Bénin – loi sur l’embauche : déjà des licenciements dans des sociétés

Les députés de la 7ème législature ont adopté en août 2017, la loi N°2017-05 du 29 août 2017 fixant les conditions et la procédure d’embauche, de placement de main d’œuvre et de résiliation du contrat de travail en République du Bénin. A peine cette disposition légale adoptée et promulguée par le Chef de l’Etat, Patrice Talon que ses effets se font déjà sentir dans le pays surtout dans des structures bancaires.

Nicolas, 33 ans, ex agent intervenant à la caisse de la banque Ecobank est désormais sans emploi et est à la recherche de celui dans d’autres structures bancaires de la place. Père de famille, Nicolas ne s’attendait pas à ce qu’il y ait arrêt brusque de son contrat de travail qu’il a signé avec cette banque en 2014 à la suite d’un recrutement effectué par celle-ci.

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« Ce n’est pas un licenciement abusif puisque j’étais déjà à la fin de mon délai contractuel. La structure a juste refusé de me renouveler le contrat de travail à durée déterminée de deux (2) ans », a clarifié Nicolas évoquant les conditions de son départ de la structure.

Tout comme Nicolas, ils sont des dizaines à perdre leur emploi dans cette banque dans les mêmes conditions du non renouvellement du contrat de travail à durée déterminée signé avec la structure. Et ce n’est pas Ecobank seule qui s’est retrouvée dans cette situation de licenciement de ses employés par cette méthode. Diamond Bank et d’autres structures bancaires du pays en ont procédé ainsi. A en croire les responsables contactés de ces différentes structures bancaires, une telle décision fait suite à l’adoption de la loi N°2017-05 du 29 août 2017 fixant les conditions d’embauche en République du Bénin.

Cette disposition légale ne fait plus obligation à l’employeur d’assurer et de garantir l’emploi de ses employés. Etant donné que tout employeur a désormais la possibilité de décider ou non du renouvellement du contrat de travail et de lancer de nouveaux recrutements dans l’espoir de se débarrasser également des nouvelles recrues à la fin de leur délai contractuel, ils en profitent pour mettre à la porte des agents qui ont quand même une certaine ancienneté dans leur structure.

En plus de cette forme de licenciement, les employeurs de ces structures bancaires ont licencié leurs agents suivant les dispositions de l’article 32 de ladite loi citée supra. Cet article précise :

[bs-quote quote= »Constitue un licenciement pour motif économique, tout licenciement effectué par un employeur pour un ou plusieurs motifs résultant d’une suppression, d’une transformation d’emploi, consécutive à des difficultés économiques, à des mutations technologiques ou à des restructurations internes. » style= »style-7″ align= »center »][/bs-quote]

Et comme le remarque-t-on dans le pays et surtout dans certaines villes du Bénin, ces structures bancaires procèdent à la fermeture de nombres de leurs annexes ou agences. Une telle fermeture conduit donc inévitablement à se séparer de certains agents. « Nos activités ne sont plus au beau fixe et des difficultés économique surgissent à petit pas. Pour donc prévenir le drame, il nous faut prendre des mesures nécessaires aujourd’hui. C’est dur mais je crois que c’est pour la survie de notre entreprise bancaire », nous a confié un responsable d’une banque de la place qui a requis l’anonymat.

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Des informations font état de ce que ces banques voient leur capital chuté depuis un temps compte tenu de leur forte sollicitation. « Face donc à cette difficultés, nous devons prendre des mesures idoines et fermer les agences secondaires fait également partie de ces mesures à prendre », a renchéri Marcel, responsable de banque.

En somme, la loi sur les conditions d’embauche en République du Bénin n’a été, pour ces responsables et promoteurs de structures bancaires, qu’une opportunité afin qu’ils fassent ce qu’ils devraient normalement faire depuis longtemps mais bloqués par les textes en vigueur et qui leur faisaient obligation d’une certaine assurance et de garantie dans ce sens.

