Bénin – gouvernance : et si Talon s’ouvrait à l’opposition ?

L’exercice du pouvoir devient de plus en plus pénible pour les gouvernants actuels. A une crise sociale aiguë s’ajoute la crise politique. Pour éviter de précipiter le pays dans une situation inconfortable, le chef de l’Etat, Patrice Talon devra s’ouvrir aux forces de l’opposition dont le premier acte : Djeffa 1 est indicatif de sortie de crise à dimension multiple.

Djeffa est rentré dans l’histoire. Cette localité de la commune de Sèmè-Kpodji a accueilli ce samedi 14 avril 2018, une rencontre importante de grandes figures du pays parmi lesquelles de fortes personnalités ayant déjà fait l’expérience du pouvoir d’Etat ou ayant un parcours politique éloquent. L’objectif poursuivi par ces objecteurs de consciences est de contribuer à la sortie de la crise qui secoue le Bénin, face à laquelle le gouvernement du « nouveau départ » parait impuissant.

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En effet depuis deux mois voire trois, le Bénin vit au rythme d’une grève perlée et continue, qui n’a pas fini de livrer ses dessous obséquieux et dangereux pour l’avenir des enfants, surtout. L’école a fermé depuis lors, sans qu’il soit possible de ramener la sérénité au sein des acteurs impliqués dans cette crise. Dans les sous-secteurs de la santé et de la justice, le travail ne bat pas son plein. L’administration publique en général ne fonctionne plus comme cela se devait. Les réformes engagées ne rassurent pas vraiment. Elles n’intègrent pas le volet social dans leur mise en œuvre et paraissent inadaptées au contexte béninois suivant l’avis de certains observateurs de la vie sociopolitique du pays.

Les efforts qui, sans doute, sont salués de l’extérieur, n’impactent pas positivement le vécu du Béninois.

Les grands travaux annoncés à grand renfort médiatique peinent à être effectifs. Des lignes du programme d’actions du gouvernement (PAG) sont abondamment citées lors des débats publics et à des occasions solennelles mais leur concrétisation n’est que chimère. Certains chantiers ouverts sous l’ancien régime vivotent, et semblent ne pas prendre la vitesse pour rester dans la norme du délai contractuel. L’annonce sans cesse du projet d’asphaltage des grandes villes du Bénin, la modernisation ventilée des marchés tant secondaires que de Dantokpa qui peine à émerger jusqu’à cet incendie en début de cette semaine et bien d’autres projets qui attendent toujours la concrétisation.

Et le peuple a faim, sérieusement…

Face à cette situation délétère, le gouvernement du « nouveau départ », ne parvient pas à actionner le levier social pour mettre ce peuple à l’abri du minimum vital. Les ménages n’arrivent plus à courber le bras puisqu’il n’y a rien pour le faire ; les repas quotidiens se raréfient et sont difficilement assurés par les chefs de ménages. Même dans les marchés, ça ne vend pas, faute d’argent. Dans les villages, la tendance à l’exode est évidente. Dans les villes, le mouvement vers le retour au village se remarque, de plus en plus. Les populations ont de sérieux problèmes de survie, de repas…

[bs-quote quote= »C’est face à cet état de choses que des personnalités averties, ont décidé unanimement de se retrouver, pour proposer au chantre de la « rupture », une solution qui paraît le mieux adaptée à la situation actuelle. » style= »style-7″ align= »center »][/bs-quote]

Samedi 14 avril dernier, à Djeffa, à quelques encablures de la ville métropole, ces personnalités se sont réunies, à l’effet de trouver la solution qui convienne le mieux. C’est dans ce cadre que de fortes figures politiques composées d’anciens chefs d’Etat béninois, d’éminences grises et d’expériences se sont retrouvées pour dire la voie à suivre pour une sortie de crise honorable.

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Mais très tôt, des activistes du pouvoir ont critiqué cette sortie, nonobstant la qualité des hommes qui l’ont initiée. Il s’agit en fait, de personnalités ayant exercé le pouvoir d’Etat au Bénin (Nicéphore Dieudonné Soglo et Thomas Boni Yayi), celles qui l’ont côtoyé depuis 1963 et qui arpentent toujours les circuits du pouvoir (Albert Tévoédjrè), et d’un homme d’expérience qui a surpris par l’éloquence de son score lors de la dernière présidentielle, malgré son implication dans cette joute à six mois environ seulement de l’échéance (Sébastien Germain Ajavon).

Même si la connotation de ces hommes les classe dans l’opposition, il n’y a qu’à analyser la pertinence de leurs propositions quant à l’issue de la crise dont l’une des conséquences dramatiques pourrait être l’invalidation de cette année scolaire. Ils ont proposé des assises nationales, qui permettraient non seulement de recentrer le débat politique, mais aussi de donner de nouvelles orientations quant à la gestion du pays.

C’est diagnostiquant le mal que ces grandes figures béninoises se sont rencontré, non pour le décor politique, mais pour proposer à l’attention de la haute autorité, les voies et moyens de juguler cette crise qui n’est que l’illustration du profond malaise vécu dans une totale hypocrisie souriante.

Il appartient au nouveau mandarin, d’en donner une suite favorable si tant est qu’il est préoccupé par la situation délétère du pays. Car, les laudateurs ne proposent en fait rien qui veuille indiquer l’issue heureuse. Ils trouvent que c’est bien la chaleur qui embrase le pays et qui risque, à terme, d’emporter l’être que nous sommes si rien n’est fait au plus tôt.

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