Bénin – Commémoration du 04 mai 2015 : l’adresse de Candide Azannaï à la jeunesse

Les militants et sympathisants du parti « Restaurer l’Espoir » ont commémoré le 04 mai 2018 de la résistance face à la tentative d’enlèvement de Candide Azannaï, le 04 mai 2015, à son domicile à Cotonou. Placée sous le thème : « Jeunesse et défis du développement : s’insurger contre le complot du désert de compétences », cette commémoration a été une occasion, Candide Azannaï de s’adresser à la jeunesse béninoise pour non seulement l’inviter à prendre conscience des manœuvres d’endormissement du régime Talon mais aussi l’inviter à s’organiser, se former pour prendre en main son destin en faisant le pari de l’intérêt général. Lire l’intégralité de son adresse à la jeunesse.

Adresse à la Jeunesse

Mesdames et Messieurs,

Il vient d’être rappelé que, le 04 mai 2015, notre pays a vécu une triste et mémorable journée caractérisée par l’arbitraire et une violence politique, sans précédent. Le 04 mai 2015 est également une journée symbole de la capacité de notre Peuple à se dresser contre l’imposture, la prédation de l’État de droit et le leadership pathologique.

Permettez-moi, avant tout, de vous transmettre la gratitude de mon épouse qui se souvient de votre bravoure et de votre discipline dans le feu de la résistance héroïque à l’arbitraire durant cette sombre journée du 04 mai 2015.

Toute une jeunesse debout, appuyée par tout un peuple debout, à l’appel des jeunes de l’espoir aguerris, organisés et parfaitement déterminés sur la première ligne, a fait échec à la soldatesque du régime du Changement/Refondation.

Je sais ce qui s’est passé. Je mesure l’importance du 04 mai 2015 dans la marche de notre Peuple pour la conquête et la protection des libertés politiques, de toutes les libertés piliers de la Démocratie et de l’État de droit.

Je salue la mémoire des combattants qui ne vivent plus. Je voudrais avec respect et considération, nous proposer d’observer une minute de silence en leurs mémoires. Une minute de silence principalement en la mémoire de Feu l’Honorable BANI SAMARI. Paix à son Âme.

J’exprime ma profonde reconnaissance à tous les résistants du 04 mai 2015 et à tous ceux qui ont été gazés, battus, humiliés et embastillés au cours de la répression barbare de la marche de protestation et de soutien à ma personne, le 06 mai 2015. Ce jour, vendredi 04 mai 2018, nous nous sommes réunis dans ce cadre de l’Hôtel AZALAI de Cotonou pour marquer cette date et pour dire : « plus jamais ça ».

Le président Nelson Mandela disait : « Il n’y a pas d’avenir, sans pardon ». Oui, mon épouse et moi avons pardonné, mais n’oublierons jamais. Aujourd’hui, la violence et l’arbitraire politiques sévissent encore, hélas ! Encore une fois, merci. Merci infiniment.

Le thème central de la présente commémoration est : « Jeunesse et défis du développement : s’insurger contre le complot du désert de compétences ».

La problématique jeunesse et développement est au cœur des enjeux de développement de l’Afrique au regard de la structure démocratique de la plupart des pays et particulièrement des pays de l’Afrique au Sud du Sahara. La projection à l’horizon 2030 du poids de la jeunesse rapporté à l’ensemble de nos populations peut selon plusieurs recoupements être un atout ou une catastrophe multidimensionnelle.

Aux alentours de 2050, l’Afrique à la lumière de plusieurs études, aura le plus fort taux de populations jeunes dans le monde. Deux (02) jeunes sur cinq (05) dans le monde seront africains. Il importe que les leaders politiques abordent de front la problématique de la jeunesse avec les jeunes.

Il est urgent d’accompagner la forte conscience qu’affichent certains jeunes qui recommandent le passage de la jeunesse du statut aliénant d’une “jeunesse, instrument au service des politiciens” au statut valorisant et productif d’une “jeunesse, instrument de développement”.

C’est l’objectif visé par l’invitation de cette réalité à cette assise commémorative de la vaillance de la jeunesse de Cotonou, de la jeunesse de notre Pays. En réalité, l’état des lieux de la jeunesse devrait être un sujet de préoccupation essentielle pour l’ensemble des élites politiques.

