Bénin : voici le point des cybercriminels arrêtés sur l’étendue du territoire

Les procureurs généraux des tribunaux du Bénin et le Directeur général de la Police Républicaine ont tenu ce 20 avril 2018 un point de presse sur la lutte contre la cybercriminalité déclenchée par le gouvernement béninois début mars 2018. De ce point de presse, il ressort que 456 cybercriminels ont été interpellés par la police républicaine sur l’étendue du territoire. Leurs modes opératoires ainsi que les actions judiciaires entreprises à leurs encontre ont fait l’objet de ce point de presse dont voici l’intégralité.

POINT DE PRESSE CONJOINT DES PROCUREURS GENERAUX ET
DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA POLICE RÉPUBLICAINE SUR LA LUTTE CONTRE LA CYBERCRIMINALITÉ AU BÉNIN
Cotonou, le 20 avril 2018

CONTEXTE
Le développement prodigieux des TIC a été concomitamment suivi par leur massive utilisation à des fins criminelles.

La particularité de ces atteintes aux biens et à l’intégrité des personnes ainsi commises, procède de ce que leurs auteurs, les hackers ou parfois les cybercriminels sont pour une grande part, des jeunes.Leurs âges varient de 18 à 25 ans.

En Afrique de façon générale, et au Bénin en particulier, les auteurs de ces agissements associent à leurs manèges, des forces occultes pour abêtir ou hypnotiser leurs victimes avant de les déplumer. Certains charlatans qui ont offert leurs services dans ce cadre, répondent déjà de leur forfait derrière les barreaux de nos prisons.

Face à ce fléau qui mine et ruine en réalité la jeunesse de notre pays, les parquets généraux ont engagé depuis quelques mois des actions de répression contre ces délinquants, les cybercriminels.

La présente conférence de presse a pour but de faire le point des différentes actions entreprises aussi bien au niveau de la police que de la justice.

I- Point des actions de la DGPR.

Les interpellations :
OCRC : 158
DDPR Atlantique : 110
DDPR OUEME : 113
DDPR COUFFO : 11
DDPR ZOU : 25
DDPR COLLINES : 03
DDPR BORGOU : 14
DDPR DONGA : 02
DDPR MONO : 20
TOTAL : 456

II- Point des actions au niveau des parquets généraux.

Parquet Général d’Abomey

09 procédures sont déférées devant les chambres de flagrant délit et les cabinets d’instruction.

Courant mars – avril, 30 personnes sont poursuivies dont 25 en détention et 05 sans mandat de dépôt.

Pour les cas orientés en FD, les audiences sont prévues pour les mois de mai, juin et juillet 2018 en vue de permettre à l’Office Central de Répression de la Cybercriminalité d’expertiser les données des ordinateurs et des terminaux de communication placés sous scellés.

Parmi les cas en examen à Abomey, il y a lieu de signaler celui d’un assassinat commis par un cybercriminel sur la personne de sa concubine dont le sang a été recueilli par ce dernier pour être servi à son fétiche dit KININSI, consommateur du sang humain. Ces cas ci-dessus sont présentés par les commissariats centraux de Bohicon et d’Abomey.

Les cas de poursuites au Parquet de Lokossa

03 affaires sont actuellement en cours, dans lesquelles 14 personnes sont poursuivies dont 10 en détention et 04 sans mandat de dépôt.

Ces cas sont présentés par les commissariats de Lokossa, Lalo et de Bopa.
Infractions retenues pour la poursuite : Escroquerie en bande organisée (article 59 alinéas 2 de la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes).

Aux termes des dispositions de l’article précité, les auteurs des faits d’escroquerie en bande organisée sont passibles, lorsque lesdits faits sont avérés, d’une peine de 10 à 20 ans d’emprisonnement;

Les tribunaux peuvent par ailleurs, prononcer à leur égard , des interdictions d’exercice des droits civiles, civiques et de famille , à savoir :

  • de vote, d’élection ;
  • d’éligibilité ;
  • d’être appelé ou nommer aux fonctions de juré ou autres fonctions publiques ou emplois ;
  • de vote et de suffrage dans les délibérations de famille ; -d’être expert ou témoin dans les actes.

Parquet Général de Parakou

17 mis en cause ont été poursuivis et placés en détention.

