Critique sur le film Black Panther (La Panthère Noire)

Enfin, j’ai pû visionner hier en compagnie de ma famille l’une des adaptations cinématographiques les plus attendues depuis des générations, le fameux blockbuster de superhéros « Black Panther » dépeignant les aventures mouvementées du jeune et magnanime prodige T’Challa (interprété par le virtuose de l’actorat Chadwick Boseman, alors agé de quarante-et-un ans) tout juste récemment courronné théarque à la tête du surpuissant royaume du Wakanda, petite utopie techno-militariste africaine nimbée de toutes sortes d’épaisses mystères et de secrets dépassant l’entendement du commun des mortels : parfois même terrifiants et trop lourds à porter pour un jeune homme ayant mené jusqu’alors une vie de supergénie globe-trotter encore désinvolte du lourd fardeau forgé en vibranium de ses pères…

Incorporant ingénieusement le drame d’espionnage politico-militaire et la science-fiction afrofuturiste aux thèmes du réalisme magique et d’une tragi-comédie dualiste, le cinéastre Ryan Coogler nous conte en griot rebelle des temps modernes une fable d’amour pourtant vieille comme le monde : celle de dieux indecorum et de héros légendaires, d’une idylle subtropicale, de la corruption originelle, d’un soupçon de trahison fulminant en l’air et d’un élément déclencheur embourbée de violence et de désespoir advenant à la chute du second favori et à l’engeance de la duplicité incarnée, de cette bête bicéphale tant dépeint par Seydou Badian dans sa célèbre pièce « La mort de Chaka » qu’est notre Typhon Inné, le sempiternel Compagnon des Hirondelles, mesmérique et effroyable archétype Sethien.

Enclivé entre les responsabilités qu’imposent une sucession de traditions et de politiques multimillénaires d’une main et la contentieuse décision d’avoir à faire concorder ou non les destinées de sa nation auprès du restant d’une planète grouillante de toutes sortes de tribus toutes aussi époustouflamment naïves qu’hostiles les unes après les autres – et à un univers damocléen duquel des êtres suprêmes et des démons tombent litéralement du ciel et ou la moindre découverte choquante conduit inexorablement à une série d’effets domino monstre – d’une autre main, le nouvel monarque se retrouve confronté à la croisée des chemins d’une nouvelle ère pouvant mener à l’auto-destruction de sa lignée ainsi que de sa nation… comme du restant de la Terre.

En remarquable antagoniste, le nationaliste noir extrêmiste et terroriste duramment entraîné par la CIA N’Jabaka, de son nom américain Eric « Killmonger » – le Bourreau – Stevens, se révélera fin prêt à toutes les bassesses et charognes afin de tempêter sa languissante vendetta à l’encontre de ce qui se révélera être suprenammennt [SPOILERS] sa famille et mêre-patrie paternelles [SPOILERS] et à débarasser la Terre de la cruelle folie du « Fardeau de l’homme blanc » une bonne fois pour toutes, qu’importe la fin… et si cela implique devenir tout aussi cruellement fou, « égaré » comme le disent les Wakandais ( pour ne pas dire tout Africain davantage ancrée en nos codes éthiques ancestraux, en général #JeSaisCeQueDisCrooooisMoi #HistoireVraie )

Parce qu’il est bien sûr question de tout ce que Killmonger représente : de cette facette excessivement vengeresse du nationalisme noir, débordant d’une rage et d’une détresse implacables, cultivée avec un acharnement inhumain par cinq siècles d’opression occidentale et des millénaires d’opression orientale, géant des anciens jours écartelée en pièces tel l’ancêtre forgeron, travesti en un véritable monstre de Frankeistein louangeant les poings en l’air à la mort du Pseudo-Prométhée comme à celle de la Foudre, force instoppable tonnant son courroux néanmmoins toujours aveugle de sa propre illégimité, de sa bâtardise.

