inférieures aux dépenses de l’année, l’Etat présente alors un déficit budgétaire. Et l’ensemble de ces déficits budgétaires d’un Etat forme sa dette publique ou encore appelée la dette souveraine.

 Le Bénin serait-il vraiment dans cette impasse économique pour ce grand retard observé dans le paiement des salaires de ce mois de mars 2018 ?

Seuls les dirigeants actuels pourront mieux éclairer le peuple béninois et surtout les fonctionnaires de l’Etat qui s’impatientent déjà.

Et si défaut de paiement, quelles conséquences ?

L’annonce d’un défaut de paiement pour un État ou un risque de défaut de paiement, a des conséquences importantes pour le pays concerné mais aussi pour ses partenaires. Il y a d’abord, l’augmentation de la dette. Si un État ne rembourse pas ses dettes, il lui sera difficile de trouver d’autres sources de financement. Les investisseurs demandent un taux d’intérêt très élevé pour contrer le risque. Les agences de notations accordent une note très faible aux pays qui présentent un risque de défaut de paiement.

Ensuite, il y a la fuite des capitaux. Les habitants du pays en défaut de paiement préfèrent retirer leurs fonds des banques du pays pour les placer dans un autre pays plus sûr. C’est ce qu’on appelle le « bank run » ou la panique bancaire.

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Et enfin, le ralentissement de l’économie. La croissance d’un pays en défaut de paiement est plombée, la récession, c’est-à-dire la diminution de la richesse créée par le pays, est inévitable. Les marchés financiers se dégradent rapidement. Le marché des changes subit notamment de fortes chutes car les investisseurs fuient un pays qui ne peut pas rembourser ses dettes, la valeur de la monnaie peut rapidement se déprécier.

En somme, un grave danger planerait donc sur le Bénin si jamais le pays se retrouve dans cette posture de défaut de paiement.

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