Bénin : que comprendre du regain d’intérêt des médias pour Komi Koutché?

Depuis un certain moment, Komi Koutché, l’ancien ministre de l’économie et des finances de Boni Yayi alors président de la République du Bénin, est cité dans plusieurs affaires. Si pour certains, ces différents dossiers judiciaires aussi rocambolesques les uns que les autres ne sont que la suite logique de la lutte contre la corruption déclenchée par le régime de la rupture, pour d’autres, ils ne sont que l’illustration de la ruse et la rage érigée en mode de gouvernance du régime actuel depuis l’échec du projet de révision de la constitution le 04 avril 2017.

Mais que se passe-t-il avec le nom Komi Koutché, une personnalité béninoise et ancien ministre du gouvernement défunt de Boni Yayi? En quoi donc son nom est-il devenu aussi d’actualité malgré qu’il ne soit plus aux affaires ?

Tout d’un coup, une avalanche de dossier…

Il y a eu d’abord cette fameuse affaire de vol d’argent au domicile de ce dernier. Une affaire qui lui a valu d’être convoqué en justice mais qui n’a pas connu de suite inquiétante pour Komi Koutché. A en croire le Directeur de la communication de la présidence, Léandre Houngbédji, il s’agirait d’une somme d’environ 700 millions de francs Cfa volée au domicile de l’ancien ministre courant février 2016 par un groupe d’individus. Pour ce dernier, au delà de ce que les uns et les autres pensent, cette affaire n’a rien de politique et il est une chose normale que la justice veille voir claire dans cette histoire.  Des arguments qui ont du mal à trouver un échos favorable au sein de l’opinion publique.

Pour le site afriqueunion.net, cette affaire n’était qu’un ballon d’essai dans le but de déstabiliser le « jeune loup politique, qui a connu l’ascension la plus fulgurante dans le sérail de l’Etat béninois depuis ces 25 dernières années et représente un adversaire politique de poids pour la majorité de Patrice Talon dans la perspective de la présidentielle de 2021». Selon le même journal, plusieurs « journaux savamment nourris par la Présidence de la République » ont été appelés à cette tache, distillant ainsi dans l’opinion nationale, des informations dénouées de tout sens et sans aucune objectivité journalistique. Car,« depuis deux ans, le pouvoir en place à Cotonou tente de le déstabiliser en lui collant différentes affaires ».

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D’un autre côté, une autre affaire a fait retentir le nom de ce dernier sur toutes les ondes : l’affaire FNM du Fonds national de microfinance. Parti aux Etats Unis pour y faire un doctorat en administration des affaires pour, selon ses dires, « pouvoir cerner davantage les outils qui appréhendent les défis du développement économique et financier », Koutché s’est vu décerné à son encontre un mandat d’arrêt international via les réseaux sociaux dans une affaire de détournement de fonds publics au FNM. Cette affaire dans laquelle l’ancien argentier national est cité remonte en août 2017 où le conseil des ministres a rendu public les résultats d’un audit commandité par le gouvernement pour vérifier la gestion financière de la structure de 2013 à 2016. Selon les informations fournies par le conseil des ministres, la gestion de Komi Koutche à la tête du FNM est caractérisée par des irrégularités qui ont couté environ 60 milliards.

Les médias y sont allés chacun de son commentaire et pour la plupart, l’ancien ministre était déjà désigné coupable et irait directement en prison après son audition. Et pourtant, après s’être volontairement présenté au juge, l’homme jouit toujours jusqu’à ce jour de sa liberté d’aller et de venir. Si l’acte de se rendre au cabinet du juge d’instruction est un acte banal et ordinaire, le contexte politique actuel, la personne mise en cause et la pratique dans le pays retiennent l’attention. Car, dans le contexte actuel où la lutte contre la corruption est soupçonnée de porter une forte dose de sélectivité et les procédures judiciaires menacées de manipulation, l’ancien ministre Komi Koutché pourrait bien choisir ne pas se faire écouter et faire comme d’autres en s’éclipsant et en criant à la  persécution.

[bs-quote quote= »Au-delà de tout, cet exercice que je fais pour la première fois (Rassurez-vous, je n’ai jamais été encore entendu par un commissariat ou une brigade dans ma vie car je m’arrange pour ne rien faire pour mériter cela) me donne deux sentiments. Celui de la confiance en ce qu’il y a encore dans notre justice un de ses  pans qui demeure républicain, animé par des  gens attachés à leur serment.  De plus, je considère que je participe ainsi à un pas de plus vers la consolidation de notre démocratie. » style= »style-7″ align= »center » author_name= »Komi Koutché » author_job= »Ancien ministre de l’économie et des finances »][/bs-quote]

La sérénité de l’homme

Alors que le bruit courait qu’il allait être inquiété aux USA où il vivait et même faire l’objet d’arrestation au pays de Trump, à la grande surprise de tous, ce dernier est rentré au pays et s’est présenté devant le juge en charge de l’affaire. Le 06 avril 2018, il se présente très serein et décontracté, au tribunal de première instance de Cotonou et au cabinet du juge d’instruction. A la fin de son audition, il en ressort comme il y est entré, libre de ses mouvements.

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« Le juge m’a écouté conformément au code de procédure pénale dans le cadre de ma gestion sur la période de six (06) mois en 2013 du FNM. Comme vous le constatez. Le juge après avoir lu ce que l’accusation conduite par le Procureur de la République a mis à ma charge a ordonné que je sois libre de mes mouvements pour pouvoir vous parler par exemple ! Au cœur de notre code de  procédure pénale, la protection de l’innocent est en place de choix. J’exprime avec force  que les juges ont entre les mains l’avenir de la Nation », avait-il déclaré au quotidien Matin Libre à sa sortie d’audience avec le juge d’instruction le 06 avril.

Des hypothèses, rien que des hypothèses

Outres toutes ces différentes affaires, l’ancien ministre des finances, selon ses proches a subit plusieurs autres déconvenues dont la dernière en date est cette affaire d’images montées de toute pièce, qui montraient M. Koutché en compagnie d’individus que ce dernier nie ne pas connaître. Dans un communiqué, son équipe de communication a mis en garde contre des images déstabilisantes montées pour selon eux «nuire à la personne de Komi Koutché». Pour les partisans de l’ex argentier national, tous ces faits ne sont que l’illustration de ce que le président de la république actuel, Patrice Talon, essayerait de déstabiliser Komi Koutché qui nourrirait l’intention de venir à la charge et de briguer la présidence de la république en 2021.

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Toutefois, des questions méritent néanmoins d’être posées. D’un autre côté, pourquoi Patrice Talon chercherait-il à déstabiliser Komi Koutché alors que, primo, ce dernier n’a en aucun cas affirmé qu’il se présenterait à la prochaine présidentielle ? Secundo, le chef de l’Etat Patrice Talon, ne s’est pas encore prononcé sur le fait qu’il comptait changer ses plans et tenter de revenir aux affaires en 2021. Dans l’un ou l’autre cas, l’ancien ministre est toujours libre de ses mouvements et il faut seulement que, tant les détracteurs supposés et les supporters, comprennent que la politique est une rude bataille et que tant qu’on y est, Machiavel l’avait compris, « tous les coups sont permis ».

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