Bénin – Agression du député Atao Hinnouho : le Procureur s’explique sans convaincre

Par une déclaration de presse, le Procureur de la République, Gilbert Togbonon a tenté d’expliquer l’acte, qualifié d’agression, des officiers de la police judiciaire sur le député de la 15ème circonscription électorale du Bénin, Mohamed Atao Hinnouho, au Tribunal de première instance de Cotonou le 27 avril 2018 alors qu’il était en plein processus judiciaire. Des explications qui peinent à convaincre.

Selon les avocats de la défense ; inculpé par le juge d’instruction, le député Atao Hinnouho, conformément aux dispositions du code de procédure pénale, est renvoyé devant le juge des libertés et de la détention quand les officiers de la police judiciaire se sont jetés sur lui pour essayer de l’arrêter. Mais à en croire le Procureur Togbonon, cette tentative d’arrestation se justifie par une ordonnance tendant au placement en détention préventive que le juge d’instruction aurait délivré suite de l’inculpation du député.

« Ayant été informé de la présence de Monsieur Atao Hinnouho dans les locaux du tribunal de première instance de Cotonou, les officiers de police judiciaire ont mis en place un dispositif qui a permis de l’interpeller », a expliqué le Procureur Togbonon. Une explication qui suscite une interrogation : si le procureur, dans sa déclaration, a reconnu que le processus judiciaire de placement du député Atao en détention préventive est toujours en cours, ceci selon les règles de procédure pénale, pourquoi les officiers de police judiciaire n’ont pas attendu la fin du processus judiciaire avant d’essayer d’interpeller l’accusé ?

Sauf si le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou est une pétaudière, le responsable des officiers de la police judiciaire du Tribunal ou du moins le président du Tribunal doit expliquer à l’opinion publique béninoise la précipitation des policiers à interpeller un accusé, qui plus est un député à l’Assemblée Nationale, en pleine procédure judiciaire.

L’autre aberration qu’on peut noter dans la déclaration du Procureur, c’est son intention, de banaliser les plaintes du député Atao après son agression. Il déclare ceci : « Devant le juge des libertés et de la détention, Monsieur Atao Hinnouho a fait savoir au ministère public qu’il aurait été brutalité et ressentait des malaises ». Pourquoi utiliser le conditionnel pour rapporter la plainte du député à laquelle on a d’ailleurs implicitement tenter d’apporter des explications ? Comment le député peut faire savoir qu’il aurait été brutalisé ? Sauf erreur d’appréciation, le procureur doit revoir sa copie à ce niveau.

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