Inde : quatre policiers inculpés pour viol et meurtre d’une fillette musulmane de 8 ans

Le 10 janvier 2018, une fillette âgée de 8 ans, de confession musulmane et qui appartenait à une communauté de bergers nomades du Jammu-et-Cachemire, avait disparu.

Asifa Bano a été enlevée, séquestrée dans un bois, droguée et violée dans un temple hindou, pour finalement être étranglée et achevée à coups de pierres au bout de huit jours.

Un fanatisme hindou à la base de cette barbarie

Selon le rapport d’enquête, Sanji Ram, un officiel hindou à la retraite aurait ordonné à son neveu et à un policier de kidnapper la fillette. Ainsi, un homme avait fait signe à la fillette depuis la forêt. Elle le suit et l’homme l’attrape par le cou et la drogue avec des somnifères. Avec l’aide d’un ami, il la traîne dans un temple hindou voisin et l’y enferme.

Durant 5 jours, des hommes la violent, encore et encore. À la fin, ils l’étranglent, après qu’un des hommes ait insisté pour la violer une dernière fois. Ils racontent aux enquêteurs que leur motivation était de chasser la communauté nomade musulmane d’Asifa de la région. Quelques jours plus tard, le corps froissé d’Asifa est retrouvée dans la forêt, dans la même robe pourpre, maintenant enduite de sang. Le rapport médical conclura que son utérus a été littéralement déchiré par les viols répétés.

Viol en inde, une complicité ahurissante des autorités et des clans hindous

Dans les semaines qui ont suivi le meurtre d’Asifa, l’affaire est devenue le symbole de l’oppression des musulmans au Cachemire occupé par l’Inde, et des tensions religieuses avec les nationalistes hindous. Huit hommes ont été arrêtés dans le cadre de l’affaire, les auteurs et divers complices qui ont ensuite aidé étouffer l’affaire (dont des policiers). Le gardien d’un temple hindou et quatre policiers figurent parmi le groupe arrêté.

Les nationalistes hindous se sont précipités pour défendre les accusés. Cette semaine, une foule d’avocats hindous ont physiquement empêché des policiers d’entrer dans un palais de justice pour témoigner contre les responsables. Des dizaines de femmes hindoues qui ont aidé à bloquer une autoroute menant au tribunal ont également organisé une grève de la faim. « Si les accusés ne sont pas libérés », déclare une des femmes citée par The New York Times « Nous nous immolerons. »

Des menaces de morts pour la famille de la victime et son avocate

Les suspects ont comparu lundi 16 Avril pour la première fois devant un tribunal de la petite ville de Kathua. Ils ont plaidé non coupable et ont demandé à passer au détecteur de mensonges. L’audience a ensuite été ajournée pour des questions procédurales.

«Le tribunal a ordonné que les copies de l’acte d’accusation soient distribuées à tous les accusés. La prochaine date d’audience est le 28 avril», a déclaré à la presse Ankur Sharma, avocat de la défense. Symptôme de la tension autour de ce dossier, la Cour suprême a ordonné lundi que la famille de la victime et son avocate, laquelle a dit avoir reçu des menaces de mort, soient placées sous protection policière.

L’Inde et la culture d’impunité

Selon AFP, ce fait divers est concomitant à un autre retentissant dossier de viol en Uttar Pradesh (nord), dans lequel est impliqué un puissant homme politique du parti du Premier ministre Narendra Modi, affaire qui met en lumière la culture d’impunité des élites dans de pays d’Asie du Sud.

Le meneur de l’opposition, Rahul Gandhi, a participé jeudi soir à une veillée à la mémoire de la victime de Kathua à l’India Gate. Ce monument emblématique de New Delhi avait été l’un des points des rassemblements populaires qui avaient suivi le viol collectif d’une étudiante dans la capitale indienne en 2012.

Le viol de Kathua a provoqué de vives réactions dans le monde politique et la société civile, mais le Premier ministre Narendra Modi, un nationaliste hindou, est resté silencieux sur cette affaire comme sur celle en Uttar Pradesh.

« Qu’arrive-t-il au monde dans lequel nous vivons ? Ces gens devraient recevoir le châtiment le plus sévère qui soit ! Où allons-nous en tant qu’humanité ? Je suis secouée jusqu’au plus profond de moi », s’est confiée sur Twitter la star de Bollywood Anushka Sharma, également femme du capitaine de l’équipe de cricket d’Inde Virat Kohli.

Environ 40.000 cas de viols sont signalés chaque année en Inde, selon les statistiques officielles. Les observateurs estiment que ce chiffre n’est que la partie émergée de l’iceberg en raison de la forte culture du silence qui prévaut sur ce sujet dans la société indienne.

Des manifestations de dénonciations

Des manifestations ont secouées le pays, depuis qu’ont été révélés les détails de l’horreur qu’a vécue Asifa. Dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 avril, une marche a été organisée à New Delhi en mémoire de la petite.

Des manifestations ponctuelles contre le fléau des violences sexuelles se sont tenues dans plusieurs grandes villes d’Inde ce week-end, sans générer pour l’instant un mouvement massif semblable à celui déclenché par le viol collectif et le meurtre d’une jeune fille à New Delhi en 2012 – une histoire qui avait choqué la planète.

 

Après le viol d’une jeune fille de 8 ans, manifestation contre les violences faites aux femmes, le 13 avril 2018 à Ahmedabad, Inde. PHOTO / AMIT DAVE / REUTERS

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