Bénin : Étranges, nos enfants cybercriminels assassins ? (chronique de Roger Gbégnonvi)

C’est l’actualité des cybercriminels qui a retenu l’attention de l’ancien ministre de l’alphabétisation, le professeur Roger Gbégnonvi. A travers une chronique intitulée   » Etranges, nos enfants cybercriminels assassins ? »,  le professeur s’est interrogé sur la possibilité de nos pays d’éradiquer ces crimes crapuleux sans passer à la modernisation du « vodoun » qui, pour la plupart du temps, apprécie le sang et parfois le sang humain. Lire ci-dessous l’intégralité de la chronique.

Chronique de Roger Gbégnonvi:

 Indignation, effroi dans le Landerneau, parce que nos jouvenceaux et jouvencelles, experts en cybercriminalité, auraient découvert que le terrifiant vodun Kinninssi, arrosé de sang humain, leur permet de se protéger et d’arracher plus d’argent à leurs victimes. D’où leur actuelle propension à égorger femmes et enfants pour avoir ce qu’il faut de sang. L’on doit se révolter et tout mettre en œuvre à tous les niveaux pour éradiquer la monstruosité.

Eradiquer. Le pourra-t-on vraiment ? Peut-on même le vouloir ? En effet, dans la galaxie Vodun de la cité béninoise, il est naturel et normal, juste et bon, que le sang soit de toutes les recettes mystiques destinées à protéger l’individu et à lui garantir tous les succès.

Dans des vases ou des trous creusés à cet effet, on recueille à gros bouillons le sang des animaux sacrifiés pour plaire aux vodun et, à la Tabaski, pour plaire à Allah. Quant aux chrétiens charismatiques, ils ont franchi un pas bizarre qui leur fait déclarer avec assurance : ‘‘Je baigne dans le sang du Christ’’. Sang jugé plus efficace que celui des cabris. Jugement qui leur permet de tout amalgamer pour voir en Jésus crucifié un vodun importé à la force de protection nucléaire.

Franchissant de leur côté un pas décadent et hyper animal, nos enfants cybercriminels estiment aujourd’hui que, abreuvé de sang humain, Kinninssi les protège et décuple les profits du métier d’escroc, dont ils tirent une grande considération sociale. Et si cette croyance sanguinolente de nos enfants assassins s’inscrivait dans la droite ligne de nos traditions, qu’ils ne feraient que rénover et amplifier avec un cynisme hallucinant ?
Car s’ils appartiennent au Département du Zou, nos enfants cybercriminels et assassins savent que chez eux, quelque part, il est un trône érigé sur quatre crânes humains, et que ce montage, objectivement macabre, est revendiqué comme trophée de puissance et de gloire. S’ils appartiennent au Département du Mono, ils connaissent le grand vodun Kposú-et-Gahú érigé sur deux généraux enterrés ‘‘vivants’’, et savent que ce montage, objectivement macabre, est revendiqué comme un trophée de vengeance et de puissance.

Avant de réduire les quatre en supports du siège royal et d’enfouir les deux sous terre, il est probable qu’on ait égorgé ces six personnes afin de recueillir leur sang à offrir aux vodun pour la protection et le bien-être des assassins. Et nous savons tous, dans la galaxie Vodun, que, en-dessous des grands Lêgba et Aïzan, protecteurs de nos cités, il y a toujours un couple ou, tout au moins, un homme ou une femme, saisi la nuit parmi les sans feu ni lieu allant leur chemin d’innocence et de liberté.

En mars 2018, dans le Département de l’Atlantique, vous pourfendez avec une sexagénaire l’inhumanité de nos enfants cybercriminels assassins. A un détour de l’entretien, elle vous confie ingénument que, elle ‘‘aussi’’, pour l’efficacité de sa protection, boit chaque matin son breuvage mystique dans un crâne humain. Et, à son insu, cette dame analphabète vous confirme ce qu’écrit Paul Hazoumé dans ‘‘Le Pacte de Sang au Dahomey’’, savoir que les ‘‘coupes’’ les plus recherchées sont les crânes de ‘‘ceux dont la mort fut violente, infamante ou répugnante’’. Exemple : les morts par égorgement ?

En conclusion au ‘‘massacre des innocents’’ voulu par le roi Hérode pour se protéger de la concurrence possible de l’Enfant de la Crèche, l’évangéliste Matthieu cite Jérémie : ‘‘Une voix dans Rama s’est fait entendre, pleur et longue plainte : c’est Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus’’ (2/18). Qu’ils croient ou pas au karma, les Béninois de la galaxie Vodun doivent se poser à présent deux questions. 1)- Pourquoi le progrès humain les fuit ? 2)- Les assassinats horribles pratiqués par leurs enfants cybercriminels, et qu’ils déplorent, ne sont-ils pas, quelque part, bénis par leurs traditions ?
Car voici toujours déjà le temps du ‘‘connais-toi toi-même’’.

Roger Gbégnonvi

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