Bénin – évasion d’un détenu français : la lettre ouverte d’un citoyen au Chef de l’Etat

Depuis ce lundi 26 mars 2018, le directeur de la société grossiste Promo – pharma, condamné au même titre que trois autres grossistes dans le dossier « faux médicaments », serait porté introuvable. Il aurait déserté sa cellule pour des raisons de santé, mais paradoxalement, il ne se retrouve pas aussi au Cnhu où il devrait être soumis aux soins.

Face au silence des autorités depuis que cette information circule, un citoyen s’est adressé au Président de la République en personne à travers une lettre ouverte. Découvrez l’intégralité de la lettre ouverte.

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A/S Évasion du Directeur de Promopharma Sylvain Grassin, de la prison civile de Cotonou.

Lomé, le 02 avril 2018,

Par Sèmèvo Mon désir AMADIDJE,

Monsieur le Président de la République,

Je m’en voudrais avant tout propos, de ne pas saluer vos courageuses et impopulaires reformes entreprises dans plusieurs secteurs vitaux indispensables au développement de notre pays et vous priez d’avoir une oreille attentive aux cris de détresses des populations qui sont censées être les bénéficiaires de ces réformes.
Vos réformes devraient être conjoncturelles avant d’être institutionnelles car sans être pessimiste, le peuple, le vrai peuple ne sait rien et ne saura rien de ces réformes.
Je voudrais interpeller votre sens d’humilité et de patriotisme en face des différentes crises sociales qui actuellement rendent difficiles l’existence aux béninois.
De la grève au chômage et de la morosité économique à la division politique, je voudrais, Monsieur le Président, que vous soyez plus à l’écoute du peuple.
Mon père me disait qu’être sage, c’est savoir tout accepter et ne pas agir au moment où l’on vous espère le plus !

Monsieur le Président, avant d’entamer l’objet de ma lettre, je voudrais vous dire que le peuple béninois a porté son choix sur votre personne à défaut de votre challenger parce qu’il ne voulait plus se faire opprimer, recoloniser et subir les affres de l’impérialisme français et de ses valets locaux.
Ce peuple voudrait voir toutes les races subir les mêmes sanctions et les mêmes traitements et avait l’espoir que vous mettrez en application le préambule de la charte des nations unies relatives aux droits de l’homme et à personne humaine qui stipule que tous les êtres sont égaux.

Monsieur le Président, votre souci de renforcer les recettes fiscales et de lutter contre la fraude fiscale a conduit votre gouvernement et vous dans la sphère de la pharmacie. Sans contraintes et sans pressions, vous avez engagé une lutte contre les faux médicaments et la fraude douanière dans le secteur sensible de la pharmacie.

En effet, Monsieur le Président, dans cette affaire de faux médicaments, le tribunal de Cotonou a condamné le 13 mars 2018 cinq haut grossistes répartiteurs (CAME, GAPOB, UBIPHARM, UBEPHAR et PROMOPHARMA) à quatre année d’emprisonnement ferme avec une amende individuelle de 20 millions de franc CFA. Parmi ces cinq personnes, quatre sont des compatriotes béninois et un autre (Sylvain Grassin, Directeur de Promopharma), est un migrant de nationalité française.

Monsieur le Président, depuis ce lundi 26 mars, les quatre détenus de nationalité béninoise séjournent toujours à la prison civile de Cotonou tandis que Sylvain Grassin, de nationalité française est perdu de vue. Après enquête, il ressort que Sylvain Grassin a été sorti de la prison civile de Cotonou, pour des raisons officiellement sanitaires. Il devrait être admis au CNHU Hubert Maga de Cotonou pour des soins. Mais depuis ce lundi, à la grande surprise de tous les béninois, les traces du français, directeur de Promopharma ne sont ni au CNHU ni dans d’autres centres de Santé de référence en République du Bénin.
Je tiens tout de même à rappeler qu’un compatriote béninois, le docteur Adébo de GAPOB et codétenu de Sylvain Grassin avait introduit formellement le 26 février 2018 une demande d’hospitalisation restée jusqu’ici sans suite.

Monsieur le Président, je voudrais être rassuré comme tous mes compatriotes et tous les panafricains que vous n’avez pas eu des pressions et des contraintes diplomatiques pour autoriser la libération de Sylvain Grassin et espère que ce dernier est encore à Cotonou ou sur le territoire Béninois.

Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que le Bénin a ratifié plusieurs accords relatifs aux droits de l’homme et à la personne humaine et que le bénin dispose d’un ensemble de lois et règles ou toute personne violant les prescriptions doit être sanctionné conformément aux lois sans distinctions de race, d’ethnie ou de religion.

Monsieur le Président, au cas où se détenu ne serait pas retrouver, cela démontrera clairement que notre pays n’a jamais été indépendant et que le pacte colonial continue d’être en vigueur ou les lois françaises emportent sur nos lois et démontrerons la faiblesse de nos institutions.
Ce sera une occasion de vous faire recevoir davantage sans tapis rouge et de ne pas vous faire recevoir sur les autres continents avec les honneurs d’un vrai chef d’État et que nos chefs d’états africains n’ont jamais été des chefs d’État aux mêmes titres que ceux des autres continents. Nos lois pourraient être plus bafouées et la race noire sera davantage maltraitée.

Monsieur le Président, dans l’un ou l’autre cas, l’histoire de l’égalité entre les races retiendra votre nom. Je vous prie de ne pas laisser cette béante et honteuse image à nos instituions et à la patrie.

En espérant que vous prendrez les dispositions urgentes pour que le détenu Sylvain Grassin retourne dans les liens de détention à la prison civile de Cotonou et égrainer le chapelet de sa peine comme les quatre autres accusés, veuillez recevoir, Monsieur le Président de la République du Bénin, l’expression de mes salutations distinguées.

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