Opinion : la colère des enseignants face aux primes de l’affront

 5.000 FCFA de prime annuelle de documentation. 4.000 FCFA l’an pour la prime de craie. Entre 16 000 FCFA, 11000 FCFA ou même 6000 FCFA, pour voir l’enseignant s’habiller convenablement toute l’année. Ridicules sont ces montants chiffrés. Rien de la moquerie.

De la raillerie. Du burlesque et rien que de la bouffonnerie.

En plein 21ème siècle, cela paraît une logique illogique qui se passe de tous commentaires. Dans l’empire de la démesure, l’irréel prend le pas et ce que d’aucuns croient réaliste n’est que de l’irréaliste, de l’irréalisable.

[su_heading size= »17″]A (re) lire aussi : Bénin: le salaire du chargé de mission Zul Kifl Salami crée la polémique sur les réseaux sociaux [/su_heading]

Au même moment où certains sont tirés à quatre épingles, ils veulent que la couche aimée et déconsidérée des enseignants soit une fois encore discréditée et exposée à toutes formes de critiques à cause de son habillement.

Et pourtant, le ministre de l’enseignement secondaire a sorti une note concernant l’habillement décent que doivent arborer les enseignants. Qui n’ont d’ailleurs pas manqué de lui demander la participation gouvernementale à cet effort qui leur est demandé.

 

 « Ou bien on nous donne des primes de motivation conséquentes pour nous encourager à mieux et bien faire ou on ne le fait pas. Mais si c’est pour se foutre de nous, ce n’est pas la peine. Dans d’autres secteurs et en fonction des postes de responsabilité, des primes mensuelles dépassent de loin, l’ensemble de ce qui nous est proposé. C’est tout simplement un affront pour les professionnels de la craie que nous sommes et qui mériteraient nettement mieux ! » s’est indigné un groupe de ces enseignants.

 

 Comment peut-on en arriver à proposer à l’enseignant béninois une prime annuelle de documentation de 5000 FCFA ? De 4000 FCFA l’an pour la craie et entre 16 000 et 6000 FCFA pour l’habillement si n’est pas du mépris ?

Autant mieux ne rien proposer que d’aller dans injure faite à la couche des enseignants des cycles maternel, primaire et secondaire !

Pour avoir choisi d’aller à ce métier, les enseignants ont semblent-ils signé le pacte de leur paupérisation, de leur déconsidération. Et tous les gouvernements qui se succèdent n’ont toujours pas compris que la corporation des enseignants mérite grande considération et respect ?

[su_heading size= »17″]A (re) lire aussi : Bénin – Grève : Noël Chadaré dénonce la confiscation des salaires par le gouvernement [/su_heading]

Si dans d’autres pays africains et du monde, les professionnels de la craie ne se plaignent nullement des conditions salariales et de travail qui leurs sont faites, au Bénin, les choses ne sont pas aussi simples.

Cette couche dans le rang des partenaires sociaux mériterait nettement meilleur traitement qu’elle ne connaît. Les dirigeants au sommet de l’Etat le savent. Même s’ils ferment les yeux. Ils savent bien que lorsque la moutarde les piquent à raison, que la corporation n’hésite pas à réagir. Des réactions pouvant être contenues si les lisières adaptées sont vite trouvées. Sinon, c’est le tango libre qui commence sur une sérénade inappropriée. Et si la rythmique ne change pas vite, c’est la cacophonie qui prend place. Et s’enchaînent alors, des manifestations de protestations, boycott et cessation de travail. Un cycle expression de la désuétude affichée par eux pour dénoncer au plus haut niveau l’absurde et incompréhensible mépris leur est fait. Et ils sont fiers ces femmes et ces hommes, infatigables soldats de la craie de défendre les avantages liés à ce beau et noble métier qu’est l’enseignement mais dont la noblesse paraît de plus en plus enlaidie.

 

 Pourquoi ne pas leur accorder le bénéfice des statuts particuliers réclamés depuis 2012 et sur une base consensuelle au lieu de leur servir des projets de coquilles vidées de l’essentiel ? D’autres corporations de la fonction publique ont pu bénéficier de cet avantage. Mais pourquoi pas eux ? Ne méritent-ils pas eux-aussi de rentrer dans la jouissance d’une noblesse salariale s’il est vrai que dans aucun pays du monde, l’on ne peut payer l’enseignant à sa juste et réelle valeur ?

 

Depuis 2012 que des chapelets de griefs s’égrènent, des avancées ont été constatées certes. Mais l’essentiel n’est toujours pas attaqué. Et il ne pourra l’être que dans un dialogue social de vérité pour aboutir à un accord consensuel qui sera acté d’accords parties pour éviter les traitrises de dernières minutes. Tant que cet os sera dans la gorge, les miasmes et spasmes ne manqueront jamais d’agiter ce corps si fragile et oh combien incontournable, nécessaire !

La saison des grèves qui s’abat année après année sur ce secteur de la vie active et la malmène au gré des vents peut faiblir. Et alors, ce piège sans fin qui piège élèves et parents pourrait ne plus enregistrer la récurrence qu’on lui connaît.

[su_heading size= »17″]A (re) lire aussi : Bénin – fronde sociale : Patrice Talon s’explique sur les défalcations opérées sur les salaires [/su_heading]

Les enseignants ne sont quand même pas les parents pauvres de la République ! Et ne méritent pas des traitements sclérosés. Des traitements imposés car à sens unique ! Aussi, pour l’heure, la balle est dans le camp de l’Etat employeur. Qui a le devoir et l’obligation en respect à la corporation, d’accepter le consensus et le vrai.

 

Stanislas PHILIPPE, enseignant chercheur

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus