Risque d’une année blanche au Bénin : la lettre d’un élève de la Tle C à Patrice Talon

Sensible à une probable invalidation de l’année scolaire suite aux mouvements de grève perlés des enseignants, Mari-Christos Noumonvi, élève en classe de Tle C au CEG 1 Lobogo (Commune de Bopa), a adressé au président Talon, une lettre ouverte dans laquelle il exhorte de chef de l’Etat à céder aux revendications des enseignants et à se méfier des conseils des acteurs politiques qui se réclament de son régime. Lire la lettre.

Excellence Mr le Président,

Recevez d’entrée mes vives salutations et mes considérations les plus distinguées.

C’est avec un cœur de patriote et d’admirateur que je prends ma plume trempée dans l’encre de l’espoir et de la vérité pour vous adresser ces mots, tout en espérant qu’ils vous parviennent au Palais Présidentiel.

Excellence Mr le Président,

Permettez-moi de vous entretenir au sujet de la grève sauvage qui secoue le système éducatif de notre pays le Bénin depuis la deuxième moitié du mois de janvier 2018. Deux mois déjà que les activités pédagogiques sont quasiment aux arrêts sur toute l’étendue du territoire national.

Aujourd’hui, l’école béninoise est sur un plan incliné d’un angle de 80º et sans forces de frottement. Pour dire Monsieur le Président, que si aucune solution n’est trouvée à cette crise titanesque, la chute sera très fatale, tant pour les élèves que pour leurs géniteurs et la nation toute entière. Cette chute fatale dont je parle, n’est rien d’autre que le risque d’une « année invalidée » vers laquelle nous tendons à petits pas.

« L’éducation est la base de tout développement » dit-on. Permettez-moi de vous dire en toute sincérité et en toute franchise, Excellence Mr le Président, que si l’éducation béninoise échoue, c’est toute une génération de futurs leaders politiques et de futurs hauts cadres, qui va s’écrouler comme les tours jumelles le 11 Septembre 2001 aux USA. Le contexte ici sera complètement différent puisqu’il s’agira d’un « Tsunami scolaire ».

Oui, Excellence Mr le Président, à l’allure où vont les choses et si nous ne mettons pas nos divergences de côtés, nous risquons de voir s’envoler devant nous, l’année en cours. Je ne vous apprends rien cher Père, mais permettez-moi de vous dire la vérité en tant que compatriote et en tant que Futur Emmanuel Macron du Bénin.

Le risque d’invalidation de cette année scolaire, auquel je ne veux point rêver ni assister, peut avoir des conséquences sur la psychologie du peuple notamment des élèves. Notons entre autres, les risques d’accroissement du taux de délinquance à travers le pays ; de prostitution ; de cybercriminalité ; de recherche accrue du gain facile ; d’augmentation du nombre des ghettos et par ricochet du nombre d’enfants toxicomanes et fumeurs agrégés.

Car, l’école est le second lieu par excellence où l’on nous inculque de la plus belle des manières, les nobles valeurs morales, le savoir-faire et le savoir vivre en société. Et donc, si les portes de ce sanctuaire se ferment, bon nombres d’enfants déjà livrés à eux-mêmes et sous le poids de la pauvreté, se laisseront facilement entrainer dans les actes hors lois. Ce qui n’honore guère notre patrie. Victor Hugo disait ceci : « Un enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne ».

Excellence Mr le Président,

Certes, « On pense autrement dans un palais que dans une chaumière » (Karl Marx), mais moi j’ai la ferme conviction que vous n’accepterez au grand jamais perdre toute une génération de grands espoirs à travers l’invalidation de l’année en cours et que vous arriverez d’ici peu à un accord historique avec les enseignants qui réclament l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

Je sais que vous ne vous sentirez pas bien de voir toutes ces âmes innocentes, mendier et errer davantage dans les rues.

Excellence Mr le Président,

Pour un garçon de mon âge (17 ans) qui rêve d’être un jour à la Marina, et dont vous êtes l’idole de l’éloquence verbal, la réussite de votre unique quinquennat (si vous ne songez pas à revenir en 2021 bien-sûr) ferait ma fierté.

Donc, je voudrais humblement vous demander de mettre votre cœur d’homme scientifique au service du peuple souverain qui vous a élu à sa tête en 2016. Écoutez la raison de votre cœur et non celle de ces politiques qui vous font croire qu’ils vous soutiennent dans l’intérêt de la nation.

Souffrez que je vous dise Mr le Président, que tous ceux qui sont avec vous ne veulent pas tous votre réussite. Certains, pour des raisons d’intérêts personnels, vous donnerez de mauvais conseils afin de vous voir dans l’abîme de l’échec en 2021.

Celui qui vous dira d’aller jusqu’au bout de ce bras de fer avec les travailleurs en restant hostile à leurs revendications, est un ennemi de la République qui n’a d’yeux que pour ses poches.

Le seul et unique moyen de dénouer la crise, sera de rétrocéder les défalcations afin que les Confédérations Syndicales signent l’accord de sortie de crise. Sans ça, nous n’irons de l’avant.

En attendant que ma lettre ne vous parvienne et que la crise ne soit dénouée, je vous souhaite bonne continuation dans vos projets et que le Père céleste vous aide dans la suite de votre mandat.

Mari-Christos Noumonvi, élève en Tle C au CEG 1 Lobogo (Commune de Bopa)

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus