Cameroun : le gouvernement qualifie de « totalement infondées » les allégations des Etats Unis

Le gouvernement camerounais a fustigé les Etats-Unis pour avoir accusé ses forces d’avoir commis des exactions, y compris des « assassinats ciblés », dans une région anglophone du pays dévastée par une insurrection séparatiste.

Dans un communiqué reçu jeudi par l’AFP, le ministère des Affaires étrangères a indiqué qu’il avait exprimé sa « profonde désapprobation » des commentaires faits par l’ambassadeur américain à Yaoundé, Peter Barlerin, la semaine dernière.

Son action «viole toutes les conventions diplomatiques ainsi que les règles de civilité et de droit, à la fois dans le style et la substance», a-t-il déclaré.

Barlerin a été convoqué au ministère des Affaires étrangères mardi, quatre jours après avoir allégué que les forces gouvernementales avaient menés des « assassinats ciblés » et d’autres abus contre des militants demandant l’indépendance de deux régions anglophones.

« Du côté du gouvernement, il y a eu des assassinats ciblés, des détentions sans accès à un soutien juridique, à la famille ou à la Croix-Rouge, et des incendies et des pillages de villages », a déclaré l’ambassadeur dans un communiqué. « Du côté des séparatistes », a-t-il également souligné, « il y a eu des meurtres de gendarmes, des enlèvements de responsables gouvernementaux et des incendies d’écoles ».

La déclaration a suivi les avertissements des gardiens des droits sur les abus dans le conflit. Il a été publié après que Barlerin ait rencontré le président camerounais de 85 ans, Paul Biya. La déclaration du ministère des Affaires étrangères a déclaré que de telles allégations étaient « totalement infondées ».

« Malgré le harcèlement quasi quotidien et les lourdes pertes en vies humaines et en matériel, les forces de sécurité ont toujours gardé à l’esprit, avec professionnalisme et rigueur, les règles d’engagement et le droit international humanitaire. »

Les anglophones représentent environ un cinquième de la population camerounaise de 22 millions d’habitants. La plupart d’entre eux vivent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui, à l’époque coloniale, étaient administrés par la Grande-Bretagne, rejoignant le Cameroun francophone après son indépendance de la France en 1960.

Des décennies de ressentiment à l’égard de la marginalisation perçue dans l’éducation, le système judiciaire et l’économie se sont aggravées l’année dernière, culminant avec l’annonce le 1er octobre d’un état séparé putatif appelé Ambazonia. Selon le groupe de réflexion de l’International Crisis Group (ICG), «au moins 120» civils et «au moins 43» des forces de sécurité ont été tués depuis la fin de 2016.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), environ 160 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays et 20 000 ont trouvé refuge au Nigéria voisin à la suite des violences.

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