Bénin : lettre ouverte de Constantin Amoussou à Joseph Djogbenou

L’activiste politique Constantin Amoussou s’est adressé au ministre de la Justice et de la Législation, Joseph Djogbenou dans une lettre ouverte publiée ce vendredi 30 mars 2018.

Dans cette lettre, Constantin Amoussou interpelle le garde des sceaux sur certains sujets qu’il prend en exemple pour peindre en noir la gestion du pouvoir en place.

LETTRE OUVERTE AU MINISTRE JOSEPH DJOGBENOU

VERSION INTÉGRALE

I-PROPOS LIMINAIRES

Monsieur le Garde des Sceaux,

Je m’étais réveillé le matin du 20 mars, il y a quelques jours, me promettant que le soleil ne se couchât, que je ne me fusse adressé à vous.

J’eusse ainsi pu vous laisser un SMS, comme vous en eussiez récolté une tonne en ce jour de grâces où vous boucliez la dernière marche d’une décade que je vous ai vu dépenser avec vigueur et enthousiasme, au service d’une grande et noble cause : la République.

J’ignore s’il vient d’elle que mon esprit, tout ce mois de mars, se fût senti en devoir de revisiter le mythe d’Er, en pensant à mon professeur de philosophie_ qui me fut précepteur plutôt que tel_ à la part de philosophie morale dont il put imprégner mon âme, au brave Socrate, et singulièrement, à la sublime œuvre de son esprit, La République.

Mon agenda, hélas, fut singulièrement serré ; puis ensuite, porté par un besoin de méditation qui me fit un temps procrastiner, je me résous enfin au devoir amical de vous présenter mes vœux et formuler le souhait que cette nouvelle bougie que vous souffliez, il y a une dizaine de jours, pût fortifier votre âme et soutenir votre marche.

Je me ferai le devoir aussi, juste après, de souhaiter bonne fête aux dames de votre ministère, qui ont d’ailleurs eu la lumineuse inspiration de choisir cette date sacrée, le 20 mars, pour faire d’une pierre deux coups, en célébrant avec douze (12) petits jours de décalage, la journée consacrée à la femme ; ensuite, avoir une pensée pour les francophones du monde entier ; et enfin, à l’endroit des plus de deux millions de Béninois qui se furent laissé embarquer un autre 20 mars, il y a deux ans, suivant vos pas ; vous tenant comme un éclaireur digne de confiance, comme une caution morale.

Eux rêvaient d’un ciel ensoleillé, d’un soleil doré dans un ciel azur ; et voici que l’horizon, sous leurs yeux, s’assombrit ; que leurs pas vacillent, engloutis par les dunes qui les assaillent, sans point d’eau ; sinon leurs yeux humides qui leur restent comme dernier retranchement humide, ou du moins, la stérile sueur dégoulinant de leur front ; au point où ils en puissent penser que les fauves qui menaçaient de leur bondir dessus hier, fussent devenus préférables pasteurs que les loups cagoulés qui leur eurent miroité de verts pâturages ; et à l’entrée de la terre promise, se furent décagoulés, et n’eurent qu’idée de leur faire avaler un destin à double tranchant, entre les griffes de la ruse et les crocs de la rage.

Et de toute façon, le Christ qui se laisse crucifier, selon la tradition, ce jour, vendredi 30 mars, nous rappelle que nous devrons porter stoïquement notre croix ; et pour donner le ton, il y a quelques jours, vos alliés sûrs, les députés du Bloc Boire Manger et Partir (BMP) que les mauvaises langues traitent désormais de Bloc des Masturbateurs Parlementaires, sans allusion à rien, sinon par exagération, n’eurent point besoin de scrupules pour s’assembler dans un grand hôtel de Cotonou ; et promettre à notre peuple, à leurs électeurs, en plus de la ruse et de la rage dont vous les eûtes personnellement menacés : « du sang, des larmes, et de la sueur » ; pendant qu’ils tenaient, eux, dans leur sacoche, un projet dit de réforme du système partisan qui prévoit zéro dividende à l’avantage du citoyen, mais à eux, en plus de la trentaine de millions de FCFA de traitements et avantages annuels officiels, des privilèges dus au rang et de l’immunité, offrait la prise en otage de l’électorat par la loi et par la bourse ; et réservait quarante millions de cadeaux par tête et par an avec effet immédiat, à chaque député ; et environ deux milliards à chacun de leurs/vos futurs partis politiques, par estimation et projection, prélevés sur l’impôt que je paie, que je suis parfois traqué pour payer à la sueur de mon front ; et auquel je consens cependant, par patriotisme, admettant ceci à la suite de Gaston GEZE : « l’Etat a des charges, il faut les couvrir ».

