Journée internationale du travail: Noudjènoumè expose les leçons à tirer des 3 mois de grève au Bénin (Déclaration)

Philippe Noudjènoumè Cotonou, le 30 Avril 2018.
Le Premier Secrétaire
A
La Classe ouvrière,
Aux travailleurs en lutte du Bénin.
A L’OCCASION DU PREMIER MAI 2018

Poursuivre les combats pour l’instauration d’un Pouvoir qui garantisse aux travailleurs, les libertés syndicales, les conditions de vie et de travail décentes et l’émancipation du pays.
Ce 1er mai 2018, le monde du travail, comme d’habitude commémore la Journée Internationale du Travail. Il commémore ainsi les sacrifices des ouvriers de Chicago, qui en 1886, ont donné leur vie pour l’amélioration des conditions de travail de la classe ouvrière.
Il y a un an dans mon adresse du 1er Mai, je vous demandais de « réfléchir à la question de la prise du pouvoir au profit des travailleurs et du peuple ».

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Aujourd’hui je puis vous dire que vous avez démontré au cours de ces derniers mois que vous êtes passés de la phase de réflexion à celle de l’action et de décision. Vous avez posé des pas positifs dans la direction de la prise de pouvoir au profit du monde de travail.
Quelles leçons pouvons-nous tirer ensemble des glorieuses batailles que vous menez depuis bientôt 4 mois ? Ces leçons sont les suivantes :
1°- Vous avez démontré dans les combats, la souveraineté de vos décisions à la base sur les appareils syndicaux et politiques. Ainsi avez-vous prouvé que la décision du mouvement se prend à la base ; et c’est à la base que le mouvement peut être arrêté. Cette leçon administrée est d’une importance capitale pour l’avenir du combat des travailleurs. Ce faisant, vous avez arraché désormais aux appareils syndicaux, et particulièrement aux marchands syndicaux connus dans le monde du travail, la possibilité jusque-là pratiquée, du marchandage de vos misères et luttes pour des enrichissements personnels au détriment des intérêts des travailleurs.
2°-La deuxième leçon qui découle de la première et qui n’est que l’exercice de cette souveraineté du travailleur, c’est la destitution des responsables syndicaux qui osent enfreindre à cette volonté collective faite désormais loi ; ainsi ceux qui, en véritables traîtres et à l’encontre de la décision de la base, ont levé des motions de grève ont été systématiquement destitués. C’est nouveau, c’est beau, c’est merveilleux. Désormais, vous avez dit non aux « commerçants syndicaux », aux adeptes de la  » tchaourousation » de la lutte syndicale.
3°-Troisième leçon : C’est l’élévation collective de la conscience des travailleurs et du peuple pour une nouvelle gouvernance du pays. Cette élévation de la conscience consiste à rattacher les revendications catégorielles des travailleurs à l’ensemble des conditions de tout le peuple. Dans toutes les régions du pays, les travailleurs salariés, liant la résolution de leurs revendications matérielles à celles de la gouvernance du pays, se sont réunis les 4-5-et 6 avril 2018 en Assises régionales, ensemble avec les autres couches de la population pour définir les exigences particulières et globales pour une bonne gouvernance du pays. Cela s’est poursuivi avec la tenue le 27 avril dernier des Etats généraux du secteur des travailleurs.

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Camarades Travailleurs des villes et des campagnes,
Le problème fondamental de la gouvernance du pays à l’heure actuelle est celle du mépris du respect de la souveraineté des décisions du peuple par les gouvernants au pouvoir. On s’en fout de ce que veut le peuple.

Les travailleurs de la plate-forme portuaire, toutes tendances confondues, disent non au projet funeste de privatisation du port sous l’expression « de gestion déléguée » ; ils ont protesté, ont fait grève même des jours durant : pourtant le pouvoir de la Rupture par ruse, s’en fout et fait débarquer la légion étrangère venant de Belgique. Les travailleurs de la santé disent non à la privatisation de la santé : pourtant Patrice Talon et son gouvernement les méprisent et foncent tête baissée. Les fonctionnaires du développement rural, malgré leurs cris de détresse, ont vu leurs structures liquidées et les pères et mères de familles jetés dans les rues sans ménagement.

Ce sont là des faits de négation de la souveraineté des décisions du peuple.
En appliquant, comme vous l’avez fait jusque-là, la souveraineté de vos décisions à la base comme devant s’imposer aux appareils du sommet : directions syndicales, vous créez désormais une nouvelle morale qu’il s’agira de porter, en une Assise Nationale souveraine, à la tête de l’Etat. Il faudra se battre pour imposer la souveraineté de vos décisions à la tête de l’Etat, et le pays sera sauvé. Il s’agira d’arriver, en cas de la violation de la volonté populaire par un gouvernement et un Président de la République, à les destituer et à les renverser comme vous le faites déjà de vos dirigeants syndicaux traîtres.

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Peuple travailleur, en quoi consistera aujourd’hui la mission de la classe ouvrière béninoise, à l’étape actuelle de l’évolution de notre pays ? « Elle consistera essentiellement, tout en continuant de se battre pour une meilleure vente de la force de travail avec des revendications catégorielles, à s’engager dans le combat politique pour la fin des pouvoirs néocoloniaux et apatrides qui perpétuent le pacte colonial…C’est la politique du pacte colonial qui est aux commandes de notre pays, le Bénin, avec l’autocrate Patrice Talon, patron de la SODECO, exportateur brut de notre coton ; celui-là qui n’a pas hésité en 2008 à priver nos petites industries textiles (CBT, COTEB) du peu de coton nécessaire à leur fonctionnement ; Patrice Talon, celui-là qui n’hésite pas à affirmer comme programme de gouvernement la non- transformation du coton en tissu au Bénin » ( Cf mon adresse du 1er mai 2017 aux Travailleurs). Vous avez écarté en mars 2016, de votre chemin le danger de la recolonisation représenté par la candidature de Lionel Zinsou, vous devez aujourd’hui vous engager à dégager de votre chemin l’alter-ego de Lionel Zinsou, Patrice Talon, autre néo-colon de la françAfrique qui gouverne le pays en vrai « Gouverneur colonial » des temps passés.
En poursuivant vos luttes actuelles sous diverses formes contre le pouvoir autocratique, vous afficherez nettement votre volonté de prendre le pouvoir pour vous-mêmes et vos intérêts. Vous ne pouvez continuer de vous battre pour d’autres. Prendre le pouvoir pour vous-mêmes, c’est être représentés dans toutes les sphères décisionnelles de l’Etat en commençant par l’institution parlementaire. Prendre le pouvoir pour vous-mêmes, c’est élire (comme c’est le cas dans les Universités publiques) les DG chargés de la gestion du bien public et pouvoir les destituer en cas de parjure et de mauvaise gestion avérée ; c’est instaurer le contrôle des citoyens sur la gestion et les gestionnaires du bien public.
Travailleurs de toutes conditions, une telle situation n’est possible sans la tenue des Etats-Généraux du Peuple qui définit de nouvelles bases de gouvernance du pays.
A tous les travailleurs, je souhaite une Bonne Fête de 1er Mai, Fête internationale du Travail !

Cotonou, le 30 Avril 2018
Philippe NOUDJENOUME

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