Bâtard mais fort du corps contre le noble non seulement de sang mais d’esprit, usurpateur constant contre sucesseur indécis, langue fourchue de vérité contre parole d’or trop palotte, le misogynoir virilement rampant et brut d’une classe populaire encore peinée par l’héritage macabre (et toujours socialement préexistant) de l’esclavage et de la ségrégation industrialisée contre le relent de matrilinéarisme sacré des populations pastorales guerrières, les excès de la mentalité de ghetto contre celle des parents hautains, une amère vérité empreinte d’envie et d’ambitions aussi arrogantes qu’égoïstes contre un secret trop bien aseptisé, hubris contre hérésie, l’Isefet encore indompté de l’Afro-descendant moderne contre une Maât TROP maâtique…?

Il demeure certes évident que Coogler nous ouvre à un dialogue entre Afro-Américains (pour ne pas ainsi dire Afro-descendants en quelques points plus vagues) et Africains, dialogue commençant paradoxalement par la création de l’archétype typhonique qu’est Eric Killomger couplée par l’hubris justifié de T’Chaka, atteint son paroxysme par la seconde et rocambolesque « mort » de son fils T’Challa poursuivie par l’exil en hâte de la Reine Immaculée d’innocence et de sa fille prodige quoique surnaïve Shuri ( porteuse du dernier espoir de la nation… comble de l’irronie, Shuri s’apparente au nom swahili Suriya/Zuriya pour « connaissance, savoir, intelligence » – d’Ujuzi « éducation, connaissance savoir, qualification, technique » – ou « concubine » comme à Suri « ressemblance, physionomie, mine, apparence » ou « tu es ici » ou Zuri « bon, beau/belle, bien, agréable, admirable, exquis, graçieux, mignon/onne, splendide » et font référance à Jua pour « Soleil, temps ; connaissance » ou Jualiah/Aliyah pour« noble fille, princesse, fille du Soleil, issue du Soleil ; hautaine, orgueilleuse, de noble extraction » ) et du semi-couronnement justifiée par la loi du plus fort mais néanmmoins guère aprouvée par celle des ancêtres et des Orisas de l’usurpant Jaguar, nous épate par le Retour du Roi d’entre les Enfers et se conclûe tragiquement par les rédepmptions spirituelles inconscientes du défunt Prince rebelle N’Jobu comme de son fils le Prince N’Jabaka mourrant en ce Paradis Perdu tant aimée, héros incompris gémissant une dernière volonté déchirante à en faire larmoyer les morts sous les ailes protectrices de son vainqueur affligé l’Horus renaissant.

La lignée royale est désormais lavée de tout hubris et la Grande Réconciliation pour la Paix pourra peut-être enfin porter son fruit à seulement quelques instants avant que la terre des Hommes ne soit plongée sous les flammes et la froide torpeur d’un Titan Fou… « Black Panther » se porte en parfait exemple de réponse aux griots de temps immémoriaux, à Homère et à la tradition des bardes ioniens, à Shakespeare, Milton, Shelley, Welles et Lucas à propos de la grande question : « Qu’arriverait t-il si soit Seth, le Renard Roux, Anpu, Achille, Ulysse, Jason, Richard III, Hamlet, Lucifer, la créature du docteur Frankeistein, Citizen Kane ou Darth Vador aurait à naître et grandir seul au beau milieu d’un ghetto noir américain de Californie des années 1980 et finissait par se rendre compte au fil de ses épiques mésaventures qu’il n’est pas tout à fait l’Élu de sa propre histoire que TROP TARD?» Et ce, tout en demeurant fidêle à la source matériel enrichie de main de maître respectivement par Jack Kirby, Don McGregror et Ta-Nehesi Coates. Génie artistique laissant plausiblement à songer que les capacitées créatives de Coogler sont si polyvalentes qu’elles peuvent toutes autant nous offrir l’un des plus icôniques drames sportifs de l’âge moderne du cinéma avant même d’avoir soufflé ses trente bougies comme rivaliser auprès des grands noms ayant été prominamment mieux versées dans les catégories de la science-fiction ou du genre superhéroïque tel que Stanley Kubrick, Christopher Nolan, Patty Jenkins, les Frères Russo, les Frères Wachowski, J.J. Abrams ou Zack Snyder.

