Embargo sur le développement de l’Afrique (une chronique de Roger Gbégnonvi)

Si l’Afrique semble le continent le plus riche, elle est, dans la réalité, le continent le moins développé. Pas un paradoxe puisque la précarité en Afrique est voulue et entretenue par l’Occident. Et pas besoin, pour le prouver, de remonter à l’esclavage ou à la colonisation.

Depuis les indépendances tombées sur elle dans les années 1960, l’Occident l’a fabriquée tour à tour sous-développée, en voie de développement, puis en voie d’émergence, pendant que le Programme des Nations-Unies pour le Développement l’affublait de développement, de développement humain, puis de développement humain durable. Papotages pour cacher la crucifixion de l’Afrique, donnée ici à lire dans sa seule version française très résumée.

Le 1er août 2016, sur BFM TV, le président Sarkozy avait déclaré : ‘‘La France ne peut pas permettre que ses anciennes colonies créent leur propre monnaie pour avoir le contrôle sur leur Banque Centrale. Si cela se produisait, ce sera une catastrophe pour le Trésor public qui pourra entraîner la France au rang de 20ème puissance économique mondiale.

Pas question de laisser les colonies françaises d’Afrique avoir leur propre monnaie’’. D’où la réduction de Kadhafi au silence éternel ? Quant au président Macron, interrogé à Ouaga sur le bien que fait le f CFA au Trésor public français, il botta en touche. Avant Sarkozy, ‘‘durant l’été 1994’’, comme le précise François-Xavier Verschave, le président Mitterrand avait déclaré à propos du Rwanda : ‘‘Dans ces pays-là, un génocide, c’est pas trop important.’’ Et il concocta l’ ‘‘Opération Turquoise’’, baptisée humanitaire, mais dont on sait aujourd’hui qu’elle fut destinée à enfoncer l’ethnie assassinée et à remettre au pouvoir ce qui restait du régime génocidaire du général-président Habyarimana.

Avant Mitterrand, le 27 janvier 1981, au cours de l’émission ‘‘Une heure avec le Président’’, le président Giscard d’Estaing avait déclaré : ‘‘Je m’occupe de politique africaine, c’est-à-dire des intérêts de la France en Afrique.’’ C’est pourquoi, en 1978, il avait concocté l’intervention des parachutistes français sur la ville minière congolaise de Kolwezi pour sauver le pouvoir dictatorial, assassin et prédateur de Mobutu. Après avoir séjourné à Parakou du 3 au 17 décembre 2017, le professeur Henri Joyeux, retour en France, écrit : ‘‘Le Bénin a tout ce qu’il faut pour la santé de ses 10 millions d’habitants, un pays plus riche que la Suisse dans son potentiel, avec exactement la même population.

Malheureusement nous avons bien vu comment nos pays qui se croient hyper-développés, l’inondent de produits industriels qui sont à l’origine, chez nous, de tant de maladies par déficiences immunitaires. Nos modes de vie en Europe doivent être revus pour réduire les pathologies les plus fréquentes en Mangeant Mieux et Meilleur : diabète, hypertension, surpoids et maladies auto-immunes, cancers… qui arrivent dans ce magnifique pays de l’Afrique de l’Ouest qui a tout pour être heureux et pour sa santé, si on analyse son magnifique potentiel. Un défi pour le Continent Africain !…’’ (cf. Vie Diocésaine de Parakou, N° 76, Jan. 2018).

L’embargo occidental sur le développement de l’Afrique n’autorise pas les Africains à se répandre en vendetta, car nous avons la même terre en partage. La solution, c’est le travail. Or les plus de de trois mois de non-travail que les enseignants béninois, sous-couvert de grève, viennent de s’offrir et d’infliger à leurs victimes innocentes, prouvent qu’ils n’ont pas compris le ‘‘défi pour le Continent Africain’’, défi qui se décline : labeur, rigueur, abnégation.

La solution, c’est d’écouter et de pratiquer Aimé Césaire : ‘‘Je demande trop aux hommes ! Mais pas assez aux nègres !… Il faut en demander aux nègres plus qu’aux autres : plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme, un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagné chaque pas ! C’est d’une remontée jamais vue que je parle !’’

Roger Gbégnonvi

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