Crise sociale au Bénin: le député Valentin Djènontin analyse la situation et indique la voie à suivre

Face à la situation sociopolitique actuelle, le député de la 6ème circonscription électorale, Valentin Djènontin, a fait une analyse faisant ressortir les voies pouvant conduire au dégel de la fronde sociale.

Dans une tribune qu’il a rédigée et qui est parvenue à la rédaction de Benin Web Tv, l’homme déplore la méthode avec laquelle le gouvernement Talon agit face à cette crise.

Lire l’intégralité de sa tribune. 

Je fais cette analyse sans parti pris, mais ce que je voudrais souligner ici avec force c’est que c’est le président de la république qui a été élu par le peuple et non les syndicats. Et donc c’est à lui qu’il revient de prendre des décisions dans l’intérêt du peuple quand il est difficile d’avancer, car c’est encore à lui qu’il reviendra de rendre compte à ce même peuple.
Je voudrais rappeler à toutes fins utiles que ce bras de fer avec les travailleurs, notamment avec les syndicats du secteur de l’enseignement est parti de cette tentative d’arracher le droit de grève aux magistrats et aux travailleurs du secteur de la santé. Pour autant je reconnais qu’il est des prérogatives d’un chef de proposer des lois pour mieux orienter sa gestion de l’Etat, autant il est normal que le chef se ravise en toute humilité si le peuple n’en veut pas. Cela s’appelle être Président.
Et quand on est chef, que ce soit d’une nation ou d’un bataillon, c’est votre clairvoyance qui doit guider vos actions. Bâtir la confiance sans la surcharger S’il y a une raison pour laquelle, gouvernement et syndicats n’arrivent pas à avancer dans les négociations, selon moi c’est bien le manque de franchise. La condition sine qua non à la réussite dans une négociation est de parvenir à bâtir la confiance avec ses interlocuteurs. Sans elle, point de salut.
Parfois de petits gestes de bonne volonté suffisent à la restaurer et à dépasser des décennies de méfiance. Mais à y voir de près, pourrait-il avoir un minimum de franchise dans ces négociations, lorsque le chef qui a demandé un moratoire a essayé de profiter de cette période de trêve pour arracher aux travailleurs le droit de grève? Lorsque le chef pense que ce que lui veut, doit se substituer aux textes de la République, est-on toujours en négociation ? Lorsque le chef pense qu’il a été élu parce que de tout le peuple, ses challengers y compris, il détient le monopole de l’intelligence, aucune négociation n’est envisageable. Lorsque le chef foule au pied les lois de la République, et pense que la réussite de son mandat dépend de la façon dont il tient tout le monde, le dialogue est en panne. Lorsque que le chef dirige son peuple avec ruse et rage, il érige lui même une barrière à toute négociation sincère.
Traiter votre interlocuteur comme vous aimeriez être traité Le chef a promis révéler la nation dans tout son potentiel ; c’est son choix ; sa réalisation passe par le chemin du respect de la constitution et des acquis démocratiques. Posez-vous toujours la question avant d’adopter telle ou telle attitude : comment je réagirais si l’autre me traitait de la sorte ? Ceci vous évitera bien des déconvenues.
Rappelez-vous que tout le monde aime être reconnu et apprécié. Il vous appartient donc d’emblée de montrer à votre interlocuteur que, non seulement vous cherchez à comprendre son point de vue, mais que vous n’hésiterez pas à le prendre en compte. Comprendre qu’on peut céder sans s’aider Dans ce bras de fer entre gouvernement et syndicats, en début des négociations, chaque partie a pris une position extrême, dans le but de se garder une marge de manœuvre. Plutôt que prendre position face à la position de l’autre, « aller chercher les intérêts derrière les positions » serait l’idéal pour une sortie de crise. En d’autres termes, le chef n’a pas à se focaliser sur ce que demandent les travailleurs, mais sur leurs motivations. Ainsi il comprendra mieux leurs besoins. Si en plus il montre aux travailleurs sa volonté de prendre leurs demandes en compte, il découvrira que si les positions sont toujours contradictoires, les intérêts cachés derrière celles-ci ne le sont pas forcément.
Et beaucoup pensent que la négociation est une bataille qui implique forcément un gagnant et un perdant. Il faut tout de même explorer les idées des autres avant de les accepter ou les refuser. La peur de voir l’autre considérer vos idées comme des engagements constitue un frein majeur à la créativité. Quel Bénin veut – on révéler? Lorsque les justiciables sont abandonnés à leur sort, lorsque les populations ne peuvent pas se faire soigner convenablement, lorsque les écoles sont fermées et la situation socio-économique délétère ?
Et puisque c’est le chef seul qui est en mesure de débloquer la situation au point où nous en sommes, la « négociation raisonnée » est une alternative constructive à l’adversariat. Oui, l’affirmation de ses intérêts peut se conjuguer avec le respect de l’autre. Oui, négocier efficacement ne passe pas forcément par la ruse, les coups tordus et la mauvaise foi.
Oui, pour une sortie de crise, il vaut mieux s’asseoir côte à côte plutôt que face à face car l’épreuve de force n’est pas une fatalité. Quand nous avons fini de dire tout ceci, il reste que le chef soit vraiment le chef car les histoires que nous voulons le moins entendre sont les histoires que nous devrions entendre le plus.

L’He Valentin DJENONTIN

Député de la minorité parlementaire

Secrétaire Exécutif National / FCBE

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