Coogler a su brillament nous traduire par une fluidité visuelle époustouflante et un scénario original les différents points de vue opposant la Panthère Noire et Killmonger comme des deux opinions réccurentes au sein des enjeux concernant le sort de l’Afrique par des africains et pour les Africains comme des deux milliards de Noirs à travers le globe – toujours oppressés et dilapidés de toute dignité et stabilité vitale – du point de vue d’une nation isolationniste pourtant suffisament souverraine et avancée afin de conquérir le monde et bien au-delà tant par le rameau glorieux de la paix que le tintement galvanisant de leur métal sacré, confrontant sur grand écran pour la toute premièere fois de l’histoire moderne les différentes hypothèses socio-politico-spirituels quant à la façcon de gouverner une nation africaine forte et souverraine en accordance aux Allégories égypto-nubiennes (et non platonicienne comme se persuade à tort la convention populaire) de la Caverne comme de l’Attelage Ailé – non sans toutefois poser en claire distinction l’école amoniste (isolationnisme, culte d’Etat multipartiste d’un Démiurge suprême caché de tous et accessible seulement par l’entremise de déités et d’ancêtres déifiés reflétant différents aspects de Sa Toute Puissance, centralisation des pouvoirs politiques et spirituels autour de la caste sacerdotale, nationalisme d’obédience conservatrice, culte du secret, intolérance et méfiance systémiques envers les nations étrangères dont en particulier non-africaines ou non-noires, de l’impérialisme soft quoique hautement sacralisé et militarisé, humanisme introspectif) d’une main ou l’atonisme (universalité impérialiste, libre-échange, accès aux Mystères et à une haute-éducation aux peuples non-noirs ou égarés, centralisation des pouvoirs autour du pharaon et de la famille royale, culte d’Etat centralisateur autour d’un Démiurge certes caché et multiforme mais accessible à tous qu’importe leur niveau de ou absence de vertu comme extraction sociale ou ethnique, tolérance des étrangers, limitations des pouvoirs politiques de la caste sacerdotale, humanisme extrospective) d’une autre – ou du Kuntéisme en l’empire du Mali (tolérance envers la diversité culturelle et religieuse mais stricte centralisation autour des valeurs et fondements éthiques comme interculturels endogènes au Soudan occidental, universalité impérialiste, humanisme extrospective) voire de l’impérialisme Amazulu tel que promulgué par l’empereur Chaka (hyper-militarisation, impérialisme « mild » mais hiérarchisation en masse radicale, isolationnisme centralisé contre les colons européens, réforme des coutumes et politiques des différentes ethnies et royaumes, politique fédérale centralisateur ferme et théarchique) , comme à d’autres plus contemporaines ayant été développées par les différentes branches panafricaines tels que le diopisme (État fédéral républicain panafricain centralisateur, limitations du libre-échange auprès du restant du monde, mise en développement des ressources économiques comme éducationnel et technologique, période d’isolationnisme volontaire auprès des pays de l’hémisphère Nord, mise en réforme catégorique des religions importées) , le Sélassiénisme abyssin (panabyssinisme anti-tribaliste, panafricanisme pro-Krumeh, poursuite de la modernisation étatique par la politique de Menelik II, intervention diplomatique forte mais militairement soft sauf en Afrique du Sud et dans la Corne, partage les ressources de l’Éthiopie auprès du restant du continent africain, humanisme pro-universaliste, agnosticisme, théisme, rejet plus ou moins officieux des dogmes religieux) , au Garveyisme (centralisation stricte de tous les pouvoirs autour d’une république monarchique et monothéiste noire en Afrique coupée de toute influence corrumptive des puissances coloniales, enrichissement économique, capitalisme intracommunautaire, galvanisation de la force de la presse écrite comme de stratégies martiales fermes en cas de période de guerre, enrichissement intellectuel, auto-sotérianisme) et au communautarisme afro-américain radical (protection et enrichissement de la communauté pour le peuple noir et au nom du peuple noir, tolérance calculée envers les autres communautés non-blanches, méfiance envers l’ordre social prrétabli, anti-nationalisme blanc prononçé, lutte politico-économique comme édcationnelle et policée contre l’oppression raciale locale ou dans différents pays, pro-Second Amendement, soit américaniste ou farouchement anti-américaniste, soit religieusement tolérant ou opposé au christianisme, soit influence garveyiste ou refus total de toute idéologie pro-africaine, pessimisme, influence milléniariste abrahamique plus ou moins prononçé) .

