Bénin : la division, l’épine dans les pieds du syndicalisme béninois?
Depuis ce lundi 09 avril, les béninois ont appris par un communiqué rendu officiel que trois Confédérations syndicales à savoir, la Csa, la Cgtb et la Csub, ont suspendu leur motion après trois mois de grève pour disent-ils « sauver l’année académique » en cours. Si cette décision vient décrisper la tension sociale, certaines organisations syndicales telles que la Cstb, l’Unstb, la Cosi-Bénin assurent vouloir continuer la lutte. Trois mois après avoir lancé ensemble la lutte pour la rétrocession des salaires défalqués pour fait de grève, les secrétaires généraux des centrales syndicales affichent aujourd’hui des visages complètement antagonistes sur l’orientation à donner à leur mouvement. Dans cette lutte, ces Centrales syndicales semblent avoir presque tout perdu.
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La suspension de la motion de grève décidée par les secrétaires généraux de la confédération syndicale autonome du Bénin (CSA-Bénin), de la confédération générale des travailleurs du Bénin (CGTB) et de la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub) ne passe pas. La pilule est amère à avaler. Dans la foulée, les secrétaires généraux de la Cstb, l’Unstb, la Cosi-Bénin montent au créneau et disent ne pas comprendre l’attitude de leurs collègues tout en appelant leurs syndiqués à poursuivre, voire durcir, le mouvement. Déjà, le Front d’action des syndicats de l’éducation qui dit ne pas se reconnaître dans cette suspension parle même d’une tacite reconduction de 96 heures des mouvements de grève jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. L’heure est donc à la division entre anciens alliés.
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Trois mois de débrayages dans le secteur éducatif et décider de s’arrêter ainsi sans rien obtenir ? Pour Jean Pierre, politologue, « cela sort du ridicule et aucun gouvernement sérieux ne répondra plus jamais favorablement aux demandes de ces organisations syndicales. » Pour ce dernier, le revirement des syndicalistes blesse les parents d’élèves qui doivent à l’heure-là penser que les Confédérations syndicales ne défendent pas le droit des enseignants. « Jouer avec l’éducation de nos enfants pendant trois mois revient à donner raison au silence du gouvernement actuel de ne pas vouloir négocier avec les différentes Centrales syndicales », fait-il observer. Qu’est ce qui peut donc expliquer cette différence subite de point de vue entre les principaux responsables syndicaux qui, pourtant il y a quelques jours, affichaient l’union parfaite?
Depuis l’instauration de la démocratie au Bénin en 1990, les divisions entre organisations syndicales ont toujours été monnaie courante dans les luttes syndicales et souvent attribuées aux manipulations des gouvernements successifs. On se rappelle des mouvements de grèves en 2014 dont les questions de défalcations étaient également à l’ordre du jour et où les syndicalistes réclamaient la démission du préfet Placide Azandé et du commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou .
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Pour plusieurs observateurs de la chose politique, cette levée de motion de grève par la Csa, la Cgtb et la Csub renvoie donc à l’image d’une machination politique orchestrée par le pouvoir de la ruse et de la rage. Comment expliquer que sans même consulter la base, certains secrétaires généraux lèvent la motion alors qu’avant de débuter les mouvements de débrayages en janvier, les trois organisations syndicales, ont consulté leurs différentes bases et c’est ensemble que syndicats et syndiqués ont choisi délibérément d’aller en grève pour défendre, disent-ils, leurs droits? Selon ces derniers, tout porte à croire que cette levée de motion de grève, comme cela l’a souvent été sous les tropiques, serait téléguidée pour fragiliser et discréditer la lutte en cours afin d’amener les travailleurs à reprendre le travail sans aucune satisfaction des différentes revendications exprimées.
Notons que la grève déclenchée par l’ensemble des centrales syndicales faisait suite à l’introduction à l’Assemblée nationale par le gouvernement d’une proposition de loi pour le retrait du droit de grève à certains corps de métiers notamment pour les agents de la santé et ceux de la justice. . Pour le gouvernement Talon, il s’agit d’une grève « fantaisiste » puisque ne répondant pas aux normes fixées par la loi l’encadrant. Mais pour les travailleurs, la grève vaut tout son pesant d’or et les salaires ne peuvent être défalqués . Deux propositions antagonistes figées des deux côtés.
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