Bénin – Inconstance politique : la lettre ouverte de Cédric Hounnou à Adrien Houngbédji

L’instabilité politique du président du Parti du renouveau démocratique (Prd), Adrien Houngbédji, ne laisse pas indifférent le jeune leader, promotion 2016, Cédric Hounnou. Dans une lettre ouverte adressée, il a rappelé à Adrien Houngbédji son inconstance politique depuis la conférence nationale et souligné ses probables répercussions sur l’avenir politique de son parti Prd. Lire l’intégralité de sa lettre.

A
Monsieur Adrien HOUNGBEDJI, Président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD)

Objet : Lettre ouverte

Monsieur le Président,
Quarante longues années me séparent de vous. J’aurais voulu célébrer dans cette lettre, le demi-siècle que vous avez consacré à la vie politique et sociale du Bénin. J’aurais voulu vous écrire pour vous souhaiter repos et tranquillité dans votre retraite politique. J’aurais voulu vous signifier combien de fois, grâce à l’engagement des hommes comme vous, je suis aujourd’hui saturé de démocratie, de liberté, d’emploi, d’infrastructures…, de développement. Hélas, vous demeurez toujours conquérant et la retraite vous fuit.

Je viens alors vous prévenir de l’inévitable orage qui s’annonce dans le ciel du Prd, votre plus grande fierté. Je viens, par ailleurs vous dire, à mon corps défendant, que je ne suis pas fier de vous. Vous avez cette particularité de ne pas voir venir l’échec politique. Ce trait distinctif vous caractérise depuis bien des décennies. Souvent, vous vous retranchez dans vos souvenirs glorieux sans prendre conscience du paysage politique qui se mue.

Pendant que les jeunes de la 19ème circonscription électorale se bousculent aux portes des nouveaux partis politiques en plein essor dans votre « insaisissable bastion », vous continuez de croire, dur comme fer, qu’il suffit d’offrir des joies éphémères à cette jeunesse pour qu’elle se dresse derrière le Prd. Les jeunes parlent de chômage, vous parlez de concert ; ils parlent de misère, vous parlez de wifi. Quelle escalade dans l’erreur !

« L’étranger ne détache pas une chèvre de la maison », dit-on. Mais je suis au regret de vous confirmer que vous perdez assurément le contrôle de vos fiefs traditionnels. Les joutes électorales qui avancent à grands pas risquent d’être à nouveau, une énorme déception pour le Prd et vous.

Votre inconstance politique au goût amer de trahison est l’une des raisons sérieuses de cette situation. Je ne remonterai pas très loin dans le temps. Le spectacle de votre revirement au lendemain de la dernière élection présidentielle est loin d’être un exemple pour les jeunes.

Vous me diriez que Lionel ZINSOU est un agneau immolé sur l’autel du mauvais calcul politique et du matériel. Je vous rétorquerai que vous avez mis ainsi des milliers, jadis inconditionnels du Prd, sur le chemin d’un aller sans retour dont les premiers effets vous attendent en 2019. Je ne vous apprends rien.

Vous savez que la jeunesse a entièrement déserté votre corps. Avez-vous encore la force nécessaire pour porter le poids de la désillusion et du naufrage électoral qui se dressent devant le Prd? Que la santé vous habite!

Et puis, votre soumission aveugle! Votre dernier rempart reste le Président de la République. A 76 ans révolus, vous semblez ne pas comprendre que le bel âge a ses exigences et que le désaccord ici peut être une chance ailleurs. Vous restez collé au pas du chef de l’État comme une ombre.

Rappelez-vous de votre discours en ce début d’année 2018 à la présentation des vœux des présidents des institutions de la République au chef de l’État? Rappelez-vous de vos récents agissements vis-à-vis des députés de la minorité parlementaire? Quelle démesure dans la docilité!

Plus grave, la postérité. Vous avez exercé votre emprise sur les jeunes encore fidèles aux idéaux du Prd. Vous êtes leur modèle, ils le revendiquent. Vous avez réussi à les transformer en un autre de vous-même, qui une fois aux affaires exposent avec beaucoup d’arrogance la médiocrité de leur gouvernance. Quel exploit de votre part! Je pense avec beaucoup plus d’émotion à Sèmè-Podji et à Porto-Novo.

« Un vieil homme est toujours gêné quand on parle d’os desséchés » dit l’adage. Dans l’espoir que vous serez donc saisi d’un sursaut d’orgueil pour ne pas laisser votre mauvaise réputation grandir comme un feu de brousse sous l’harmattan, je vous prie Monsieur le Président de vous apprêter à affronter le déluge.

Cédric HOUNNOU,
Citoyen engagé,
Jeune Leader du Bénin (2016)

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