Bénin – entre grogne sociale et réformes: Patrice Talon et « l’autre », des incompris ?

En république du Bénin les choses semblent ne plus aller comme les citoyens le pensaient au soir du 06 avril 2016. Après la prestation de serment, « sobre », de Patrice Talon comme président de la république du Bénin, le pays semble avoir changé de cap et le sentiment d’une nouvelle ère se reflétait dans les visages des uns et des autres. Deux années de gestions et les visages sont tristes, les sourcilles foncés et les cœurs remplis de colère et d’incompréhension face à la gestion de ce même homme qui pourtant incarnait l’espoir. Et si l’autre avait raison ?

Des réformes à n’en point finir dans presque tous les domaines et secteurs d’activité de la vie socio économique et politique du Bénin. Le président Patrice Talon a très souvent répété, dans ses rares interventions publiques, qu’il faudrait, pour ses concitoyens, « serrer la ceinture » pendant un moment, le temps de réformer les choses avant d’en jouir plus tard. C’est ainsi que de réformes en réformes, la population commence à s’inquiéter et les grognes n’ont pas tardé à naître dans les rangs des politiciens, de la société civile et bien entendu de la population.

Des affaires de corruptions, de trafic de drogue, de détournement de fonds et autres formes de dossiers ont été sortis des placards pour dit-on, assainir l’administration publique; des casses de petits commerces avec les « déguerpissements » pour dit-on aussi, assainir et rendre belle les villes du pays. Tellement les réformes annoncées et les réalisations prévues par les gouvernants avec le PAG (programme d’action du gouvernement) sont belles mais tardent à se concrétiser que la population, à tort ou à raison, commence à s’inquiéter de ce qui pourrait advenir à cette allure, de sa vie, de ses conditions de vie et de son pays.

Tous ces éléments, cumulés à cette impression d’injustice, de dictât d’une « bande de copains » sur le pays, accentuent la grogne sociale qui commence à gagner peu à peu l’esprit des quelques béninois encore optimistes. « L’autre » avait pourtant prévenu le pays de ce qui arriverait avec la rupture comme nouveau régime politique au pouvoir. Cependant, pourquoi ne l’avaient-elles pas écouté, ces populations ? Avait-il été l’incompris de service ?

Le bénéfice du doute dans une situation non encore catastrophique

Le président Talon et son équipe disent être à pied d’œuvre pour la réalisation des objectifs fixés dans leur PAG. Même si les grognes sont d’actualités et que le sentiment de la chasse à ceux qui s’opposent à « la rupture » taraude les cœurs et les esprits, même si les réformes paraissent des décisions unilatérales et qu’elles semblent ne pas être précédées par un plan d’action concret, plusieurs questions subsistent et pourraient donner comme principal incompris, Patrice Talon.

Le Bénin ne doit-il pas avancer et laisser derrière lui certaines habitudes qu’il trainait depuis des années et qui, tous les béninois le savent, entravent son essor et son réel développement ? Pourquoi les réformes qui devraient contenter la classe politique ou tout au moins la société civile ne semblent-elles pas, par étonnement, les rassurer ? Patrice Talon n’a-t-il pas un autre procédé pour se faire comprendre par le peuple en ce qui concerne sa gestion et ses actes ? Des questions à n’en point finir et le peuple en arrive à ne plus comprendre ni l’un ni l’autre.

La fronde sociale s’accentue de jour en jour et les mêmes « coups de gueule » reviennent sur toutes les lèvres : « le pays va mal », « il n’y a pas d’argent dans le pays » ou encore « la gestion du pays est clanique et catastrophique ». Cependant, toutes ces réactions dans la grogne ne se reflètent pourtant pas dans le pays, quant on fait une analyse logique et impartiale de la situation sociopolitique et économique qui y prévaut.

Les fonctionnaires du pays n’ont pourtant jamais manqué de salaire, les mêmes conditions de travail sont offertes aux travailleurs depuis les autres gouvernements qu’a connu le pays ; si ce sont les réformes qui constituent la raison fondamentale des cris et grognes, il en faudrait donc plus pour arrêter ce gouvernement qui en a fait son bâton de pèlerin et qui d’ailleurs reçoit les félicitations des institutions internationales pour son effort pour le développement, la promotion de la bonne gouvernance ou encore la lutte contre la corruption, véritable gangrène de toute société humaine.

Dès sa prise de fonction Patrice Talon disait, « je suis prêt tout de suite… » ; C’est surement pour signifier que quelque soit la lourdeur de la tâche et le risque à prendre, il le ferait. Il a donc pris le risque de se rendre impopulaire et même très impopulaire afin d’apporter sa touche à l’édifice « Bénin », pour qu’à la fin, les béninois puissent jouir de bonnes conditions de vie, de travail et avoir un pays dont ils pourront être fiers. Pourquoi donc tant de mécontent quant on avait été mis au courant de ce qui allait arriver ? Talon avait-il été mal compris ?

Le « Mea-culpa »

Les grogneurs et mécontents du moment sont peut-être, soit trop impatients, soit pensent-ils que le procédé du pouvoir actuel est mauvais, ce qui est normal, soit ils sont simplement de mauvaise foi.

Dans tous les cas, aucun dirigent parmi tous ceux qui se sont succédés depuis l’indépendance du Bénin n’est jamais assez bon pour plaire à tout le monde. Une remarque qui se veut très pertinente quant on sait que ceci se rapporte à toutes les sociétés humaines de la planète « terre ». Il n’y a jamais eu d’unanimité dans l’appréciation d’un dirigeant quelque bon président, monarque ou guide soit-il. Toutefois, il serait souhaitable que les critiques de l’action gouvernementale accordent le bénéfice du doute auxdites actions tout en en faisant une critique constructive afin d’en apporter leur contribution.

L’autre souhait serait que le gouvernement prête oreille aux propositions pour en tirer, ne serait-ce que le minimum de bonnes choses, afin de compléter son plan d’action. Des souhaits qui, on peut le dire, risquent de ne jamais se réaliser si, des deux côtés, on ne fait pas preuve de bonne foi et de volonté réelle de changement dans un pays où cette dynamique, celle du changement de mentalité, celle du développement, est cruellement manquante.

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