Le peuple est mis au courant de cela, comme il sera tenu informé qu’en plus des cinq (05) millions de FCFA reçus par chaque député (au prétexte d’aller recueillir l’avis de sa base) et reconnus sur le fil, malgré lui, par le député Gildas AGONKAN, qu’à l’effet de faire triompher le « OUI », chaque député brandissant le bulletin vert le 04 avril 2017 en vue de voir liquider la constitution de 1990, eût_ j’ai mis « eût »_ empoché vingt-millions (20.000.000) FCFA, selon des sources parlementaires qui se font formelles.

Il sera superflu, après cela, de m’intéresser à votre salaire de ministre et à vos avantages personnels (vous travaillez beaucoup, mais est-ce pareil à  » bien travailler » ) ; à l’opposé du traitement de vos électeurs, enjoints, eux, de serrer la ceinture, sans ménagement ; car on peut aisément soupçonner qu’ils vous ont paru si indécents, à vous-même_ connaissant vos pratiques de parlementaire_ que vous n’aviez osé le risque de les publier ; et que le gouvernement en cache les chiffres et le décret aux citoyens ; et même aux institutions ( assemblée nationale et cour constitutionnelle).

Mais je me console bien par nostalgie du bon vieux temps comme de l’époque où, combattant idéaliste, vous arboriez un tricot rouge aux longues manches, commandiez le macadam aux côtés des magistrats, des syndicalistes et du peuple opprimé et révolté, magnifiant le droit de grève, célébrant la constitution de 90, défendant la veuve et l’orphelin ; et où vos pieds et talons eurent tant de majesté en tam-tamant le sol, qu’on les eût crus sortis tout droit de la cuisse de Sakpata.

Et pour avoir été si bien marqué par cet engagement que je vous en ai consacré cinq (05) chapitres dans mon ouvrage La liberté de mourir debout, préfacé d’ailleurs de vos soins (je vous en suis reconnaissant), qu’il vous plaise de comprendre ma désillusion, et de m’entendre, avec déférence, saluer votre nouvelle religion, la ruse, quelque rage qu’il puisse m’en coûter, avant de m’en arrêter à l’état des lieux.

II- ETAT DES LIEUX

Deux ans après le courant d’air qui a installé votre champion à la Marina, et fait de vous, ministre-clé et porte-parole du Gouvernement, je considère qu’il est temps de refaire un tour d’horizon du chemin parcouru et apprécier vos œuvres.

1-Sur le renforcement de l’Etat de droit et la situation politique du pays

Monsieur le ministre ;

En tant que Garde des Sceaux, la culture de l’État de droit vous fait garant de l’esprit de « République ». Je ne vous l’apprends guère. Ce serait outrecuidant.

J’ai lu, au titre du Programme d’Actions du Gouvernement ( PAG ) lancé en fanfare en décembre 2016, que la consolidation de la démocratie, de l’État de droit, et de la bonne gouvernance était le premier pilier du gouvernement.

Au titre de ce pilier, j’ai lu que vous feriez « la promotion d’une justice indépendante » ; que vous alliez « restaurer la confiance des Béninois en leur système judiciaire », que vous mettriez en œuvre « une justice transparente et équitable.»