Mais aussi à un amalgame propre à la déviance de Killmonger entremêlant toute l’influence dûe à l’environnement social duquel il a grandi tel que le gangstérisme américain (Wolfisme, individualisme systémique, libre-échange select, trafic clandestin, culte de « la poursuite du bonheur » et du succès capitaliste promulgé par les intellectuels anglo-saxons, luxuriance obsentatoire exagéremment prononçé, cynisme idéologique, pessimisme) ainsi qu’à des idéologies propres à la sphère des pays germaniques et de la judéo-chrétieneté entre autres tels que le militarisme ultramasculiniste américain, le darwinisme social, les philosophies de l’esprit et de l’Histoire tels que perçues par Hegel, la prémoderne hypothèse tripartite germanique/nordique, le millénarisme radical ainsi que quelques dérivés plus distinctes tels que le sionisme ou l’impérialisme nippon sous l’Ere Hirohito : ce qui le rapproche en matière de psyché et de convictions à des antagonistes perçues dans d’autres fictions de superhéros et d’espionnage sur grand écran tels que le Général Zod ou Arès (Univers Cinématique DC) , Magnéto et En Sabah Nur/Apocalypse (Univers Cinématique X-Men) , Alexander Goodwin Pierce (« Captain America – Winter Soldier/Capitaine America – Le Soldat d’Hiver ») , Richmond Valentine (« Kingmen – Services Secrets ») ou Gustav Graves/Colonel Tan-Sun Moon (« 007 – Meurs Un Autre Jour ») ou en terme de pathologie au Batman amoral et grisé de « Batman V Superman » , Blofeld de la franchise 007, voire ad externum à des figures historiques tels qu’Alexandre de Macédoine, Napoléon Bonaparte, Pablo Escobar ou Mobutu ; voire encore au célèbre antagoniste-devenu-antihéros extra-terrestre Prince Végéta de la franchise de mangas nippones Dragon Ball (duquel Jordan ainsi que Coogler auront admit avoir volontairement voulu rendre hommage en la personne de Killmonger) .

On peut aussi faire décréter deux différentes visions de l’alter-mondialisme : l’une étant à l’avantage de l’Afrique et de tous les peuples opprimés de façon radicale et violente tandis que l’autre use de finesse géostratégique soft, d’espionnage et d’exfilration à l’échelle globale ainsi que de diplomatie afin de résulter aux mêmes fins, tout en évitant le plus possible à tout bain de sang en masse. Quoique ces deux nuances sont beaucoup plus manichéisés en ce contexte fictif qu’ils ne le sont réellement dans la réalité historique, puisque ces approches ont été indistinctement tous ou presque usées par les différents pays, organisations, guérillas, factions classifiées terroristes et réseaux internationaux anti-colonialistes du Tiers-Monde depuis la Guerre Froide et en contre-réplication aux différentes fonctions géostratégiques de l’hémisphère Nord usant de tout autant de duplicité (comme l’auront prouvés les relations respectives de Killmonger [ayant été admise] ou du Boko Haram [implicitement sous-référée par style de préfiguration] auprès des commandos spéciales américaines comme de leurs services secrets ou encore de la brève entente de Klae auprès de cette dernière organisation) .

La performance de l’acteur personnifiant ce supervillain dangereusement narcissique et sans remords aura permit de rendre mieux transcendable l’évolution personnelle comme spirituelle de l’introverti T’Challa alors qu’il transitait de prince à illustre roi, mettant en défi tout la gamme émotionnelle du jeu de Boseman tout en respectant la nature proprement alchimique de cet arc narratif. Les clins d’oeil cinématographiques à « La Guerre des Etoiles » , « Le Seigneur des Anneaux – Le Retour du Roi » , « Un Prince à New-York » ainsi qu’à la trilogie Spider-Man de Sam Raimi me firent amplement sourire. Un chef d’oeuvre avant-gardiste à des années-lumière de toute cette crasse-à-fric infantiliste et paternalisante à souhait auquel l’Univers Cinématique Marvel n’a guère cessé de gerber depuis quelques années.

Un 8 sur 10 à ce long-métrage qui aura combler non seulement mes attentes mais aussi celles de mes parentés.

Simba Olenga

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus