Modeste Toboula : « le chef même sait bien que je ne suis pas le chien du chef »

Le préfet du département du Littoral, Modeste Toboula, était hier, vendredi 04 mai 2018, l’invité d’un débat grand public au village des médias à Cotonou. Animé par les journalistes Landry Salanon et Samuel Adimi, ce débat a permis au préfet Toboula d’expliquer, encore une fois, aux hommes des médias certaines de ses décisions et actions. Il n’a pas aussi manqué l’occasion de clarifier ses rapports de travail avec le chef de l’Etat, Patrice Talon.

Nommé le 21 juin 2016, Modeste Toboula, en quelques mois, a fait parler de lui aussi bien à Cotonou, son territoire de compétence, que dans tout le pays. Surnommé le bulldozer de Cotonou, le préfet Modeste Toboula est perçu, à tort ou à raison, comme le « boy scout » du chef de l’Etat dans la capitale économique du Bénin. Interrogé sur le sujet, Modeste Toboula est resté formel : « le chef même sait bien que je ne suis pas le chien du chef. (…) Dans mes relations personnelles avec le chef de l’Etat, à aucun moment, je n’ai senti une sorte d’oppression, d’intimidation sur ma personne ».

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A en croire le préfet Toboula, Patrice Talon n’est un chef autocratique, dirigiste comme l’image que les gens essaient de lui coller. « Nous menons beaucoup de débat lui et moi (…), quelques soit ce qui se passe, il écoute toujours votre version. Il écoute toujours ce que vous pensez de la situation et vous discuter. Ce qui est remarquable dans sa gouvernance, c’est la prise d’initiative. Ce n’est pas le chef qui va te dire fait ci, fait ça, fait ça » a fait savoir Modeste Toboula qui se considère comme un contractuel journalier de la République qui ne pose pas des actes pour plaire à un pouvoir.

Modeste Toboula au sujet des répressions à Cotonou

La répression. Cette expression considérée comme favorite du préfet Toboula était au menu de ses échanges entre l’autorité et les journalistes. Interrogé sur la primauté de la répression sur la sensibilisation dans ses actions, le préfet Toboula répond : « on a sensibilisé pendant 50 ans dans notre pays par exemple sur l’occupation anarchique de nos voies. Nous allons sensibiliser 50 autres années même plus tard 50 autres années mais ça ne changera jamais si un jour on n’entame pas la répression… Nous sensibilisons, mais lorsque la sensibilisation ne donne pas de résultat, nous réprimons… Le problème du béninois, personne n’est réceptif à la sensibilisation ».

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Des actes de répressions qui, à en croire le préfet, ne sont pas sans impact sur ses proches. « Je ne suis pas très fier de ce que j’ai fait… Moi-même je m’étais préparé mais pour ma famille, il y avait un impact. Pour vous faire un témoignage : j’ai eu à casser ma tante, j’ai eu à casser ma cousine qui était enceinte mais par derrière je leur ai donné de l’argent pour s’installer dans un endroit approprié. C’est pour dire qu’on n’a pas un cœur de sauvage mais quand vous êtes dans la posture où vous devrez exprimer la puissance publique, parfois il faut être un animal pour réussir… Ce n’est pas que nous ne sommes pas insensibles aux pleures des populations, bien au contraire… ».

Pour le préfet Toboula, il faut décider par la tête et gérer par le cœur et non décider par le cœur et gérer par le cœur. Mais en réalité, explique-t-il, l’opération de libération des espaces publics à Cotonou était un message à donner car il faudrait que les cotonois comprennent que le désordre doit cesser.  « Il ne faudrait pas qu’on parle seulement de la « Rupture » sur les lèvres. Il faut qu’on marque la « Rupture » dans nos comportements et c’était un message fort. Je ne l’ai pas fait parce qu’il faut plaire à un pouvoir. Je l’ai fait parce que j’estime nécessaire pour notre pays. Je l’ai fait parce que je crois que c’est un passage obligé », a-t-il précisé.

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