Or, Monsieur Djogbénou, nombre de citoyens auront remarqué qu’un juge d’instruction que l’opinion soupçonne_ il n’est pas exclu que l’opinion se soit trompée_ d’être votre bras opérationnel, si indépendant que le veuille le principe, aura blanchi toutes les personnes citées dans le détournement de plusieurs milliards dans le dossier PPEA2 ; que le Procureur de la République qui reçoit ses instructions de vous, n’a pas daigné relever appel de cette décision si grave de conséquences ; que des députés mis en cause par audit dans la gestion de la société d’exploitation du guichet unique de 2012-2016, avec des entreprises dont certaines portent des noms très évocateurs ( FIFTY-FIFTY) ont rejoint le bloc des députés soutenant le pouvoir ; et que depuis lors, ils jouissent paisiblement de leur butin ; que le suspect numéro 1 dans l’engloutissement désastreux de quarante (40) milliards à Maria-Gléta est promu et maintenu ministre par le Chef du Gouvernement dont vous êtes le Garde des Sceaux et le porte-parole ; et que le Procureur de la République, qui a su sélectivement être sourd-muet et aveugle, a cependant su aussi, sélectivement, placer des personnes qui présentent toutes les garanties de représentation sous mandat de dépôt, en prenant le soin d’ignorer que « la liberté est la règle et la détention, l’exception », que « testis unus, testis nullus » ; qu’enfin, cet honnête magistrat (le P.R), ami des journalistes comme je le remarque, sait s’autosaisir à délivrer des demandes de levée d’immunités et de poursuites judiciaires exclusivement contre les députés et ministres du défunt régime, dans la seule catégorie de ceux d’entre eux qui n’ont pas fait allégeance à la Rupture.
Soupçonneriez-vous une telle justice d’être impartiale, indépendante ?

A ma place et à celle des justiciables visés, lui feriez-vous confiance ?

Qu’enfin, il me plaise de rappeler au Procureur de la République qu’il n’est pas Procureur du Roi et aux juges d’instruction, tous, cette formule de Honoré de Balzac rappelée à juste titre dans son ouvrage Je ne suis pas un héros par Angelo HOUSSOU: « Aucune puissance, ni le Roi, ni le Garde des Sceaux, ni le Premier ministre ne peuvent empiéter sur le pouvoir d’un juge d’instruction. Rien ne l’arrête, rien ne lui commande. C’est un souverain soumis uniquement à sa conscience et à la loi… » , in Les splendeurs et misères des courtisans, 1847.

C’est seulement à cette condition, Monsieur le ministre, que l’État de droit est consolidé et que les citoyens font confiance en leur justice.

C’est pour cela aussi que la ruse peut brimer les uns et la rage briser les autres, sans que jamais, dans la République, tous les gardiens du temple ne se rendent. Qu’il se trouve quelques têtes fêlées, pour vous remonter cette formule vôtre datant de mars 2013 : « Trop c’est trop, lorsque la justice, dernier rempart des citoyens, se met au service d’un homme ; que transformée en instrument de vengeance personnelle, cette justice devient un moyen permanent d’intimidation, d’éliminations systématiques d’opposants, ou d’exclusion de concurrents » ; la République est en danger ; et dénoncer, en ne faisant que vous paraphraser cinq (05) années en arrière : « la tragédie que vit la justice de notre pays…résultat d’une stratégie de mise à genoux de celle-ci dans un élan totalitaire de confusion et d’accaparement de l’ensemble du pouvoir d’Etat».

Je ne sais pas si vous voyez le rapport.

Qu’enfin, nous résistons contre votre fameuse réforme du système partisan dont j’eus relevé, plus haut, les émouvantes implications.

Au reste, l’état des lieux sur le plan judiciaire reflète déjà son pendant politique, fait de revirement contre la profession de foi disant que « le gouvernement procèdera selon une approche largement participative » pour réviser la constitution ; et de rage divisionniste contre les partis dont certains responsables ont opposé un carton rouge au projet de révision hâtive de la constitution.

2-Sur le plan social

Monsieur le Garde des Sceaux ;

Dans son célèbre ouvrage Le Prince que vous ne connaissez que trop, Nicolas Machiavel distingue, dans l’anacyclose des régimes politiques, « le régime de licence » qu’il définit comme « le régime où les riches enchaînent les pauvres. »

Enfin, nous y voici. Et c’est du moins étonnant, pour ce qu’il m’a été donné d’apprendre de votre extraction sociale ; et qui soutenait ma grande admiration envers votre personne, votre parcours.

Je reconnais que j’ai mauvaise langue, et pour les bien-pensants, peu importe si les petits commerçants sont cassés et non recasés ; si des taxes multiples sont créées et affectent les individus et les micro-entreprises, tandis que celles du clan au pouvoir sont exonérées et que de nombreux marchés attribués gré à gré, laissent muets d’émotion, sur l’identité des bénéficiaires.

Quand on en tire bénéfice, ces faits ne sont plus injustes.

