Opinion : et si l’avocat de Patrice Talon changeait de portefeuille ministériel ?

Ce technocrate fut de tous les combats sous le précédent régime. Ayant combattu Boni Yayi jusqu’aux os, le professeur agrégé de droit était apprécié par les béninois. Montrant sa parfaite maîtrise des questions de droits et de l’idéal qu’il fallait pour ce peuple, il fut l’un des chantres de la Rupture et a su convaincre les indécis à voter pour Patrice Talon.

Une fois son candidat élu en Avril 2016, Joseph Djogbenou est nommé ministre de la Justice de son État. Mais de plus en plus, les béninois n’arrivent plus à comprendre l’homme de la société civile. Comme ayant appris de la rhétorique politique de Machiavel, les qualités d’un bon « Prince », l’actuel ministre de la justice s’est véritablement métamorphosé.

Le super ministre qui doit orienter la politique de Patrice Talon en matière de législation et du respect des textes de la République se révèle à la face du monde comme une calamité. Sinon, comment expliquer la multitude des textes et décisions de l’actuel gouvernement rejetée ou condamnée par la Cour Constitutionnelle ?

Joseph Djogbenou parait incapable de proposer un seul texte de lois qui ne fasse l’objet de vives critiques. Pour lui, il faut ruser et s’enrager avec les textes de notre république. Ce dernier est sur tous les dossiers indéfendables et trouve parfois des arguments fallacieux pour justifier la pire des dérives de l’actuel gouvernement.

Pour la réforme constitutionnelle qui devrait favoriser le bien-être de tous, Joseph Djogbenou en complicité avec son client-président vont proposer un texte constitutionnel qui vassalise notre république, comme si avant eux le Bénin n’existait pas. À la suite du rejet de ce projet à viser despotique par les députés de la minorité parlementaire, Djogbenou invente à travers sa célèbre phrase une nouvelle forme de politique étatique : « La ruse et la rage ».

Au nom de la ruse et de la rage, une kyrielle de lois claniques rejetées par la Cour Constitutionnelle seront votée par le Parlement. Les lois sur les collaborateurs extérieurs et sur le renseignement en sont une parfaite illustration. Le texte de loi qui fait actuellement polémique et suscite la réaction des confédérations syndicales est le retrait du droit de grève aux Magistrats et aux agents de santé.

Joseph Djogbenou défend mordicus ce projet de loi et parle de Jurisprudence. Il menace même les magistrats du droit de réquisition, alors qu’il avait combattu ce texte de loi sous le régime de Boni Yayi. Quel paradoxe !

L’adrénaline monte entre le gouvernement et les confédérations syndicales à cause de ce texte de loi. La bataille s’annonce palpitante à cause de Djogbenou. Le régime de Patrice Talon qui avait su maîtriser l’opposition politique est en train de créer sa propre tombe. Désormais, les travailleurs entrent aussi dans le jeu et la paralysie générale de l’administration n’améliorera pas les choses.

Comme les magistrats gabonais réclament le départ de leur garde des sceaux, ceux béninois finiront aussi par mettre à prix la tête de l’actuel ministre de la justice, même si le texte de loi tant controversé était annulé par la Cour Constitutionnelle.

Patrice Talon doit calmer son ministre ou lui changer de portefeuille ministériel, l’arrogance de cet expert des questions de droits à soutenir des textes controversés, énerve, agace la plupart des citoyens béninois. Joseph Djogbenou devrait se cacher ou éviter les écrans de projecteur, car il n’est pas le seul super ministre de notre république.

Ozias Hounguè

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