6ème mandature de la Cour : pourquoi Joseph Djogbénou n’inspire pas confiance ?

La désignation des membres devant siéger pour le compte de la nouvelle mandature de la Cour Constitutionnelle a été au cœur de l’actualité au cour la semaine écoulée. Ce qui a le plus intéressé les uns et les autres, c’est la présence du ministre de la justice et de la législation parmi les membres désignés par le bureau de l’Assemblée Nationale.

Il était au cœur de tous les commentaires et analyses sur le sujet contrairement aux autres membres désignés pour siéger pour le compte de la prochaine mandature de la cour constitutionnelle. Depuis sa désignation par l’Assemblée nationale, Joseph Djogbénou plus que jamais est devenu le choux gras des observateurs et analystes politiques qui trouvent déjà en lui, le futur président de la cour constitutionnelle. Pourquoi la désignation du professeur de droit privé, entre temps avocat et aujourd’hui politicien suscite autant de controverses et qu’est ce qui peut justifier cette grosse polémique entretenue autour de l’homme?

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Pour beaucoup, Joseph Djogbenou à la Cour Constitutionnelle, c’est comme Patrice Talon à la Cour Constitutionnelle. Le rôle qu’il a joué aux côtés de Patrice Talon avant et après les élections de 2016 justifie en quelque sorte la crise de confiance que suscite sa présence au sein des nouveaux membres de la Cour. Avocat personnel de l’homme d’affaires Patrice Talon, Joseph Djogbenou s’est rapidement transformé en un soutien politique de ce dernier.

Une des  premières personnes à soutenir sans ambages la candidature de Patrice Talon, Joseph Djogbenou a été nommé à la tête du ministère de la justice et de la législation. Une nomination qui avait également suscité une polémique, car de l’avocat personnel de Patrice Talon dans les dossiers qui l’opposaient à l’Etat, l’ancien membre de la Société Civile devient la première autorité du secteur judiciaire. Certains avaient trouvé que sur le plan éthique, cela ne tenait pas la route.

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Le cas actuel semble s’inscrit dans la même logique. Quoique le garde des sceaux ne soit pas désigné directement par le Chef de l’Etat, certains observateurs de la vie politique voient mal Joseph Djogbenou se sauver de l’emprise du Chef de l’Etat. La capacité de ce dernier à garder son indépendance vis-à-vis de son ancien client devenu son Chef est mise en doute, surtout qu’il est pressenti pour prendre la tête de la prochaine mandature. Mais de façon spécifique, il a d’autres aspects qui pourraient justifier cette méfiance et inquiétude que suscite la désignation du garde des sceaux.

Des débordements du ministre qui confortent les inquiétudes

Joseph Djogbenou s’est illustré d’une manière jugée controverse dans certains dossiers. Quelques mois après son entrée dans le gouvernement, l’homme affiche une image totalement contraire à ce qu’il a démontré en tant que membre de la Société Civile. Le message ne tardera pas à atteindre la compréhension des uns et des autres. S’en était donc fini avec le « Joseph Djogbenou de la Société Civile », c’est désormais le politicien Joseph Djgobenou qui parle et qui promet de faire la politique par la « RUSE » et la « RAGE ».

La « RUSE et la RAGE », ce fut la première bourde du garde des sceaux qui n’ a pas pu cacher sa colère suite à l’échec du projet de la révision constitutionnelle dont il en avait fait une affaire personnelle. De plus, il y a quelques semaines, Joseph Djogbenou en qualité de ministre de la justice et de la législation a ouvertement critiqué des juges. Il a mis en cause la compétence de ces derniers dans la gestion du dossier Atao. Sans oublier, que celui ci  fait partie et soutient un gouvernement qui semble accorder peu d’attention aux décisions de la Cour Constitutionnelle.

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Autant d’éléments qui accordent une certaine crédibilité aux inquiétudes des uns et des autres. Même si pour d’autres, c’est l’occasion pour lui de se réconcilier avec le peuple, il faudra le voir d’abord à l’oeuvre pour s’en convaincre.

Face aux inquiétudes, Joseph Djogbénou rassure

Il n’a pas attendu longtemps pour sortir de son silence et couper court aux supputations afin de rassurer le peuple. Joseph Djogbenou s’est prononcé sur sa désignation et la mission qui sera la sienne au sein de la Haute Juridiction. « …A titre personnel, je considère que ces désignations n’ont d’autres réponses que celles de confirmer que la seule loyauté qui vaille, la seule probité qui vaille, le seul engagement qui vaille, c’est la loyauté, la probité, l’engagement au service de la République » indique t-il.

A travers cette déclaration faite en marge du compte rendu du conseil des ministres du 16 mai dernier, le président d’honneur du parti « Alternative Citoyenne », Joseph Djogbénou entend calmer les inquiétudes en précisant le sens de ses engagements: loyauté à servir la république. «… Chacun de nous, en toute responsabilité, fera en sorte que la prochaine Cour constitutionnelle assure et assume entièrement ses prérogatives. Nous travaillerons, pas pour servir les hommes, mais la communauté ». conclut-il.

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