A bien des égards, cet état des lieux de cette question en Afrique révèle d’un côté, la misère, la pauvreté, des obstacles à l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi imposant chômage, sous emplois, exclusion sociale, précarité et oisiveté… et l’instrumentalisation doctrinale de tout genre poussant parfois beaucoup de jeunes à la radicalisation, au désespoir, à l’immigration avec des affres des plus mortels, des plus dévalorisants pour la dignité humaine …

Un tel état des lieux indexé à une forte croissance de la population jeune qui en est victime justifie les nombreuses alertes des experts avisés et de certaines célébrités de la démographie de développement.

D’un autre côté, l’évaluation des gouvernances politiques incrimine les taux de croissance économique très bas, inadéquats, des investissements saupoudrés mal inadaptés, et la sophistication de la corruption.

Il y a également le durcissement des conditions d’accès aux sources exogènes d’investissements, la raréfaction des ressources naturelles dans un contexte de dégradation de l’environnement naturel et de dégradation des relations internationales avec de grands bouleversements géostratégiques et géopolitiques…

Cette évaluation expose, avec acuité, de graves reculs par des gouvernances politiques médiocres qui tendent à remettre en cause les acquis de la Démocratie et de l’État de droit, en Afrique.

Notre pays n’en est pas exempt. Car, loin d’être un lapsus, ou un constat de bonne foi, l’expression « désert de compétences» est participative d’une psychologie manipulatrice visant la fortification insidieuse d’une conception politique fondée sur les attributions de marchés gré à gré dans les secteurs les plus vitaux et lucratifs de notre pays.

Un journal qui nous paraît bien informé, illustre dans une de ces dernières parutions du mois d’avril, à cet effet, les dessous de l’invasion des présumés “compétents” venus d’ailleurs pour gérer les biens et structures de la République du Bénin, devenue subitement, aux yeux du Président Patrice TALON, un désert de compétences, un pays sans compétences.

Le monde bouge partout avec célérité; il nous paraît inadapté que la gouvernance au sommet de l’État soit aujourd’hui, en 2018, celle des règlements de compte et de la prééminence des intérêts particuliers au point de reléguer à la périphérie la jeunesse alors qu’elle devrait être un enjeu de développement, de sécurité et de paix.

Cette lecture de l’état de la jeunesse ainsi mise en perspective avec l’examen de la gouvernance politique actuelle et de la sophistication de la corruption qu’entretiennent les gouvernants, recommande un recentrage de la gouvernance politique sur la jeunesse comme enjeu de développement.

Nous allons explorer trois pistes :

– La piste MOH IBRAHIM, DANGOTE, KABERUKA : Cette piste met l’accent sur les réponses aux déficits d’investissements en direction de la jeunesse ;

– La piste de la lutte contre la corruption : le plus important chantier que doit investir la jeunesse ;

– La piste de la confiance en soi : qui a trait à la déconstruction des préjugés de type « complot de désert de compétences »

La piste MOH IBRAHIM, DANGOTE, KABERUKA

La jeunesse devra cesser d’être le parent pauvre des politiques publiques. Il faudra élaborer une stratégie d’investissements massifs dans les secteurs capables de générer en retour la croissance et la création d’emplois.

L’objectif devra être de stimuler l’emploi des jeunes et de faciliter la croissance. Cette stratégie portée par le secteur privé doit être complétée et renforcée par les pouvoirs publiques pour l’émergence d’une classe moyenne plus prépondérante et véritablement dynamique animée par la jeunesse africaine elle-même

Il faudra davantage améliorer les secteurs et les infrastructures sociaux et favoriser l’accès des jeunes aux crédits.

ès à présent, la jeunesse doit être un pan essentiel dans les modélisations de développement dans les pays en Afrique et spécifiquement dans le nôtre.

Nous devrons retrouver un leadership éclairé et la bonne gouvernance. Nous devrons profiter de l’énergie de la jeunesse.

Nous devrons pouvoir doter les écoles et les universités d’expertises nécessaires. Car la formation est la mère de la connaissance, de la compétence et du savoir-faire.

La piste de la lutte contre la corruption

La corruption est un crime contre la jeunesse. Quelle est cette lutte contre la corruption où sous la couverture de la puissance publique une main pille et vole pendant que l’autre main, de la même personne, identifie, fouille et persécute d’autres comme des voleurs ?

En cela, nous devons saluer la tribune de MOH IBRAHIM et consorts sur la jeunesse et la bonne gouvernance en Afrique dans le partenariat avec le G20, et saluer la position officielle du G20 à Berlin, en juin 2017, contre des dégâts de la corruption dans les États africains.

