Trafic de faux médicaments : une bombe à retardement

Telle l’hydre de lerne, les faux médicaments ou encore médicaments de la rue semblent résister aux Etats et aux gouvernements qui se contentent d’initier ici et là quelques séances pour malheureusement  caresser le fléau dans le sens du poil. Pendant ce temps, le mal gagne du terrain laissant derrière lui des ravages considérables surtout en Afrique Subsaharienne.

Il y a bientôt dix ans, précisément le 12 octobre 2009, s’est tenu à Cotonou, à l’initiative de la Fondation Chirac, l’Appel international à la mobilisation contre le trafic de faux médicaments. Cette rencontre a connu la présence effective de plusieurs pays notamment ceux concernés par le fléau et des organisations internationales. A l’issue des travaux, des recommandations ont été formulées pour atténuer le trafic. Un an après, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie, réunis au sommet à Montreux, adoptaient une « résolution sur le renforcement de la coopération entre les Etats pour lutter contre les faux médicaments et les produits médicaux falsifiés ».

Ensuite le sommet de Dakar en 2014, où les Etats et gouvernements ont réitéré leur détermination à lutter contre le fléau et à développer des politiques visant à assurer la disponibilité de médicaments et produits médicaux de qualité, sûrs, efficaces et d’un prix abordable. Et comme cela ne suffisait, en 2011, le Conseil de  l’Europe a adopté la Convention sur  la contrefaçon des produits médicaux et les infractions similaires menaçant la santé publique. Plusieurs autres actions ont succédé à celle-ci dont la plus récente est celle qui s’est tenue du 22 au 23 mai à Genève au siège de l’ONU.

Une parodie de lutte

‘’Il est de notoriété publique que le trafic de faux médicaments est florissant et extrêmement rentable’’, a déclaré à l’AFP le professeur Marc Gentilini, délégué général pour l’accès aux médicaments de qualité de la Fondation Chirac. Raison pour laquelle, nos pays se fourvoient dans les discours et se contentent des conférences régionales ou internationales. Sinon, les circuits d’approvisionnement ou de distribution ne sont pas tapis dans l’ombre. Bien au contraire, ils sont au vu et au su des Etats et des gouvernements qui feignent de lutter contre le trafic.

En dehors de quelques pays qui s’illustrent vaille que vaille, la plupart des pays tirent la ficelle ou font semblant de dénoncer le mal. La lutte n’est pas d’abord, priver la petite commerçante ou le distributeur de son business. Elle va bien au-delà. Les gouvernements, pour être sincères, doivent dénicher la source et sévir conformément aux dispositions en vigueur sans quoi le trafic des faux médicaments prendra des proportions inquiétantes. 

Un crime contre les pauvres

Patrice Talon, au cours de son intervention à l’ouverture des travaux a taclé habillement la communauté internationale en cherchant à savoir les raisons selon lesquelles, certaines productions soient dédiées exclusivement aux pays pauvres et interdites de vente dans les pays développés. Une préoccupation majeure car l’Afrique en général est considérée, à tort, comme le réceptacle des ‘’déchets’’.

D’après les nouveaux travaux de recherche menés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un médicament sur dix en circulation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est, selon les estimations, soit de qualité inférieure, soit falsifié. Cela signifie que les patients prennent des médicaments qui ne peuvent ni traiter ni prévenir la maladie.

A tout prendre, le trafic des faux médicaments a la peau dure. Et il urge que les gouvernants mettent en place un plan d’actions cohérent et adéquat pour contrer le fléau. Il y va de la santé des populations.

 

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