6 comments

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ADJAGBESSI Joachim

L’assemblée en votant cette loi, n’a fait que permettre à notre pays d’adopter les nouvelles mesures déjà en application dans tous les pays engagés sur la voie des exigences économiques du monde moderne.
L’ancienne loi qui assure l’emploi et lui donne une protection inamovible relative, ne garantit pas la prospérité économique des entreprises et par ricochet induit une contre performance du fait que l’employé ne donne pas le meilleur de lui-même et ne se soucie aucunement de l’avenir de la structure qui l’utilise parce qu’il se sent protégé par le système du CDI.
Pour s’en convaincre, il convient de jeter un coup d’œil dans l’administration publique. Les nombreux dérapages qu’on observe chaque jour, les grèves illimitées et permanentes, la désinvolture, l’absentéisme, le manque de rentabilité sont essentiellement dus au fait que l’agent dit permanent de l’Etat est assuré d’un emploi irréversible qui garantit la retraite quelles que soient les irrégularités ou les fautes commises par l’agent.
Si nous voulons relever les grands défis du développement, accroître notre économie, réduire sensiblement la pauvreté et propulser notre pays dans le concert des nations prospères, nous devons accepter les sacrifices et comprendre qu’il faut changer de mentalité. C’est en cela que j’approuve l’attitude de l’agent licencié qui a compris que son licenciement est conforme au contrat de base.
Certes, ça va être difficile au début, mais avec un peu de dynamisme, de vigilance et d’esprit d’initiative, il s’en sortira. Et c’est justement la concurrence et l’esprit d’émulation qui donnent la vivacité et renforcent l’économie d’une nation contrairement à la nonchalance, la routine et l’inefficacité qui caractérisent les administrations qui optent pour les contrats indéterminés.
Cette nouvelle loi sera bientôt applicable dans l’administration publique qui constitue une véritable gangrène pour l’économie de notre pays où l’on est sûr de gagner son salaire même si l’on n’a pas travaillé pendant plusieurs mois, voire années. Quel pays peut se développer avec un tel système?
Ayons le courage d’abandonner les pratiques rétrogrades qui nous arrièrent et nous enfoncent davantage dans le gouffre. Aux Etats-Unis, il n’y a aucune administration dite publique, les embauches et les licenciements se font selon les performances et les contre performances. Dans ces conditions, chacun a l’obligation de se donner au travail, le mérite et l’efficacité sont les seuls critères de garantie d’emploi. Nous devons comprendre que ce qui réussit ailleurs peut et doit l’être aussi chez nous.

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    Yari

    Une entreprise peut elle propospérer dans un pays qui comptent d plus de chômeurs ou du moins avec une clientèle ou un marché pauvre qui consomme à peine ses services ou produits? Une politique d’embauche qui concilie pas l’économie et le social est vouée à l’échec tôt ou tard.
    L’homme doit être au cœur de toute action pour sa durabilité

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    Bogart

    Tout est mélangé ici; les APE sont-ils régis par le code du travail? Et quelle cette comparaison qui n’a aucun sens?

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    Gerard5567

    Votre commentaire est très bien articulé et rédigé et je vous en félicite. Cependant, il faut se garder d’un optimisme béat sur les vertus de la concurrence. Aux États-Unis comme en Europe, la concurrence est une machine à fabriquer de la pauvreté. Le nombre de pauvres a explosé en Grande-Bretagne et en Allemagne, il progresse en France et je ne parle même pas des pays du sud de l’Europe. Une nation, puisque vous utilisez ce terme, c’est d’abord et avant tout la solidarité entre ses membres et non pas le profit de quelques-uns. Il me semble qu’il faut placer des garde-fous.
    S’agissant de l’inactivité de certains agents de l’État, Je serais surpris que les lois du Bénin, régissant leur statut, ne comportent pas la possibilité de sanctionner les comportements déviants. Il suffirait alors que les responsables fassent preuve de sévérité mais ont-ont-ils ce courage ?
    Vous n’évoquez pas mais ce n’était pas le lieu sans doute les rapports entre secteur formel et secteur informel. Je suis étonné de l’atonie et du peu d’activité des supermarchés à l’occidentale que je fréquente à Cotonou. Ce commerces me paraissent loin de donner l’image du dynamisme attaché au concept de concurrence mais sans doute ai-je tort de raisonner ainsi..

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Adamon

Le Bénin est devenu l’entreprise de Talon ,la dynastie Bénin Talon, c’est vrai que le peuple Béninois à faire erreur de vote.

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Damien B.

Que le Seigneur nous protège. Les employeurs vont utiliser les lacunes de cette loi pour mettre beaucoup d’employés à la rue. Il faut des décrets d’applications pour permettre une parfaite exécution de la loi. Que Dieu nous garde!