Et pourtant, comme d’hier, je revois défiler au travers des pages du document de position sur la situation politique de notre pays, publié en mars, le fameux mois, de 2013, le réquisitoire de votre mouvement devenu parti politique : « On assiste à une démolition effrénée de notre pays, pan par pan, par une machine répressive et gloutonne animée par une espèce rare (..) de prédateurs » ; « A l’État formel, se substitue un Etat mafieux, dans lequel tout s’achète, se négocie. Les parrains de cet État mafieux ont confisqué les rênes démocratiques à leur profit » ; « refuser l’état actuel des choses fait de chômage, de pillage, de matraquages médiatiques, de harcèlement fiscal, de torture morale, d’arrestations arbitraires.. » etc.

Après deux années de démantèlement du tissu social de notre pays, d’acharnement contre les pauvres, contre les riches qui ne sont pas de votre clan, et contre toute l’opposition, je souhaiterais savoir si vous auriez l’audace de vous regarder dans une glace.

3-Sur le plan économique

Là, rien à signaler. Je passe mon chemin.

Sinon, emprunts obligataires ; budgets de deux mille milliards aux impacts invisibles. Harcèlement fiscal conduisant à la fermeture de nombre d’entreprises ; liquidation de nombre d’entreprises publiques et création, sur leur tombe, d’une foule d’agences bizarres logées à la présidence.

Une économie dirigiste privée au profit d’un clan à la tête d’un État ?

Bref, le dépouillement de l’État et la montée en puissance d’un clan.

Je ne m’y attarde pas, car sur cela, vous auriez juste esquive d’opposer que vous n’êtes pas l’élu et ne décidez pas de la politique économique ; pas plus que vous ne l’inspirez ; même si au fond ; on peut subodorer la protection et la sécurisation juridique de ces actes par vos conseils avisés.

Vous auriez par ailleurs raison de m’opposer une foule de klébés superficiellement bachotés sur les bienfaits de la dette et tutti quanti.

4-sur le plan sportif et culturel

Rien non plus à se mettre sous la dent. Sauf que votre cabinet est dit_ mais je ne l’affirme, ni ne le confirme_ avoir le président de la FBF comme client dans le dossier de mauvaise gouvernance pour lequel il était visé par un mandat d’arrêt.

Et chacun a pu observer que là aussi, le gouvernement auquel vous appartenez a balayé, quia nominor leo, les poursuites judiciaires contre M.Anjorin MOUCHARAF, et conduit une fameuse procédure dite de transition qui se révèle comme une triste flatulence.

Mais j’ai espoir, tout de même, que la philosophie de formation des pépinières de l’élite sportive que le jeune ministre Oswald HOMEKY tente de mettre en œuvre dans les écoles, pourrait produire quelque effet à moyen et long terme, si l’effort reste constant, et la rigueur accompagne un tel projet.

Culture ?

Rien à signaler. Requiem. Cimetière. Ange N’koué est passé comme un touriste, et ce dont il laisse l’héritage, à mon sens, présente juste un intérêt anecdotique. Mais on sait du moins, que le tourisme, c’est cela votre cheval de bataille.

5-Sur le plan sécuritaire

Un bilan en demi-teinte. Certes, la grande criminalité faite de braquages spectaculaires semble avoir reculé ; et de temps à autres, la police, dite républicaine, a réalisé des coups d’éclats.

Mais combien d’enlèvements et d’assassinats depuis deux ans ?

Mais vous, Monsieur le Garde des Sceaux, les milices terroristes, c’est à l’université que vous, et le Gouvernement les voyez.

Et ces miliciens sont si dangereux que vous avez cautionné l’exclusion pour cinq (05) années, c’est-à-dire tout le long du mandat voulu unique de votre champion, de vingt-et-un étudiants.

Dans combien de braquages avez-vous entendu citer un étudiant ?

6- Sur le plan diplomatique

Le Bénin n’existe pas. On peut en débattre.
On savait que notre pays n’avait jamais réuni les traits caractéristiques qui font un État puissant. Mais ne peut-il devenir un État influent ?

En lieu et place de cela, votre politique diplomatique innommable contribue à hâter son éclipse.

Comment nos compatriotes de la diaspora, ou en difficulté dans un pays étranger sont-ils assistés par leur pays ?

Quelle est la voix du Bénin ?

Que dit-elle ?