Parquet de Djougou

03 interpellations dont les enquêtes sont en cours

Parquet de Natitingou

01 mis en cause, poursuivi et placé en détention

Parquet de Ouidah

19 personnes poursuivies dont une condamnée

Parquet de Porto-Novo

35 personnes poursuivies avec mandat de dépôt et 12 sans mandat de dépôt.

Parquet d’Abomey-Calavi

41 personnes poursuivies avec mandat de dépôt pour la plupart.

Parquet Général de Cotonou

67 personnes poursuivies avec mandat de dépôt pour la plupart.

MODES OPERATOIRES

Le mode opératoire diffère d’un dossier à un autre.

1 – Romance : elle consiste pour les mis en cause :

  • A envoyer des vidéos pornographiques à leurs victimes pour les appâter et les rançonner ;
  • A se faire passer pour une femme pour appâter et rançonner les victimes potentielles ;
  • Se faire passer pour un homosexuel à la quête de partenaires ;
  • Certains possèdent également par chantage pour atteindre leurs cibles. Dans ces cas, ils réussissent à obtenir au préalable des informations, des images et vidéos intimes de leurs cibles qu’ils menacent de publier ou de partager sur les réseaux sociaux s’ils n’obtiennent pas d’eux une certaine somme d’argent. Ainsi, pour préserver leur intimité et éviter d’humiliation, ces personnes se trouvent obligées de leur verser la somme d’argent.

2 – Proposition de vente des articles fictifs ;

3 – Usage de fausse identité, fausse qualité et fausse entreprise de marché d’or ou faire miroiter l’existence d’une importante somme d’argent laissée par un étranger décédé au Bénin sans successible avec recherche d’un partenaire de confiance pour disposer de cet argent ;

4- Falsification de passeport ou autres documents de voyage ;

5- Fausse offre de prêt d’argent, en faisant payer aux victimes des frais de dossier sans aucune contrepartie ;

6- Pratique de charlatanisme dans le but de garantir le succès de l’entreprise frauduleuse par manipulation mystique des photographies des potentielles victimes contactées via internet ;

7- Les individus interpellés dans les cas de cybercriminalité ont pour mode opératoire, de créer, à partir d’un ordinateur ou d’un téléphone portable des faux comptes sur les réseaux sociaux (Facebook et autres). Avec ces comptes, ils contactent leurs cibles via lesdits réseaux sous une fausse identité. Il s’agit, entre autres, de nom d’utilisateurs fictifs et des photos de profil d’autrui.

Une fois le contact crée, ils font croire à leurs cibles en l’existence d’une entreprise, d’un événement chimérique ou d’un état de nécessité qui détermine ces dernières à leur envoyer des fonds via western union ou autre mode de transfert d’argent.

RÉPONSES APPORTÉES PAR LES JURIDICTIONS

Face au phénomène, les juridictions ont apporté des réponses de fortunes diverses avec des condamnations avec sursis aux condamnations fermes.

C’est ainsi qu’à Ouidah, il y a une condamnation de 36 mois, à Cotonou 60 mois avec 5.000.000F de dommage intérêt et à Parakou des individus ont été condamnés à 24 mois.
Il est à noter que la politique pénale en œuvre au Bénin a opté pour une rigueur de plus en plus croissante.

Les parquets vont désormais requérir des peines allant jusqu’à 20 mois d’emprisonnement ferme, conformément aux textes en vigueur au Bénin afin d’éradiquer définitivement ce fléau de notre pays. Nous voulons à cet égard, en appeler au sens de responsabilité des parents , des directeurs d’écoles et d’établissement afin que les enfants soient soigneusement sensibilisés sur les risques par eux encourus.

De même, nous lançons le sempiternel appel de collaboration à l’endroit de nos paisibles et honnêtes populations afin qu’elles dénoncent les agissements de jeunes gens ( élèves et étudiants et autres )dont les activités paraissent suspectes et ayant un train dépassant normalement leur rang social.

Les poursuites sont engagées du chef de modifications de données informatiques pour un usage illicite (article 120 de la loi 2011-20 portant lutte contre la corruption et infractions connexes) sont passibles d’une peine de 05 ans à 10 ans d’emprisonnement avec une amende 5.000.000 à 50.000.000 de fcfa.

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