Accord Nucléaire : les entreprises américaines et européennes ont 90 à 180 jours pour quitter l’Iran

Le président américain Donald Trump a annoncé, mardi 8 mai, le retrait des Etats-Unis de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, qu’il a qualifié de « désastreux ». Il a également déclaré rétablir des sanctions contre le régime iranien.

Le rétablissement de ces sanctions américaines liées au programme nucléaire iranien est effectif immédiatement pour les nouveaux contrats, a affirmé mardi le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises étrangères auront quelques mois pour « sortir » d’Iran.

Le Trésor américain a fait ainsi savoir que les sanctions concernant les anciens contrats conclus en Iran entreraient en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours, quelques minutes après l’annonce du président Donald Trump.

Plusieurs entreprises avaient reçu après la mise en œuvre de l’accord sur le programme nucléaire iranien en 2015 des licences spéciales ou le feu vert du Trésor américain pour commercer avec l’Iran.

Washington continuait toutefois d’imposer un embargo interdisant aux Américains et à toute entité utilisant le système financier américain d’effectuer tout investissement lié à l’Iran, ce qui avait refroidi les banques et incité d’autres entreprises à la prudence. Les contrats signés par Boeing et Airbus sont les plus importants, Téhéran souhaitant moderniser sa flotte vieillissante après des années d’isolement économique.

Boeing et Iran Air, la compagnie nationale, avaient ainsi signé en décembre 2016 leur plus gros contrat depuis près de 40 ans, portant sur l’achat de 80 appareils d’une valeur de 16,6 milliards de dollars. Mais la livraison des premiers appareils, qui était prévue pour fin 2018, avait été reportée avant l’annonce de mardi.

L’avionneur américain avait également finalisé un contrat d’une valeur de 3 milliards de dollars portant sur la vente de 30 appareils 737 MAX à la compagnie aérienne iranienne Aseman. La livraison était prévue entre 2022 et 2024.

Boeing avait alors indiqué que ces contrats allaient permettre de soutenir des « dizaines de milliers » d’emplois aux États-Unis, mais a indiqué mardi qu’il se conformera à la décision de la Maison-Blanche de rétablir les sanctions.

Usines aux États-Unis

De son côté, Airbus a enregistré des commandes de compagnies aériennes iraniennes (Iran Air Tour, Zagros Airlines) pour 100 avions au total, dont des A320neo, valorisés à près de 10 milliards de dollars.

L’avionneur européen a des usines aux États-Unis, et un nombre important de pièces installées dans ses appareils sont fabriquées sur le sol américain, ce qui le soumet automatiquement aux sanctions américaines.

Dans l’ensemble, c’est un coup dur pour l’industrie aéronautique, car l’Iran aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, estime l’Organisation iranienne de l’aviation civile.

Pour General Electric, plusieurs de ses filiales installées hors des États-Unis ont reçu des contrats totalisant des dizaines de millions de dollars pour l’exploitation des gisements gaziers et le développement des produits pétrochimiques.

La major pétrolière française Total, associée au groupe chinois CNPC, a signé un accord portant sur un investissement de 5 milliards de dollars pour exploiter le gisement South Pars, mais avait prévenu que le maintien de cet accord dépendait de la position de Washington sur le nucléaire iranien.

Le groupe automobile allemand Volkswagen a annoncé en 2017 qu’il allait recommencer à vendre des voitures en Iran, une première depuis 17 ans, mais pourrait maintenant se voir obligé de choisir entre l’Iran et les États-Unis, deuxième marché automobile mondial où il est fortement implanté.

Le français Renault, qui a vendu plus de 160 000 voitures en Iran l’an dernier, pourrait aussi être touché en raison de la présence aux États-Unis de Nissan.

Son compatriote PSA est déjà particulièrement bien implanté en Iran où il a une part de marché de 30%. Absent des États-Unis depuis 1991, PSA a indiqué en janvier songer à lancer un service d’autopartage dans une ou deux villes américaines auquel il pourrait devoir renoncer.

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