Burkina – Putsch manqué : les graves révélations de Gilbert Diendéré sur l’implication togolaise

Au Faso, les révélations vont bon train dans l’affaire de putsch manqué de septembre 2015 conduit par Gilbert Diendéré l’ancien Chef d’État-major de Blaise Compaoré appuyé par les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) contre la transition d’alors dirigée par Michel Kafando et Isaac Zida.

Le procès du général Diendéré et de ses co-accusés tourne à un véritable terrain de révélations plutôt extraordinaires. Après avoir vu des chefs d’Etats cités en tant que témoins dans cette désormais rocambolesque affaire de coup d’Etat manqué, voici que les accusés commencent à livrer leurs complices. D’après le procès verbal de l’audition de Diendéré, le régime actuel du Togo serait complice de cette tentative forcée de prise de pouvoir par les armes au Faso.

L’assistance du Togo aux putschistes

D’après les révélations relayées par les médias locaux, pendant l’opération de prise de pouvoir forcée, les hommes du général ont été surpris par la résistance dont a fait preuve le peuple burkinabé. A cours de matériels de guerre et de sécurité, leur chef, le Général Diendéré aurait pensé à contacter son ami togolais à travers le Colonel et patron de la gendarmerie nationale Yotroféï Massina pour une assistance en matériels de guerre et de maintien de l’ordre.

Ce dernier, le colonel togolais, aurait ensuite transmis la demande auprès du chef de l’Etat Faure Gnassingbé qui aurait donné son autorisation pour apporter une assistance militaire aux putschistes afin qu’ils réussissent leur mission, celle de déstabiliser une transition légitime que les burkinabés ont gagné sous le poids de plusieurs de leurs compatriotes morts pour chasser l’ancien raïs Blaise Compaoré du pouvoir.

Ces accusations viennent jeter un trouble dans cette affaire qui risque de faire couler beaucoup d’ancre tant au Faso que dans les pays voisins comme en premier le Togo, ensuite le Bénin, le Niger et bien sûr la Côte d’Ivoire où est réfugié Blaise Compaoré. On sait déjà de sources concordantes qu’un mandat d’arrêt international serait en cours d’émission contre le Colonel Massina et le Capitaine Piasso celui-là qui a transmis les armes aux putschistes burkinabé, pour explications.

Lire l’intégralité du procès verbal d’audition de Gilbert Diendéré devant la cour militaire de Ouagadougou.

Procès verbal d’audition de Gilbert Diendéré devant la cour militaire de Ouaga

Diendéré: j’ai fait venir ce matériel de la Côte d’Ivoire par un hélicoptère qui est allé de Ouagadougou récupérer à la frontière et du Togo en véhicule à la frontière.

Il ne s’agit pas d’une commande publique mais de l’aide que j’ai demandée à ces deux pays. En Côte d’ivoire, je me suis adressé au Chef d’Etat-major Particulier Monsieur le Général DIOMANDE Vagondo, au Togo, je me suis adressé au Chef d’Etat-major de la Gendarmerie, le Colonel MASSINA… »

Déposition du lieutenant Boureima Zagré, chef de la mission qui est allé récupérer le matériel à la frontière togolaise :

 « Le 17 septembre 2015 dans l’après-midi, le chef de corps adjoint, le Commandant KOROGO nous a informés que la gendarmerie et la police ont exprimé un besoin en matériel de maintien d’ordre à leur niveau. Le même soir, j’ai reçu un ordre de mission signé par le Commandant KOROGO Aziz m’instruisant de me rendre à Dapaong en territoire Togolais pour récupèrer du matériel de maintien d’ordre. C’est finalement à cinkansé côté Togolais que le matériel a été récupéré. Je tiens à préciser que mon ordre de mission a été visé par la Brigade Territoriale de gendarmerie côté Burkinabé. Je suis rentré à Ouagadougou le 18 septembre 2015 dans la soirée. La Gendarmerie et la Police sont passées chercher ledit matériel. Au niveau de la Gendarmerie c’était l’adjudant DAKYO de l’Escadron de Sécurité d’Intervention (ESI) qui est venu avec une banquette. Au niveau de la Police, c’était les éléments de l’Unité d’Intervention Polyvalente (UIP) à bord d’un minibus. Chacun d’eux a signé une décharge en deux exemplaires avant de prendre le matériel. Un exemplaire est resté au secrétariat et ils sont partis avec le second. J’ai fait la photocopie des décharges pour les garder par devers moi.

J’ai démarré le 17 septembre 2015 avec deux véhicules. Une TOYOTA LAND CRUSER mon cabine et un véhicule militaire type ACMAT. Nous étions dix militaires en tenue de combat du RSP. Nous sommes arrivés à Cinkansé aux environs de 02 heures du matin. Un numéro togolais qui m’avait précédemment absenté m’a rappelé. Mon interlocuteur a demandé ma position. Je lui ai dit que j’étais au niveau de la Brigade territoriale de Gendarmerie de Cinkansé. Il a déclaré que dès que je franchis la frontière de lui faire signe.

Aux environs de 06 heures et quart, le conducteur de la mono cabine et moi, après avoir vêtu des tenues civiles avons franchi la frontière à bord de son véhicule. Le contact togolais nous attendait. Nous l’avons suivi sur à peu près quatre kilomètres. Il nous a conduits dans une villa qui faisait apparemment office d’une brigade de gendarmerie. C’est en ce lieu que le matériel a été chargé dans notre véhicule par des personnes en tenues civiles, probablement des gendarmes. De retour à la Brigade de Gendarmerie de Cinkansé, nous avons revêtu la tenue treillis et avons repris la route pour Ouagadougou.

Question: Qui était le contact togolais?

Réponse: Je ne le connaissais pas. Mais c’était un Capitaine de la Gendarmerie togolaise du nom de PIASSO. Je l’ai ainsi identifié parce qu’il était en tenue militaire et avait une bande patronymique au niveau de sa poitrine. »

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