Bénin-Constitution: tous accrochés à l’article 35 (chronique de Gbégnonvi)

L’article 35 de la Constitution du 11 décembre 1990 dit : ‘‘Les citoyens chargés d’une fonction publique ou élus à une fonction politique ont le devoir de l’accomplir avec conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l’intérêt et le respect du bien commun.’’ Comme dirait l’évangéliste Matthieu, ‘‘voilà la Loi et les Prophètes’’, la Règle d’Or de notre présent heureux et de notre avenir radieux.

L’article 35 aux SIX VERTUS s’adresse aussi bien à la classe politique qu’à la société civile. Il s’adresse, en fait, à tous les Béninois.
Si la classe politique avait eu à cœur PROBITÉ et LOYAUTÉ, elle aurait retrouvé et fait juger les acteurs de l’assassinat raté de Martin Assogba, ceux de l’assassinat réussi de Bernadette Agbossou, ceux de l’enlèvement réussi suivi, peut-être, du meurtre de Pierre-Urbain Dangnivo. Quand les crimes d’Etat s’enchaînent et s’accumulent, leur odieuse et nauséeuse ‘‘perfection’’ finit par vider l’Etat de sa prérogative de garantir la liberté et la sécurité des citoyens. Alors s’installe l’anarchie, sauve-qui-peut général, presque toujours suivie d’une dictature, le plus fort et les siens contre tous.

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Dans le premier cas, les citoyens se maltraitent, dans le second, ils sont maltraités. Le citoyen est le bien le plus précieux que l’Etat démocratique doit servir en mettant à sa disposition les conditions du bien-être.
Aujourd’hui, il s’offre à l’Etat démocratique du Bénin une belle opportunité de s’amender de ses crimes économiques et de sang d’il y a douze ans environ. Il s’amendera en traitant avec CONSCIENCE et COMPÉTENCE le dossier scabreux du siège du nouveau Parlement, dont on sait maintenant qu’il ne sera jamais ni nouveau ni ancien. Les noms de ceux qui ont orchestré ce gigantesque détournement de notre argent devront être rendus publics, de façon toutefois à ne pas livrer les mis en cause à la vindicte populaire. Car le peuple est en colère.

Les hôpitaux et les écoles n’ont pas attendu d’être informés de ce énième hold-up avant de déclencher une grève si longue qu’elle a fini par banaliser nos vies et porter atteinte au progrès de l’homme. Mais comment l’Etat de droit peut-il espérer le DÉVOUEMENT de la part des travailleurs et le RESPECT de leur engagement lorsque le médecin dans son hôpital sans matériel et l’instituteur face à ses écoliers assis sur des briques subodorent des fraudes énormes du genre ‘‘nouveau siège du Parlement’’ ?

Mais la turpitude condamnable de la classe politique ne doit pas entraîner la turpitude intolérable de la société civile qui, sentinelle avertie, garde les idées claires pour dire toujours le sens et la raison. L’actualité lui offre une belle opportunité de s’amender à propos d’une formule rappelant notre errance de la ‘‘pensée unique’’ : prisonnier politique. Que ne nous égare point quelque dérive sémantique. On a beau être syndicaliste de renom ou député ayant pignon sur rue, on n’est pas et ne sera pas prisonnier politique si ce dont on est soupçonné, malversation ou trafic illégal, relève du droit commun. S’ils doivent connaître la prison sur la base de ce pourquoi les magistrats français les ont mis en examen (l’un est déjà jugé), Jérôme Cahuzac et Nicolas Sarkozy ne seront pas dits prisonniers politiques, car un politicien en prison n’est pas d’office un prisonnier politique.

Jusqu’au prononcé du verdict, camarades et collègues présumés innocents ont droit à notre soutien. Mais il est de leur honneur et de celui de l’Etat de droit que la justice passe et tranche. Au demeurant, on ne va plus en prison au Bénin pour délit d’opinion. Nous avons vaincu l’idiote pensée unique.

Concluons. Même si enfant, il a été champion de la mémorisation à l’école coranique, devenu adulte, le Béninois le plus patriote ne peut réciter par cœur les 160 articles de notre Constitution. Mais point n’est besoin, puisqu’il lui suffit d’un seul. D’où le mot d’ordre : tous accrochés à l’article 35, l’article aux six vertus, boussole de notre bien-être citoyen au Bénin !

Roger Gbégnonvi

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