L’interpellation des gouvernants s’avère une urgence en vue de les rappeler à leurs engagements dans la mise en œuvre des investissements qui bénéficient effectivement à leurs populations.

Dans une réflexion le Professeur Paulin Hountondji affirmait que les mutations politiques et sociales de 1990 ont été une réponse aux dictatures militaires. Celles d’aujourd’hui conseillait-il, doivent être une réponse à la puissance de l’argent, à la corruption.

La jeunesse doit prendre conscience de cette approche dans sa lutte de positionnement en tant qu’atout de développement.

La piste de la déconstruction des préjugés

Il y a un travail profond pour déconstruire les préjugés. La jeunesse béninoise doit se défaire de toute stigmatisation qui opère à l’enfermer dans le « dégoût de soi ».

Comment nous faire croire que tout un pays, un pays, jadis appelé Quartier latin de l’Afrique, soit à l’occasion de l’accession d’un de nos compatriotes à la présidence de la République, comme par enchantement, transformé en un « désert de compétences » ?

Il s’agit à mon humble avis, d’une entourloupette à l’encontre de notre Pays et au-delà, une injure à tous les africains.

Le capitaine Thomas Sankara, porté à la tête de la Haute-Volta, a baptisé ce pays, un an plus tard, Burkina Faso, le pays des Hommes intègres. Pour Sankara et ses compagnons, il s’agissant d’abord de mettre fin à une appellation donnée par le colonisateur, ensuite de trouver une dénomination capable de regrouper ses compatriotes autour d’un idéal.

De là, est-ce à dire que les Burkinabè sont tous des hommes intègres ? Non, un bon leader réunit autour des valeurs qui portent l’ensemble de la communauté nationale vers le haut, des valeurs qui promeuvent les faits de gloire de son peuple et auxquelles il croît. Notre Président qualifie le nôtre de celui des incompétents.

Quelle bêtise !

Le Dahomey devenu le Bénin est, contrairement aux affirmations de Patrice TALON, le pays des hommes compétents et non un désert de compétences. Notre Pays a été le principal foyer intellectuel de l’Afrique occidentale française.

La jeunesse doit prendre conscience des manœuvres d’endormissement destinées à la clouer à jamais dans la poubelle des marginalisés de l’histoire en se méfiant des préjugés qui visent à opérer des nivellements par le bas de tout un Peuple, de tout un pays.

Elle doit savoir s’organiser, se former pour prendre en main son destin en faisant le pari de l’intérêt général.

C’est par rapport à cette conviction partagée de la direction nationale du Parti que nous procédons ce jour, au lancement du programme de formation politique et civique des jeunes.

Je remercie l’Honorable Jules GNANVO, Vice-Président du Parti qui vous a brillamment entretenu sur les idéaux qui fondent notre regroupement, nos valeurs, nos principes, nos objectifs et nos piliers programmatiques.

Je remercie la Docteure (genre oblige) AKUESON, Secrétaire Générale Adjointe du Parti pour sa présentation sur la clarification des concepts : politique, politicien, politicard et politicaillerie.

Je remercie le Docteur HOUNSA qui a donné un avant-goût sur l’importance de la maîtrise de l’opinion en politique et les techniques de la manipulation et de dressage de masse.

Je félicite le Président Marc GLELE chargé du développement au sein du Parti et qui a assuré avec réussite la direction exécutive de la présente cérémonie.

Aux bénévoles et toutes et tous je dis toute notre gratitude.

Nous aurons, à l’occasion des sessions de formation à la base, et également des sessions en ligne via le site www.restaurerlespoir.fr, ou www.restaurerlespoir.com qui vient d’être lancé, la latitude d’approfondir ces centres d’intérêts indispensables à votre formation politique et civique.

Je profite pour dire un grand merci à l’équipe des jeunes qui ont pris en main l’initiative de la construction de ce site web dédié à notre Parti.

Je vous remercie de votre déplacement massif, de votre sens élevé de discipline, de votre attention soutenue.

Les temps sont durs pour notre jeunesse, pour notre Peuple mais l’espoir est permis.

Le Secrétaire Général du Parti, l’Honorable MITOKPE empêché et actuellement hors du pays, vous adresse ses salutations et ses mots d’encouragement.

Courage ! Jeunes, courage.
Gardons espoir.
Dieu veille sur notre Peuple.
Dieu bénisse le Bénin.
Dieu nous garde.
Je vous remercie

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