Vous n’êtes pas ministre des affaires étrangères, certes. Mais vous parlant, je puis supposer être entendu, vous sachant par ailleurs devenu porte-parole du Gouvernement.

7- Sur le plan éthique

Monsieur le Garde des sceaux ;

Au prétoire comme dans la vie courante, dans les médias et dans les amphithéâtres, je vous revois pérorer in toga candida (en toge blanchie).

Votre langue était alerte, vos traits durs, et on eût pu conclure d’un tel verbe, qu’il avait son siège au fin fond de l’âme.

Je vous ai observé et je ne m’en fus point tenu là. Je puis prétendre avoir eu votre estime, en retour de la mienne, et les vestiges de cette réciproque amitié sont restés, gravés dans du papier, votre plume me peignant, sublimant « mon énergie tellurique » (préface à mon ouvrage La liberté de mourir debout), et la mienne célébrant votre audace, votre engagement, votre lutte.

Je me sentais honoré de votre amitié, par son prestige, par votre humilité, pour votre combat.

Nous avions combattu l’injustice, les intimidations, la peur, la fraude, le pillage, les scandales.

Nous avions combattu pour le peuple béninois.

Mais Monsieur le ministre ;

Pour quelle raison mettriez-vous ces valeurs éthiques sous boisseau aujourd’hui, renversant vos argumentaires d’hier, défendant dans un illisible salmigondis, le contraire des causes axiologiques qui portaient votre marque citoyenne ?
J’ai mal.

III-EN GUISE DE CONCLUSION

Monsieur le ministre,

Je veux conclure en pensant au grand symbole qu’incarne votre charge, celui de l’équité. Mais c’est top demander aux humains ; et le Triduum est là, pour nous rappeler que Judas a livré Jésus par un baiser contre trente pièces d’argent ; que Pilate l’a rendu à ses bourreaux prétendant s’en laver les mains ; que les juifs ont préféré voir gracier le brigand Barabbas et couler le sang du Christ.

Ce qui fut vrai pour le Christ, le fut, avant lui, pour Socrate, et peut-être, faut-il, dans le sens de l’histoire, ainsi entendre le supplice de votre ex compagnon de lutte, Laurent METONGNON.

Peut-être, plaira-il aux juges de vous offrir sa tête sur un plateau d’argent, pour le plus grand bien de leur carrière et pour votre gloire personnelle.

Car, telle est la gloire de Ogou Adja Gligli, dieu de la guerre et de la violence, Mars comme on le dit chez les Romains, sous l’empire duquel semble être pl acée votre aura : « Moi Guda Fu, par la force, j’agis ; par la force, je vaincs ».

Or, l’histoire ne raconte-t-elle pas la légende du vaillant soldat Er le pamphylien ; grand guerrier devant Dieu et devant les hommes, tombé cependant sur un champ de bataille ?

Le voyage sous terre d’ Er, le Pamphylien, observant les supplices des uns et les délices des autres, selon leur vécu et leurs forfaits, nous offre à voir le redoutable tyran Ardiée, enchaîné des mains, des pieds et de la tête, saisi, écorché, cardé sur des genets épineux, traînés le long de chemins rocailleux et jeté dans le Tartare pour mille ans.

Personne ne sera tenu de se laisser émouvoir par ce genre d’histoire mythologique, pas plus d’ailleurs que par les légendes d’ Ifâ et les histoires bibliques.

Mais aussi sûrement que le muntu demeurera un être qui sème, il sera aussi un être qui moissonne ; tel le veut la justice au-delà de l’institution humaine qui se charge, dans l’ordre des choses, de la « distribution proportionnée des châtiments et des rétributions » à chacun selon qu’il le mérite.

Tel est le message qu’il me plaît de partager avec vous en ce jour où le christ meurt sur la Croix ; quelque idée que vous vous fassiez de ce « Roi des Juifs ».

Ou du moins, pour que la symbolique proximité de la Roche Tarpéienne et du Capitole, vous fixe les limites axiologiques entre le pouvoir de servir (autorité consentie) « atchè kpikpa » rendu par le MACHT en science politique ; et la faculté de sévir « atchè gbigba » (l’autorité par expression de la domination) rendue par le HERRSCHAFT ; entre le pouvoir sublime et le pouvoir horrible.

Constantin AMOUSSOU

Cotonou le 30 mars 2018.

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