Bénin : l’aéroport international de Tourou, l’autre éléphant blanc du régime Yayi ?

Initié en 2003 par le régime du président Kérékou, le projet de construction de l’aéroport de Tourou dans la commune de Parakou a été lancé le 15 décembre 2014 par le président Boni Yayi pour un délai contractuel de dix-huit (18) mois. Mis en service le 18 mars 2016 par le vol inaugural du président Yayi, l’aéroport international de Tourou est aujourd’hui fermé pour défaut de mesures de sécurité et de sureté conformément aux normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci).

Sur la base des études de faisabilité réalisées en 2003 par la direction technique de l’Asecna, les travaux de construction et d’équipements partiels de l’aéroport international de Tourou ont été réalisés en trois (03) lots et portent sur les chaussées aéronautiques et routières, les bâtiments et les équipements aéroportuaires pour un coût total estimé à plus de 27 milliards de francs cfa entièrement financé par le budget national. Dans un rapport en date du 17 décembre 2017, l’Agence nationale de l’aviation civile a indiqué que les infrastructures, telles que réalisées, ne permettront pas à elles seules de répondre aux exigences normatives de l’Oaci.

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« Du 28 juillet au 02 août 2014, une mission de la Direction Technique de l’Asecna s’est effectuée dans le cadre de la validation de la conformité des travaux réalisés par rapport à leurs études. En conclusion, la mission a noté que les travaux sont bien conformes aux études mais qu’il demeure impérieux que des mesures soient prises en urgence pour la correction des non-conformités relevées. De plus, une autre mission des inspecteurs de l’ANAC, qui s’est déroulée du 16 au 19 octobre 2015, a également relevé des non-conformités », peut-on lire dans le rapport de l’Anac.

Interpellé par le Parlement sur la fermeture de cet aéroport qui avait l’avantage de faciliter l’accès rapide à la destination Bénin pour les voyageurs et de faire la promotion du tourisme ainsi que celle du transport aérien domestique, le gouvernement béninois, à la faveur d’une question orale avec débat du député Issifou Amadou le 29 avril 2018, a apporté des précisions :

« les points de non-conformités relevés sont relatifs aux aspects de sécurité et de sureté qui sont entre autres l’inexistence des infrastructures et équipements nécessaires à la mise en œuvre des mesures de sureté (bâtiment de police, clôture de la zone de sureté, vidéo protection et équipements de contrôle d’accès), l’inexistence de la station, le non-calibrage des équipements de navigation aérienne, l’inexistence des barrières anti-souffles, l’inexistence des procédures de vol, des servitudes de dégagement aéronautique, des servitudes radioélectriques ». Autant de points de non-conformité qui ne permettent pas la certification de l’ouvrage, a ajouté le ministre Serge Ahissou, représentant du gouvernement au Parlement.

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Pour pallier ces nombreuses irrégularités, plus de 248 millions de francs cfa ont été débloqués par le gouvernement béninois pour la réalisation des études techniques complémentaires des travaux de mise aux normes de l’aéroport conformément aux exigences de l’Oaci en matière de mesures de sécurité et de sureté liées aux infrastructures et équipements ainsi que la planification aéroportuaire. Des travaux qui doivent encore coûter une dizaine de milliards de francs cfa au contribuable béninois.

« Moderniser et étendre les infrastructures aéroportuaires et ainsi favoriser une plus grande insertion du Bénin dans l’espace régional et international du transport aérien », tel était l’objectif global du projet de construction de l’aéroport international de Tourou qui visait également la création d’une zone d’activités industrielles par l’implantation d’un ensemble d’industries couvrant beaucoup de secteurs ; le développement d’activités extra-aéronautiques pour répondre aux besoins des usagers  et la  mise place des infrastructures routières, des surfaces hôtelières, des cités ouvrières et des salles d’affaires et de jeux.

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